Cats Taylor Swift
Universal Pictures International France

Tom Hooper adapte Cats, la comédie musicale qui tient l’affiche depuis près de 40 ans dans le West End londonien. Fallait-il s’y risquer ? Telle est la grande question.

A l'occasion de la diffusion de Cats, ce vendredi soir sur Canal +, nous republions notre critique, initialement mise en ligne pour sa sortie au cinéma, en décembre 2019.

Vous attendez le coup de griffe ? A l’heure qu’il est Cats, adaptation de la comédie musicale éponyme, signée Tom Hooper (Les Misérables, Le discours d’un roi) est déjà précédée d’une rumeur très négative. La bande annonce où l’on a découvert les visages humains sur des corps de chats en avait déjà fait fuir plus d’un. Seuls les accros aux comédies musicales tenaient bon. La vision du film dans sa totalité les a fait déchanter. Certes, le film n’est pas la catastrophe apocalyptique qu'on imagine. Et il faut bien reconnaître que les performances musicales sont là. Idris Elba est très convaincant en McCavity, Francesca Hayward est parfaitement charmante en jeune Victoria et Jennifer Hudson donne une interprétation très inspirée de Memory.

Une revue de cabaret

Mais le problème est ailleurs : Afin de rendre plus crédible ces chats chantants dans l’espoir d’être choisis par l’aîné de leur clan pour vivre une nouvelle vie, Tom Hooper a pris le parti de créer des créatures hybrides dopées aux effets spéciaux jusqu'aux oreilles . Dans cette débauche de CGI, le spectateur ne sait plus où donner de la tête : Rebel Wilson en grosse chatte à la tête d’une armée de cafards, James Corden en fouineur de poubelles ou Taylor Swift distribuant de l’herbe à chat comme de la drogue. A l’origine de la comédie musicale d’Andrew Lloyd Weber en 1981, il y avait un recueil de poèmes de T.S. Eliott très christique où des chats rêvaient de résurrection. De poétique, il ne reste pas grand-chose dans ce grand barnum où s’enchaînent les numéros et les guest stars. Taylor Swift était-elle trop chère pour faire le film dans sa totalité ? Ian Mc Kellen cabotine et on ne s'explique pas le grand manteau de fourrure qui vient engoncer Judi Dench dans un numéro de reine mère assez fade. On croirait assister à une revue dans un cabaret acrobatique.

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Où est le vrai?

Noyés dans des décors kitsch à souhait, perdus dans un Londres déserté par les humains, nos Cats – aux oreilles remuantes- dansent leurs espoirs. Le problème est que dans cette hybridation entre animation et réel, on ne fait plus la différence entre la performance des acteurs et celle de l’animateur. Pourquoi terminer un formidable numéro de claquettes par un saut vers le ciel ? Est-ce vraiment la danseuse étoile, Francesca Hayward, qui réalise ces magnifiques entrechats ?

Une histoire en catimini

Il n’y a pas eu de travail d’adaptation sur la comédie musicale. Il aurait fallu que Tom Hooper et Lee Hall (scénariste de Billy Elliot et de Rocketman) remettent des enjeux et du récit là où la performance live ne suffisait plus à accrocher le spectateur. Pourquoi avoir sacrifié le personnage de Grizabella (Jennifer Hudson) et décidé de faire de Cats le voyage initiatique d’une jeune chatte ? Le résultat est finalement un ennui poli devant ce périple félin. A l’opposé du frisson qu’on ressent en voyant le spectacle sur scène. C’était peut-être tout simplement une mauvaise idée d’essayer de faire de ce show un film pour le grand écran.


Judi Dench, pas vraiment tendre avec son costume dans Cats