Affiches Sorties de la semaine du 12 novembre 2025
SND/ Memento/ UGC

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
INSAISISSABLES 3 ★☆☆☆☆

De Ruben Fleischer

L’essentiel

Neuf ans après leur dernier tour de passe-passe, les « Quatre Cavaliers remontent sur scène. Ruben Fleischer, nouveau chef d’orchestre de la franchise, tente de relancer la magie en dépoussiérant la formule : plus d’effets, plus de rythme, plus de clinquant, une super méchante. Il ne manque qu’un truc : un peu d’âme… Et pour ça, il faudra repasser. 

Le film démarre tambour battant sur un show amusant. Nos cavaliers justiciers font un spectacle dont ils ont le secret et réussissent à voler la fortune de quelques yuppies ayant escroqué le fisc… Jusqu’à ce qu’on comprenne que ces cavaliers ne sont que des hologrammes maitrisés par trois jeunes magiciens qui possèdent la virtuosité hypnotique des anciens. Mais la machine s’essouffle très vite. Fleischer déroule un scénario qui s’emmêle dans ses ficelles et ses retournements, trop préoccupé par le tempo pour construire un vrai mystère. Les tours s’enchaînent, le montage brille, les trucs s’épuisent. L’ambition est pourtant là : moderniser la saga avec une nouvelle génération censée assurer la relève. Mais leurs personnages, esquissés à la va-vite, n’existent jamais vraiment. Insaisissables 3 veut faire illusion, mais ne croit plus à sa propre magie. Comme toujours l’histoire n’a aucun sens, et Fleischer filme ce grand vide sans idée ni véritable point de vue. Reste une vitrine brillante, à peu près rythmée mais jamais vivante.

Gaël Golhen

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

KIKA ★★★★☆

De Alexe Poukine

Voilà le film sur le deuil le plus désarmant vu depuis longtemps. Et dont les 30 premières minutes dominées par un sens aiguisé de la rupture repoussent sciemment le moment de comprendre dans quel type de film on se trouve pour nous propulser instantanément dans la tête de son héroïne, elle- même déstabilisée par ce qu’elle traverse. Car cette assistante sociale belge se voit percutée par la mort soudaine de l’homme pour lequel elle avait eu un coup de foudre et quitté le père de sa fille. Et, désormais seule, enceinte de lui, sans stabilité financière, elle va se retrouver, par un concours de circonstances à… apprendre le métier de dominatrice et gagner sa vie comme travailleuse du sexe ! Venue du documentaire, Alexe Poukine évite ici tout misérabilisme sordide comme toute représentation “exotique” du monde BDSM. Et ce récit de cette reconstruction vraiment pas comme les autres s’appuie aussi sur une interprète virtuose capable d’épouser ce roller coaster émotionnel sans jamais tomber du manège : Manon Clavel.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A BIEN AIME

LES AIGLES DE LA REPUBLIQUE ★★★☆☆

De Tarik Saleh

Le nouveau film du réalisateur du Caire confidentiel s’ouvre sur le nouveau tournage de George Fahmy, acteur- star surnommé « le pharaon des écrans » dans l’Egypte du président nationaliste Abdel Fattah al-Sissi réélu pour un troisième mandat en 2023 avec près de 90% des voix. Si le contexte politique de ces Aigles de la République est bien réel, le drame qui va se jouer n’est que de cinéma. Fahmy est, en effet, un personnage fictif. C’est le génial Fares Fares qui l’incarne avec toute la décontraction nécessaire, teintée d’une pointe de ridicule et de veulerie. Au diapason de ce personnage-fantoche, le film installe une inquiétude d’autant plus forte qu’elle s’insinue dans un inconfort étrange. Saleh cherche à percer un trou dans ce réel sous cloche soudain mis à mal par un acte de résistance qui ne pourrait être qu’une énième mascarade. Par un subtil jeu de montage et de mise à distance, il (dé)montre que le pouvoir dicte la propre représentation qu’il entend donner de lui-même. Dès lors que le simulacre n’est pas questionné, le réel ne s’appartient plus. Fort.

Thomas Baurez

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ON VOUS CROIT ★★★☆☆

De Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys

On vous croit s’ouvre sur une mère traînant son fils turbulent par la peau du cou afin d’arriver à l’heure à son rendez-vous au tribunal de protection de la jeunesse. Face à une juge et à côté d’un ex-mari qui remet en cause la garde, Alice s’échine à défendre son choix d’éloigner ses enfants de leur père depuis maintenant deux ans. Nombreux sont les films décortiquant la complexité du système judiciaire, et celui-ci ne fait pas exception : son mélange irrespirable de violences sexuelles et de présomption d’innocence agit comme un coup de poing en pleine trachée. Mais la capacité du duo Devillers-Dufeys à ne pas se reposer sur la nature dramatique du sujet distingue On vous croit de l’habituel film de procès. Eux préfèrent le repenser en thriller d’action, où les plaidoiries de trois véritables avocats se succèdent, dans un geste effleurant le documentaire. Entre sentiment d’urgence et ambiance oppressante, les réactions physiologiques se relaient : frissons face à l’interprétation de Myriem Akeddiou, nausées lors des arguments du parti adverse, tensions musculaires face à un système défaillant. Et finalement, une gorge serrée lorsque l’écran redevient noir.

Lucie Chiquer

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LES RÊVEURS ★★★☆☆

De Isabelle Carré

Pour ses débuts de réalisatrice. Isabelle Carré porte à l’écran son roman, où elle racontait la tentative de suicide dans laquelle l’a poussée son mal- être et la manière dont le théâtre l’avait sauvée.  Elle incarne une comédienne qui vient animer des ateliers d’écriture à l’hôpital Necker avec des ados en grande détresse psychologique. Et qui, à leur contact, voit remonter à la surface ce moment où, à 14 ans, elle a elle- même été internée pour avoir tenté d’en finir avec la vie. Et on retrouve chez la réalisatrice Isabelle Carré toute la sensibilité qu’on admire dans son jeu. Cette capacité à allier finesse et puissance, à susciter de l’émotion sans nous tordre le bras. Porté par une bande de jeunes comédiens épatants (dont Melissa Boros, l’héroïne d’Alpha et Tessa Dumont Janod), Les Rêveurs refuse de s’apitoyer sur le sort de ses personnages et préfère montrer la lumière au bout du chemin. Un refus de toute facilité qui grandit sa réalisatrice.

Thierry Cheze

SIX JOURS, CE PRINTEMPS- LA ★★★☆☆

De Joachim Lafosse

Tout est dans le titre. On va suivre pendant 1h30 Sana, une femme dans la dèche qui décide d’offrir à ses deux jumeaux une semaine de vacances – avec celui dont elle partage la vie sans le leur avoir avoué – dans la villa hyper- luxueuse du sud de la France de ses ex beaux- parents où elle n’a plus le droit de mettre les pieds depuis son divorce. Ce film a été inspiré à Joachim Lafosse (Les Intranquilles) par un souvenir marquant de sa jeunesse, prise de conscience violente du déclassement social vécu par sa mère après son divorce. Et par sa mise en scène minimaliste de cette bulle d’insouciance prête à exploser à tout moment, il traduit puissamment cette violence sourde et humiliante du pognon- roi. En accordant une place centrale au hors- champ qui symbolise cette angoisse permanente née de tout ce que sa belle- famille a au fond toujours fait ressentir à Sana: son illégitimité, cette certitude qu’elle ne sera jamais des leurs. Un film sous tension permanente.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

LA BONNE ETOILE ★★☆☆☆

De Pascal Elbé

Quatre ans après le très joli et autobiographique On est fait pour s’entendre, Pascal Elbé revient à la réalisation avec un film audacieux dans la période de tensions communautaires que connaît notre pays et plus largement la planète depuis les attaques terroristes du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. Il met en scène un homme (Benoît Poelvoorde, dément dans un rôle de con magistral) qui, par son choix d’avoir déserté en 1940 après un seul jour passé le front, a plongé sa famille dans une précarité devenue de plus en plus insupportable à vivre. Jusqu’au jour où il pense avoir trouvé la solution pour se sortir de ce bourbier : se faire passer pour juif afin de bénéficier de l’aide des passeurs pour accéder à la zone libre ! Sous influence assumée et conjuguée de La Grande Vadrouille et La vie est belle de Benigni, La Bonne étoile évolue en permanence sur un fil ténu entre comédie et tragédie. C’est par son humour, son sens des dialogues, sa manière de jouer avec les clichés autour des Juifs et donc de faire dialoguer hier et aujourd’hui, qu’Elbé se montre le plus convaincant. Bien plus en tout cas que dans le registre émotionnel où il martèle là trop les choses pour convaincre et ne pas verser dans le pur lacrymal.

Thierry Cheze

LE GANG DES AMAZONES ★★☆☆☆

De Mélissa Drigeard

Elles ont défrayé la chronique à la fin des années 80. Cinq amies d’enfance malmenées par la vie avaient décidé de s’improviser cambrioleuses de banques, grimées en hommes pour ne pas être reconnues. Mélissa Drigeard (Tout nous sourit) a choisi de s’emparer de l’histoire de ce Gang des Amazones sous la forme d’une fiction. Et, comme souvent, avec ce genre de personnalités aussi fortes qu’attachantes embarquées dans des aventures hors normes qui les dépassent, on a le sentiment qu’un documentaire (comme Solveig Anspach avec Que personne ne bouge) aurait constitué une forme plus appropriée. Pour rendre crédible ce qui paraît ici à tort romancée. Même si la fiction permet de profiter des compositions sans faute du beau casting réuni, Izia Higelin et Mallory Wanecque en tête. Avec cependant une limite : la sensation qu’il faut à tout prix équilibrer le nombre de scènes entre les actrices alors que tous leurs personnages n’ont pas le même intérêt. D’où des longueurs coupables.

Thierry Cheze

L’INCROYABLE FEMME DES NEIGES ★★☆☆☆

De Sébastien Betbeder

Le cinéma français si parisien fait de la Province son nouvel eldorado pour être en crise opérant le grand retour vers les terres originelles. Partir un jour, Connemara, L’Incroyable femme des neiges…, et toujours Bastien Bouillon en dénominateur commun (plutôt accessoire dans le cas présent). Ici Coline (Blanche Gardin) débarque dans le Jura avec un trop lourd secret qu’elle s’en va finalement bazarder au fin fond du Groenland. Ça part bien avec des tensions tous azimuts, puis ça s’enlise sur la glace où le récit patine sévèrement.

Thomas Baurez

THE GREAT DEPARTURE ★★☆☆☆

De Pierre Filmon

Avec The Great Departure, Pierre Filmon (Entre deux trains) capte le coup de foudre entre un Australien (Xavier Samuel, vu notamment dans Blonde) et une Indienne (Sonal Sehgal, également scénariste) à Varanasi. Le film prend la forme d’un road trip où se mêlent critique du patriarcat, coutumes locales et amour fou. Les trois sujets ne communiquent pas toujours idéalement et l’alchimie du couple est parfois discutable, mais la mise en scène à la frontière entre documentaire et fiction est suffisamment subtile pour maintenir l’intérêt.

François Léger

 

Et aussi                                                                                                                    

Cri de l’âme, de Dominique Othenin- Gérard

Détective Conan : la mémoire retrouvée, de Katsuya Shigehara  

Devant- Contrechamp de la rétention, de Annick Redolfi

La Voix du glacier blanc, de Charles Lavilanie                              

Les reprises

L’Anglaise et le duc, de Eric Rohmer

L’Etrange obsession, de Kon Ichikawa

Joyeux Noël, de Christian Carion