Affiches Sorties de la semaine du 22 octobre 2025
SND/ Ad Vitam/ Universal

Ce qu’il faut voir en salles

KAAMELOTT- DEUXIEME VOLET (PARTIE 1) ★★★☆☆

De Alexandre Astier

L’essentiel

Ce nouveau chapitre de la saga arthurienne voit Alexandre Astier se confronter pour de bon à ses envies de comédie d’aventures grand format, mi-Gérard Oury, mi-Peter Jackson.

Quatre ans plus tard après la première apparition de Kaamelott sur grand écran, voici le début du volet central de la trilogie. Il s’agit pour les chevaliers de la Table Ronde de partir accomplir une quête, afin de prouver leur bravoure alors qu’Arthur est déprimé et que les rares fois où il quitte son lit, c’est pour traîner en pyjama en maugréant. Mais avant qu’Alexandre Astier ne montre réellement de quel bois il se chauffe, il s’agit, comme souvent dans Kaamelott, de tourner un peu autour du pot. Puis, une fois Arthur remotivé, le film prend alors la forme d’une épopée chorale, soumise aux lois du montage parallèle. L’envie de confronter enfin Kaamelott à son ADN « épique » (généralement laissé hors-champ dans la série) est louable, mais ne convainc qu’à moitié. On ne ressent jamais totalement le frisson de de péril, de suspense, que le film voudrait nous communiquer. Même si, comme toujours dans Kaamelott, les comédiens balaient nombre de ces l réticences dans un élan de plaisir contagieux. Ils sont heureux, ça se voit, ça s’entend. Et on ne pourra raisonnablement juger ce film que quand on aura vu la deuxième moitié du puzzle. Un an et un mois d’attente, c’est long. Mais on sera là.

Pierre Lunn

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PREMIERE A BEAUCOUP AIME
LA PETITE DERNIERE ★★★★☆

De Hafsia Herzi

La Petite dernière d’Hafsia Herzi réalisatrice prolonge en montant de plusieurs crans ce qui a fait le sel de ses films précédents. Cette mise en scène qui magnifie les visages, les regards et les corps. Sa virtuosité dans l’art des dialogues. Cette même maestria à orchestrer des scènes chorales agitées que des moments d’intimité. Le tout au service de son tout premier exercice de l’adaptation du roman autobiographique de Fatima Daas, récit de construction personnelle d’une jeune femme musulmane, qui aime les femmes. Hafsia Herzi y bouscule tous les passages obligés – la confrontation à sa mère comme à un Imam – en les emmenant, toujours loin de ce qu’on aurait pu pressentir. Et ce film, on le vit avec Fatima, à travers elle, ses hontes, ses doutes, ses emballements du cœur, ses peurs … Une héroïne incarnée par Nadia Melliti dont l’intensité et le charisme illuminent l’écran. Plus qu’une révélation, un surgissement couronné du prix d’interprétation cannois 

Thierry Cheze

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L’HOMME QUI RETRECIT ★★★★☆

De Jan Kounen

On pourrait s’arrêter au défi techno: les décors géants retravaillés, ces matières réinventées pour qu’une goutte d’eau ou une allumette retrouvent une échelle crédible. Mais derrière la révolution se cache un grand film poétique et spirituel : une tentative étrange et bouleversante de raconter comment un homme se retranche du monde pour mieux accepter sa disparition. Kounen prend le parti radical de ne jamais quitter le point de vue du héros. Et il tire le récit vers son cinéma illuminé, ultra- sensoriel : plans longs et ouatés, silences habités, gestes amplifiés. Face à ce dispositif, Dujardin livre une de ses plus grandes performances récentes. Presque muet, il transforme la survie en prouesse physique et en mélo existentiel : mari, père, homme ordinaire, il apprend à se détacher. Il y a du Buster Keaton dans ce personnage qui court vers sa perte et sa renaissance.

Gaël Golhen

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ARCO ★★★★☆

De Ugo Bienvenu

L’action débute en 2932 quand Arco, gamin intrépide, refuse d’attendre l’âge règlementaire pour voyager dans le temps. Mais lui qui rêve de se retrouver à l’époque des dinosaures échoue en 2075, où il est recueilli par une petite fille qui, tel Elliott avec E.T., va tout faire pour qu’il retrouve sa maison. Et ce premier long métrage de Ugo Bienvenu est une merveille. Merveille d’animation en 2D numérique sur matte paintings réalisés à la main, renversante de beauté, sous influence digérée de Miyazaki. Merveille de scénario qui ravira les amateurs d’Amblin comme les amoureux de Wall- E, pour sa capacité à parler à tous les publics. Traversé de moments d’humour, Arco raconte en creux que la technologie n’est ni une menace, ni une bénédiction mais toujours ce que l’humain en fait. Le tout sans se faire donneur de leçon. Un tour de force.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIME

THE NEON PEOPLE ★★★☆☆

De Jean- Baptiste Thoret

Comme tout bon cinéphile qui se respecte, le français Jean-Baptiste Thoret n’écoute que lui. Dans ses films de réalisateur en revanche, on l’entend moins, voire pas. Il écoute les autres avec patience. L’Amérique et ses démons restent le socle de ses voyages. Après We Blew It (2017) et Michael Cimino, un mirage américain (2021), voici ce Neon people qui part à la rencontre de ces homeless vivants dans des tunnels d’évacuation d’eau au sein des entrailles de Las Vegas. A la surface, le Strip et ses mirages, en dessous, l’enfer invisibilisé du réel. Thoret s’intéresse à une poignée d’hommes et de femmes ballottés entre espoir et résignation, courage et désespoir…. La mise en scène toujours à bonne distance et adepte du temps long saisit plus qu’une parole mais bien une voix. Celle d’une Amérique fracturée de partout dont les récents films d’Ari Aster et PTA se sont fait l’écho halluciné. Passionnant.  

Thomas Baurez

IMAGO ★★★☆☆

De Déni Oumar Pitsaev

Lorsque Déni hérite d’un lopin de terre dans une vallée en Géorgie, près de la Tchétchénie dont il est exilé depuis de nombreuses années, il entreprend de documenter les découvertes qui accompagneront son retour au pays. Ce motif vu et utilisé à l’excès dans tous les arts (de Retour à Reims de Didier Eribon en littérature à Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino) trouve ici le chemin d’une certaine singularité : cet héritage devient le prétexte d’une libération de la parole entre le réalisateur et les siens. Mais par- delà les confessions intimes, ces échanges relatent la multiplicité des visions du monde qui peuvent cohabiter au sein d’une même famille. Le projet immobilier que Déni compte réaliser sur son terrain est largement raillé et incompris par les autres, qui partagent une vision largement plus traditionnelle des choses. Retour en Géorgie, mais jamais en arrière.

Nicolas Moreno

LE SECRET DES MESANGES ★★★☆☆

De Antoine Lanciaux

Co- scénariste des merveilleux La Prophétie des grenouilles et Mia et le migou, Antoine Lanciaux met en scène pour son premier long métrage les aventures de Lucie, âgée de 9 ans, rejoignant le temps de vacances d'été sa mère dans le village natal où elle a grandi et mène des fouilles archéologiques. Un séjour riche en surprises où la petite fille s'évertuera à découvrir un secret de famille enfoui au fil d'un scénario aux rebondissements excellement orchestrés. Mais ce qui frappe ici, c'est surtout la beauté et l'élégance de l'animation en papier découpé qui apporte poésie et mystère au récit.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

SPRINGSTEEN : DELIVER ME FROM NOWHERE ★★☆☆☆

De Scott Cooper

Pour raconter Bruce Springsteen, Scott Cooper a choisi de se concentrer sur l’enregistrement de Nebraska, son album le plus iconoclaste. Une oeuvre très personnelle, hantée, faite en dépit des attentes du public et de la maison de disque. Le réalisateur de Crazy semblait l’homme idéal pour traduire cette austérité poétique. Le casting avait également de quoi séduire : Jeremy Allen White en Springsteen taiseux, Jeremy Strong en manager bienveillant. Sauf que rien à faire. Malgré sa sincère déclaration d’amour à l’oeuvre originelle Deliver Me From Nowhere réussit rarement à dépasser les clichés du prestige drama contemporain : romance banale, scènes d’émotion ponctuées de musique insipide et flash-back en noir et blanc sur l’enfance traumatique… Cela donne au mieux une oeuvre sympathique, mais qui ne retrouve jamais la fièvre ou la grâce du disque.

Thomas E. Florin

LES CAVALIERS DES TERRES SAUVAGES ★★☆☆☆

De Michael Dweck et Gregory Kershaw

Au cœur des massifs argentins, Michael Dweck et Gregory Kershaw (Chasseurs de truffes) filment une communauté de « gauchos », des gardiens de troupeaux traditionnels. On regrette que le regard politique posé sur ces familles soit trop discret, réduit à un petit sermon sur le port de l’uniforme à l’école. Et que le lourd travail d’esthétisation du plan (noir et blanc élégant, épure du cadre) tende vers l’imagerie d’une pub pour parfum. Mais durée des séquences sauve le documentaire et invite malgré tout à l’immersion dans la pampa des gauchos.

Nicolas Moreno

KLARA DEMENAGE ★★☆☆☆

De Zsofia Szilagyi

Le récit tient une phrase : Agie aide à déménager son amie Klára qui vient de quitter son mari. Et en une journée, où vont se multiplier les aller- retour entre l’ancien domicile de Klára et le nouveau, chacun distillant du trouble chez Agie par rapport à son couple. Zsofia Szilagyi assume à 100% un parti pris de narration répétitive et de naturalisme qui captive dans un premier temps mais peine à tenir la distance sur 90 minutes. Car ce qu’on y voit et ce qu’on imagine se dérouler dans les têtes des protagonistes finit par devenir trop lisible.

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

LA DISPARITION DE JOSEF MENGELE ★☆☆☆☆

De Kirill Serebrennikov

Après Limonov, la ballade, d’après Emmanuel Carrère, Kirill Serebrennikov adapte La Disparition de Josef Mengele, best-seller d’Olivier Guez qui racontait l’errance sud-américaine de « l’ange de la mort » nazi, tortionnaire d’Auschwitz ayant réussi à échapper à son jugement pendant plus de trente ans. On pourrait tracer plusieurs parallèles entre les deux films (deux récits de fuites en avant, autant géographiques que politiques), mais leur vrai point commun est l’impression de confusion qu’ils laissent, aggravé par une virtuosité formelle qui tourne à vide (plan-séquence m’as-tu-vu, esthétique de film d’espionnage vintage flirtant avec le pastiche). Un flash-back en 8mm couleurs troue le film noir et blanc en son milieu, montrant Mengele et ses hommes humiliant, torturant et tuant leurs victimes, tout sourire devant une caméra nazie amateur. La scène, terriblement inconséquente, suffit à jeter le discrédit sur l’ensemble du film.

Frédéric Foubert

PET SHOP DAYS ★☆☆☆☆

De Olmo Schnabel

Un film d’Olmo Schnabel ? Oui, il s’agit bien du fils du peintre et cinéaste Julian Schnabel. On ne dit pas ça pour enfermer Olmo dans la case infamante des nepo babies, mais pour expliquer pourquoi autant de bonnes fées se sont penchées sur le berceau de son premier long-métrage : Martin Scorsese et Michel Franco produisent, Willem Dafoe, Peter Sarsgaard et Emmanuelle Seigner sont devant la caméra. Il s’agit pourtant de tuer le père, et non pas de lui emprunter son carnet d’adresses, dans ce récit de la rencontre entre un jeune Mexicain en rupture de ban et d’un beau New-Yorkais en révolte contre sa famille. Le film explore leurs nuits de débauche, puis leur dérive criminelle, à un rythme anémique et dans une esthétique à la Abel Ferrera éventée. Note à ceux que ça intrigue : une animalerie (« pet shop » en anglais) et une mention de la chanson « West End Girls » sont là pour justifier le titre clin d’œil aux Pet Shop Boys.

Frédéric Foubert

 

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Chainsaw man- Le film : L’Arc de Reze, de Tatsuya Yoshihara