Emmanuelle Un film comme une succession d’obstacles à relever. Après son Lion d’Or pour L’Evénement, Audrey Diwan n’a pas choisi de se reposer sur ses lauriers en s’attaquant à Emmanuelle, le personnage créé par Emmanuelle Arsan et passé à la postérité au cœur des seventies quand Just Jaeckin s’en est emparé avec le triomphe en salles qu’on connaît. Autre temps, autres mœurs… On n’avait donc pas forcément anticipé son retour au cœur des années 2020, dans une époque post #metoo. |
Thierry Chèze | |
Megalopolis La voilà enfin, l'arlésienne de Francis Ford Ford Coppola, ce film fantasmé il y a près de 40 ans pour lequel il a investi de sa poche 120 millions de dollars, et dont la colonne vertébrale consiste à calquer la chute de l’empire américain sur celle de l’Empire romain : à New Rome, sorte de New York futuriste, César Catilina (Adam Driver), architecte de génie capable d'arrêter le temps, s’écharpe avec le maire archi-conservateur Franklyn Cicero (Giancarlo Esposito). L’un veut faire évoluer sa ville vers une utopie écolo, l'autre reste attaché au statu quo. |
François Léger | |
3 | Speak no evil Speak no evil est le remake d’un film d’horreur psychologique danois de 2022, Ne dis rien (sorti chez nous directement en VOD), qui avait si bien buzzé dans la « Midnight section » du festival de Sundance que le producteur Jason Blum avait aussitôt jeté son dévolu sur lui. « Commentaire social + grosse angoisse = un matériau parfait pour Blumhouse ! », comme le résume très bien en interview James McAvoy, tête d’affiche de cette nouvelle version signée James Watkins (Eden Lake, La Dame en noir). |
Frédéric Foubert |
1 | Veni vidi vici Coincé quelque part en Europe entre Yórgos Lánthimos (Grèce) et Ruben Östlund (Suède), le cinéma autrichien a son lot de cinéastes adeptes de la torture, envers ses personnages comme ses spectateurs. Produit par Ulrich Seidl (ça annonce déjà la couleur), Veni vidi vici se présente dans un premier temps comme une comédie grinçante à charge contre les ultra-riches, enfants chouchous d’un capitalisme décadent. |
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1 | Toxicily « Mieux vaut mourir d’un cancer que mourir de faim », entend-on sur une plage sicilienne noircie par les fumées épaisses de l’un des plus grands complexes pétrochimiques d’Europe. Sacrifiée sur l’autel du progrès industriel, la belle Syracuse de carte postale cède la place à une terre toxique, un poumon malade où la pollution étouffe à travers l’écran. |
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3 | Rue du Conservatoire Valérie Donzelli n’est jamais là où on l’attend. Peu après son César pour L’Amour et les forêts, la voici aux commandes de son premier documentaire, né d’une rencontre avec Clémence, une élève du Conservatoire de Paris où elle a donné une master class. Rue du conservatoire accompagne le spectacle – un Hamlet revu et corrigé - que Clémence met en scène avant de quitter l’école. |
Thierry Chèze |
Ni chaînes ni maîtres Situé en 1759 au cœur de l’Isle de France (l’actuelle île Maurice), le premier long métrage de Simon Moutaïrou (le co- scénariste de Boîte noire, Goliath..) suit le destin de Massamba et Mati, un père et sa fille, esclaves dans une plantation française de canne à sucre. Lorsque Mati s’enfuit, une cruelle chasseuse d’esclaves est chargée de la retrouver et Massamba s’évade à son tour. |
Damien Leblanc | |
3 | Jour de colère L’an dernier, dans Saloum, Jean-Luc Herbulot s’amusait à marier les genres, composant ainsi une œuvre singulière et intrigante. Trois ans plus tard, il réitère l’expérience dans Jour de Colère – combinaison de thriller et fantastique gentiment dosée. Joey Starr y incarne Frank, un tueur à gages de la mafia italienne. Lorsqu’une issue vers la rédemption avec sa bien-aimée s’offre à lui, il la saisit. Mais en chemin, il rencontre un type étrange – c’est là que les ennuis reviennent. |
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3 | Billy le hamster cowboy Compilation de six épisodes de la série adaptant les albums jeunesse de Catharina Valckx, Billy, le hamster cowboy est une vraie bonne surprise. |
Sylvestre Picard |
Les Barbares Jamais là où on l’attend, Julie Delpy alterne dans sa carrière de réalisatrice les chroniques bobo expatriées (Two Days in Paris, On the Verge), les expériences plus audacieuses flirtant avec le genre (La Comtesse, My Zoe) et les comédies bien de chez nous. Avec ses stars au générique et son affiche aux couleurs vives sur fond blanc, Les Barbares appartient clairement à cette dernière catégorie. C’est un feel-good movie, oui, mais inspiré par l’humeur feel-bad de la France d’aujourd’hui. |
Frédéric Foubert | |
3 | Ma vie ma gueule Sur scène, en février, en recevant une pluie de César pour Anatomie d’une chute, Justine Triet (qui l’avait dirigée dans Victoria) lui avait rendu hommage, porte- parole ce soir- là de nombre de voix du cinéma français qui avaient un attachement particulier à cette réalisatrice et scénariste (pour Beauvois, les Larrieu, Noémie Lvovsky), disparue le 31 juillet 2023 à seulement 58 ans. Ma vie ma gueule est donc l’ultime film de Sophie Fillières (dont les enfants Agathe et Adam ont terminé le montage)... mais aussi son meilleur. |
Thierry Chèze |
Les Graines du figuier sauvage Le contexte brûlant qui entoure un long-métrage peut produire des effets ambivalents. Qui plus est quand ledit film se retrouve en compétition à Cannes où cette présence peut tenir lieu de manifeste politique au dépend de sa seule puissance artistique. Mohammad Rasoulof, on le sait, est venu en exilé présenter ses Graines du figuier sauvage, fuyant le régime des mollahs qui l’empêche de bouger depuis des années. |
Thomas Baurez | |
3 | L'Effet Bahamas Les chômeurs, c’est bien connu, profitent de leurs indemnisations pour partir sous les cocotiers. Dans le grand monde de l’assurance chômage, les professionnels appellent ça L’effet Bahamas et calculent très sérieusement le manque à gagner. La documentariste Hélène Crouzillat travaille depuis près de dix ans pour démêler les fils de cette idée reçue et surtout bien commode pour justifier les dettes abyssales liées à cette allocation. Ses Bahamas sont à Dunkerque, où tel un agent du FBI elle fixe sur un mur blanc les indices et les preuves. Elle démonte ainsi les rouages de cette machine. |
Thomas Baurez |
1 | Silex and the city- le film Bande dessinée à succès devenue une série animée sur Arte, la création comique de Jul (Julien Berjeaut de son vrai nom) a désormais son adaptation au cinéma. Au concept de format court transposant dans un univers préhistorique des références contemporaines vient donc s’ajouter une narration plus ample où un aller-retour des personnages dans le futur va déclencher une vaste révolution dans le petit monde de la Préhistoire. |
Damien Leblanc |
3 | Le Léopard des neiges Une équipe de journalistes chinois, un jeune moine et une famille de bergers se rassemblent au milieu des montagnes tibétaines enneigées. L’origine de cet attroupement singulier : un léopard des neiges qui s’est introduit dans un enclos pour dévorer neuf moutons. Alors que les autorités interdisent son exécution, les éleveurs cherchent à venger leur troupeau avant que l’animal ne fasse plus de dégât. Rapidement, les considérations éthiques, écologiques et même spirituelles se mêlent pour dépasser les barrières culturelles entre citadins et ruraux. |
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Langue étrangère L’adolescence est un âge étrange, ingrat. Période de tous les changements, on la traverse comme un champ de guerre. C’est particulièrement le cas de Fanny (Lilith Grasmug, la merveilleuse héroïne du récent Foudre), lycéenne mal dans sa peau envoyée par ses parents chez Lena, une correspondante allemande qui, elle aussi, ne veut pas vraiment d’elle. À ses côtés, elle découvre peu à peu une autre culture, détachée de tous les préjugés qui semblaient lui coller en France, une jeunesse en colère et politisée mais aussi le désir aussi, et la perte de contrôle. |
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3 | Anaïs, 2 chapitres « Je voulais pas m’installer à mon âge à la base… J’allais reprendre mes études et m’installer plus tard, parce que travailler 80 heures par semaine pour gagner 300 euros par mois, ça va cinq minutes.» Accroupie dans son champ, Anaïs, corps mince et tête blonde, soigne ses plantes avec soin sous l’œil bienveillant de Marion Gervais, la réalisatrice de ce documentaire. |
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Le Procès du chien Actrice au jeu fantaisiste et à la filmographie variée, Laetitia Dosch s’est aussi illustrée dans un spectacle vivant (HATE) où elle partageait la scène avec un cheval. C’est donc en toute cohérence que son premier film comme réalisatrice explore de façon très personnelle et inspirée la condition animale. |
Damien Leblanc | |
4 | Kill Dans les wagons d'un train de nuit, il n'y a pas mille et une manières de casser des gueules, une fois qu'on met face à face deux copains membre d'un commando d'élite de la police et pas moins d'une trentaine de braqueurs prêts à tout pour dépouiller les passagers. |
Sylvestre Picard |
Le Fil Tout part pour Daniel Auteuil de la découverte d’un blog tenu par l’avocat Jean- Yves Moyart aujourd’hui disparu. Un journal intime dans lequel il racontait sa solitude, sa relation aux accusés qu’il devait défendre souvent seul contre tous. Le Fil est l’adaptation d’une de ces histoires. Celle de Nicolas Milik, père de famille accusé du meurtre de sa femme, dont la certitude de son innocence fait sortir Jean Monier de sa « retraite », lui qui après avoir fait innocenter à tort un meurtrier récidiviste, avait décidé de ne plus accepter de dossiers criminels. |
Thierry Chèze | |
Dahomey La force du nouveau film de Mati Diop (Atlantique...), Ours d’or de la dernière Berlinale, tient à son sujet autour de la restitution par la France d’une poignée d’œuvres d’art béninois et au langage employé pour faire jaillir la réflexion suscitée par un tel évènement. Si les statues meurent aussi - pour reprendre le beau titre du film de Resnais et Marker (1953) - c’est bien qu’elles sont avant tout vivantes. |
Thomas Baurez | |
Beetlejuice Beetlejuice Tim Burton à la recherche de lui-même, épisode… euh, combien déjà ? On a arrêté de compter. Depuis la fin de son âge d’or, au tournant du siècle (quelque part entre Sleepy Hollow et Big Fish), Tim Burton essaye désespérément de retrouver l’énergie et la fièvre de ses débuts, qui restera son âge d’or. Il a beau continué d’élargir son fan-club à chaque génération (le carton de Mercredi sur Netflix l’a prouvé récemment), d’être accueilli comme une superstar à chacune de ses apparitions publiques, il sait, au fond de lui, qu’il n’est plus que l’ombre de lui-même. |
Frédéric Foubert | |
3 | La Partition Son titre original, Sterben (Mourir, en français) dit tout. La Partition ne fait rien pour se rendre aimable. Alors, conseil d’ami : accrochez- vous pendant sa première demi- heure mettant en scène l’inéluctable déclin physique d’un couple d’octogénaires, au réalisme insoutenable. Car passée cette entame, cette fresque familiale de trois heures élargit son spectre en se concentrant sur les destins croisés de leurs deux enfants. Un chef d’orchestre réputé sur le point de devenir le père de l’enfant de son ex et sa sœur qui se noie dans l’alcool. |
Thierry Chèze |
Une vie rêvée La famille inspire décidément Morgan Simon. Dans son premier long, Compte ses blessures, il était question d’une relation père- fils. Ici, il s’agit encore d’un fils (Félix Lefebvre, remarquable) mais confronté à une mère trop donc mal aimante. Quelqu’un qui a toujours jonglé avec les galères de fric avant qu’ils finissent par la rattraper, privée de chéquier et de carte bleue à la veille de Noël. La goutte d’eau qui va faire imploser cette relation (trop) fusionnelle. On pourrait reprocher à Simon d’arpenter des sillons déjà beaucoup explorés par le cinéma français. |
Thierry Chèze | |
2 | Mi bestia Dans la Colombie des années 1990, Mila, 13 ans, entre dans l’âge fatidique de l’adolescence. Pendant ce temps, le diable menace de faire son apparition lors d’une éclipse de lune… Pour son premier long-métrage, Camila Beltran a la bonne idée d’emprunter au cinéma fantastique pour raconter la quête d’indépendance de son personnage, tiraillée entre un beau-père déviant et une mère plus ou moins dévouée. |
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2 | Mi bestia Dans la Colombie des années 1990, Mila, 13 ans, entre dans l’âge fatidique de l’adolescence. Pendant ce temps, le diable menace de faire son apparition lors d’une éclipse de lune… Pour son premier long-métrage, Camila Beltran a la bonne idée d’emprunter au cinéma fantastique pour raconter la quête d’indépendance de son personnage, tiraillée entre un beau-père déviant et une mère plus ou moins dévouée. |
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Tatami Après avoir été le visage des Nuits de Mashhad et la voix de Sept hivers à Téhéran, l’actrice Zar Amir Ebrahimi passe derrière la caméra. Et ce tout en restant devant même si elle n’est cette fois-ci pas le personnage central du récit mais incarne l’entraineuse de Leila, une judoka iranienne pleine d’espoir (Arienne Mandi, d'une intensité à couper le souffle). Ensemble, elles se rendent au championnat du monde en Géorgie et forment un binôme indestructible... jusqu’à ce que la fédération iranienne en décide autrement. |
Lucie Chiquer | |
4 | A son image Aussi sûr qu’une photographie a la propriété de suspendre le temps et par la même de créer du souvenir, l’image de cinéma condamnée au mouvement y ajoute possiblement un surcroit de réalité. Ici et là, la vie est menacée puisque ce qui est saisi n’est déjà plus. La jeune héroïne d’A son image, nouveau long-métrage de Thierry de Peretti adapté du roman de Jérôme Ferrari, armée d’un appareil photo s’emploie à ne tenir compte que du présent refusant d’être « une trace de plus ». |
Thomas Baurez |
3 | Toubib Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les études de médecine sans jamais oser le demander. En 2010, Antoine Page se lance dans le projet ambitieux de documenter tout le parcours universitaire de son frère, Angel. Pendant 12 ans, le réalisateur nous rend témoins des réflexions et des doutes de son cadet, depuis la rentrée en première année de médecine jusqu’à l’obtention de son diplôme, en passant par ses nombreux stages et son année à l’étranger. |
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3 | Fêlés Il y a du Un p’tit truc en plus dans ce Fêlés. Le même talent à parler de différence sans verser dans la sensiblerie. Duthuron (Les Vieux fourneaux) s’empare ici de l’histoire de l’Arc- en- ciel, une association de Marmande qui accueille des personnes brisées par l’existence et les aide à affronter ces petites choses du quotidien devenues montagnes impossibles à gravir. |
Thierry Chèze |