Affiches Sorties de la semaine du 3 décembre 2025
StudioCanal/ ARP/ Pathé

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
LES ENFANTS VONT BIEN ★★★★☆

De Nathan Ambrosioni

L’essentiel

Un film d’une délicatesse et d’une puissance émotionnelle rares sur les conséquences d’une disparition volontaire sur ceux qui restent. Le duo gagnant de Toni en famille - Camille Cottin et Nathan Ambrosioni – fait de nouveau merveille

Le troisième long métrage de Nathan Ambrosioni s’ouvre sur une visite à priori banale que Suzanne rend à sa sœur Jeanne. Sauf que le lendemain, Suzanne a disparu sans laisser d’adresse mais un simple mot pour indiquer à Jeanne qu’elle lui confie ses deux jeunes enfants. Où est partie sa sœur ? Pourquoi a-t-elle décidé de s’évaporer sans donner d’explication ? Et surtout comment gérer du jour au lendemain ces deux enfants alors qu’elle- même n’a jamais été mère et n’éprouve spontanément aucun instinct maternel ? Voici toutes les questions qui se bousculent instantanément dans la tête de Jeanne, à la fois KO debout et dans l’obligation d’agir au plus vite. Transcendant le sujet des disparitions volontaires, Ambrosioni signe un grand film sur la famille, les liens qui unit ses membres et peuvent à tout moment s’étioler voire se rompre. Un film d’une sensibilité infinie dont on ressort aussi bouleversé qu’épaté par la qualité de ce scénario et la manière dont ses interprètes s’en emparent, Camille Cottin (Jeanne) - à qui Ambrosioni offre encore un rôle majeur après Toni en famille – en tête.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

DITES-LUI QUE JE L’AIME ★★★★☆

De Romane Bohringer

Pour son deuxième long métrage, Romane Bohringer a choisi de dévoiler son rapport à sa mère Maggy. La pièce manquante de tous les portraits qui lui ont été consacrés car elle l’a abandonnée à 9 mois. Mais le geste d’autofiction est ici moins direct. Il passe par sa découverte de Dites-lui que je l’aime de Clémentine Autain, récit de sa relation non moins tortueuse à sa propre mère, la comédienne Dominique Laffin, Romane Bohringer adapte donc ici ce livre dans lequel elle s’est reconnue tout y entremêlant son propre parcours. Une vraie œuvre à quatre voix – deux filles et deux mères – dont le mélange des genres qui le constitue (images d’archives, scènes fictionnées, lectures en off, confidences émouvantes de Richard Bohringer dans un parc…) raconte le chemin chaotique entrepris par la réalisatrice pour réparer ce lien abimé avec sa mère, comme Clémentine Autain l’a fait, par le prisme de l’écriture, avec la sienne. Pour un résultat aussi ludique que bouleversant.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIME

MEKTOUB MY LOVE : CANTO DUE ★★★☆☆

De Abdellatif Kechiche

Mektoub est de retour. Abdellatif Kechiche a extrait de son imposante matière (des centaines d’heures du rushes tournées dans la quasi-foulée du premier volet en 2017) un Canto Due et ainsi recouvrir son controversé Intermezzo (2019 – inédit en salles) qui avait sérieusement écorné son aura de grand cinéaste. Les traces laissées par Amin, Ophélie, Tony ou Camélia, héros de cette saga sétoise ne se sont bien sûr pas effacées sur les barres de pole-dance d’une boîte de nuit (lieu quasi exclusif de l’Intermezzo), elles continuent d’imprégner l’air marin et sensuel d’un été qui s’étire. Septembre 1994. Personne n’a bougé. La peau, les regards, les bouches…, sont toujours là. Intacts. Ce Canto Due introduit aussi deux nouveaux personnages : un producteur américain et sa femme, beaucoup plus jeune, actrice d’un soap célèbre, Les Braises de l’amour. L’actrice américaine (Jessica Pennington, véritable révélation de ce Canto Due) perfore le cadre de sa fébrilité et sa gourmandise. Entre les nouveaux et les anciens, la greffe opère et Kechiche explore toujours avec la même sensualité mais aussi humour les désirs adolescents. Une réussite.

Thomas Baurez

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THE SHADOW’S EDGE ★★★☆☆

De Larry Yang

Que reste-t-il du cinéma d’action hong-kongais, lui qui participa à faire de la péninsule l’un des épicentres du cinéma international ? D’abord, des stars : Jackie Chan et Tony Leung, stars du box-office d’hier qui convertissent la nostalgie de leur image passée en une intrigue actuelle (des braqueurs échappent à la police, notamment grâce à leur maline utilisation de l’intelligence artificielle). L’un côté police : Jackie Chan; l’autre côté voleur : Tony Leung Ka-fai. Il reste encore du plaisir dans la grandiloquence revendiquée de scènes d’action toujours plus invraisemblables pour une mise en scène sans limite. Le film ne cherche donc jamais à inventer la poudre, il préfère la mettre aux mains de son casting de luxe, quitte à empêcher une nouvelle génération d’acteurs d’advenir. Mais tout en faisant sa part honnête du travail, il pose une question épineuse. Que deviendra ce cinéma d’action hong-kongais précisément, quand toutes ses stars nous auront quitté ? Larry Yang n’en a sûrement pas la réponse.

Nicolas Moreno

QUE MA VOLONTE SOIT FAITE ★★★☆☆

De Julia Kowalski

Après un premier long un peu oublié (Crache cœur, 2016), c’est avec son moyen métrage au titre programmatique J’ai vu le visage du diable (Prix Jean Vigo 2023) que Julia Kowalski a réellement surgi. Ce film était en réalité un (beau) croquis préparatoire pour ce Que ma volonté soit faite. Dans une campagne française ultra-boueuse, une jeune fille possédée voit revenir sa troublante et sauvage voisine qui forcément l’intrigue. Ici-bas, la pulsion bestiale des hommes est une fatalité, au mieux un motif qui par contraste pourra engendrer une émancipation. Ici-bas, c’est tout aussi entendu, les femmes sont possédées et il faudrait qu’elles luttent d’abord contre elles-mêmes pour résister. Le film propose une sororité malmenée mais purificatrice. Grave + Sans retour + Wake in Fright + L’Exorciste = une mule certes bien chargée mais qui ne ploie pas. Il faudra maintenant à Julia Kowalski se défaire de ces lambeaux cinéphiles pour affirmer sa bien singulière puissance.

Thomas Baurez

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

BARDOT ★★☆☆☆

De Elora Thevenet et Alain Berliner

Un doc sur Brigitte Bardot, c’est la promesse de se replonger dans les archives d’une carrière aussi courte que sa résonnance fut immense. Et celles- ci (interviews, extraits …) occupent une place centrale dans ce film où BB a accepté de se confier aussi bien sur son parcours et son combat pour les animaux que sur ses condamnations pour incitation à la haine raciale pour lesquelles on l’entend pour la première fois exprimer un pardon. Bardot évite donc l’hagiographie mais souffre de deux problèmes majeurs. L’utilisation, outre des moments animés, de scènes recrées avec des comédiens filmés de dos quand les archives font défaut. Et surtout de la faiblesse des grands témoins convoqués pour parler d’elle : trop de journalistes ou de personnalités dont on se demande ce qu’elles font là (Naomi Campbell…) et pas assez de réalisateurs et d’acteurs de premier plan qui poseraient un regard artistique pertinent sur elle. Comme si Bardot était trop radioactive pour oser s’aventurer à parler d’elle.

Thierry Cheze

TERESA ★★☆☆☆

De Teona Strugar Mitevska

Deux écueils sont à éviter lorsqu’on réalise un biopic : ne pas s’obliger à l’exhaustivité, ni à tout faire tourner autour d’un même sujet. Teresa évite le premier en se limitant à sept jours décisifs dans la vie de Mère Teresa, mais se fourvoie dans le second. Le film se déroule en 1948 à Calcutta, au moment où elle attend l’autorisation de fonder sa propre congrégation. Pourtant, ce que l’on voit principalement à l’écran, c’est Noomi Rapace plus que Mère Teresa. Des symboles de croix plutôt qu’une mise en scène de la foi mise à mal par la pauvreté ou les « épreuves » rencontrées par ses autres sœurs. Malgré l’ambiance convaincante qu’il arrive à imposer ainsi que le développement minutieux de sous-intrigues au couvent, Teresa film trouve alors sa limite dans son incapacité à dépasser son sujet pour le nourrir de ce qui lui est extérieur. Littéralement, de le transcender donc.

Nicolas Moreno

CABO NEGRO ★★☆☆☆

De Abdellah Taïa

Abdellah Taïa, 52 ans, est un écrivain et cinéaste marocain dont l’œuvre en grande partie autobiographique questionne son rapport à son identité intime (Taïa revendique haut et fort son homosexualité) et à la façon dont celle-ci peut s’épanouir dans son pays natal.  C’était déjà le sujet de son premier long-métrage, L’Armée du salut (2013) qui raccorde quasi directement avec ce Cabo Negro. Le titre de ce deuxième film fait référence à une station balnéaire située dans le Nord du Maroc. C’est dans une belle villa près des plages que débarquent Soundouss et Jaäfar, deux jeunes gens venus de Casablanca sur l’invitation d’un riche occidental. Sur place, la maison vide devient à la fois un refuge et un lieu inquiétant qui oblige à reconsidérer sa place au monde. Les corps se reposent, se frôlent, se recueillent…  La mise en scène emprunte de sensualité traduit une certaine langueur qu’on pourrait très bien trouver monotone.

Thomas Baurez

REEDLAND ★★☆☆☆

De Sven Bresser

C’est un premier long-métrage néerlandais, sélectionné à la dernière Semaine de la Critique, à Cannes. Le pitch – un fermier solitaire découvre le cadavre d’une jeune fille sur ses terres et tente de faire la lumière sur le drame – est celui d’un polar nordique archétypal. Mais ce qui intéresse le réalisateur Sven Bresser, ce n’est pas tant de jouer avec les codes du genre que de sonder la question du mal, de la violence masculine et de la culpabilité, à l’aide d’une mise en scène atmosphérique, assez puissante, qui tire un bon parti de la présence minérale de l’acteur Gerrit Knobbe et des champs de roseaux du nord des Pays-Bas, filmés comme des zones quasi mystiques, presque des trous noirs. On pense à Bruno Dumont, pour le mélange de contemplation et de détails triviaux, voire crapoteux, mais l’aspect irrésolu du film finit par jouer contre lui, lui donnant des airs artificiellement mystérieux.

Frédéric Foubert

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

FUORI ★☆☆☆☆

De Mario Martone

Mario Martone (Nostalgia) s’essaie à un portrait de femme. Et pas n’importe quelle femme ! Goliarda Sapienza, une écrivaine, originaire d’une famille de socialistes anarchistes siciliens, émancipée de tous les dogmes, partageant sa vie sentimentale entre hommes et femmes et morte en 1996 sans avoir vu publier son chef d’œuvre, L’Art de la joie. Fuori se concentre sur un des épisodes de son existence mouvementé. Ce moment où, rejetée par toutes les maisons d’édition, elle a commis un vol de bijoux qui lui a tout coûté - réputation, position sociale – et l’a conduite en prison. Un sujet fort, un personnage passionnant de complexité et le choix de le confier à la toujours vibrante Valeria Golino : tous les clignotants semblaient au vert ! Mais le scénario se perd dans des flashbacks et flashforwards compliquant inutilement un récit où on reste à la surface des choses, au point qu'on n'apprenne au fond rien d'elle, ni des raisons profondes qui expliquent la censure dont elle fut victime.

Thierry Cheze

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Et aussi                                                                                                                    

Billy, de Lawrence Côté-Collins

Five nights at Freddy’s 2, de Emma Tammi

Gérald le conquérant, de Fabrice Eboué

Panique à Noël, programme de courts métrages

Pour l’éternité, de David Freyne

Les reprises

Demain, de Mélanie Laurent et Cyril Dion

La Faute à Voltaire, de Abdellatif Kechiche      

L’Oeuf de l’ange, de Mamoru Oshii           

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