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On avait quitté Dante et Randal en 94, paumés dans leur vie et dans leur supérette du New Jersey. Kevin Smith réalisait, pour 30 000 dollars, l’un des films qui allaient changer la face du cinéma indépendant américain.
Avec un budget embourgeoisé, il retrouve aujourd’hui ses deux héros, qui n’ont rien perdu de leur véhémence. (…) Smith joue à domicile, et ses dialogues claquent comme jamais. Mais derrière les vannes pointe quelque chose d’encore plus intéressant: l’angoisse de la génération X, abreuvée d’idéaux hippies au début des années 90 et rattrapée à la trentaine par la réalité très yuppie du monde actuel. Clerks 2, comédie sociale? Parfaitement.
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Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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En 94 Kevin Smith sortait Clerks. Complètement déjanté le film mettait en scène Randal et Dante, deux employés de supérette, incarnations suprêmes de la lose. Treize ans plus tard, tout a changé… sauf dans la tête de Randal et Dante. Le choc est rude pour eux et désopilant pour nous. Les gags trashs font mouche mais au-delà du délire scato une question est posée : comment assumer la crise de la trentaine quand on n’a pas encore fini sa crise d’ado ? Kevin Smith tente de répondre à cette petite interrogation, sans en faire trop, n’oubliant jamais que son propos est ici de faire rire.
- Le Mondepar Thomas Sotinel
Kevin Smith reste incapable d'effets de style, laisse son film s'engluer dans un rythme pataud. Mais il sait aussi regarder ses personnages avec une affection lucide et tirer le meilleur parti de leurs obsessions adolescentes attardées, qui sont toujours les siennes. Clerks II n'est pas dépourvu d'attrait : l'obscénité joyeuse et chaste (on entend tout et l'on ne voit rien), une bande-son impeccable et, surtout, le contre-emploi confié à Rosario Dawson. L'actrice, qui a pour l'instant dépensé son talent en pure perte( Alexandre, Rent, Sin City...), fait ici preuve d'un allant comique qui n'enlève rien à son considérable charme.
- Fluctuat
Alors qu'un documentaire intitulé Jesus Camp, sur les écrans depuis le 18 avril, montre le visage d'une Amérique croyante et bien-pensante évoquant le temps de l'Inquisition, la sortie d'un film aussi potache que Clerks II, montre qu'il y a encore aux Etats-Unis des cinéastes capables de voir les dérives de leur propre pays et de s'en moquer avec cynisme.
- Vos impressions sur le forum Clerks 2 ?Faut-il avoir vu Clerks pour apprécier Clerks II ? Pas vraiment. Toutefois connaître le premier opus aide à apprécier l'évolution d'un temps et d'une personnalité. En 1994 Kevin Smith faisait déjà le portrait de Dante et Randall managers d'une sorte de vidéo club. Losers cyniques, un brin nihilistes, leur vie se résumait à leur non activité. Treize ans plus tard, nos deux antihéros ont changé. D'abord ils se sont un peu empâtés. Ensuite ils vivent dans un pays beaucoup plus catholique, cathodique, consumériste et surtout politiquement correct. Si on ne goûtera pas forcément l'humour "sexe-prout" qui émaille ce dernier film, reste qu'il apparait cette fois de manière farouchement vindicative comme la seule réponse possible au verrouillage du langage qui paralyse une société américaine toujours prête à la dénonciation de l'autre.Comme toujours, Smith passe toutes les bondieuseries à la moulinette. De manière encore plus intraitable que dans Dogma, il montre, par exemple via Elias, l'un de ses personnages jeune catho encore pubère à 19 ans, comment une certaine pratique de la religion a paralysé et perverti tant la sexualité que plus globalement le rapport à l'autre. Et ce jusqu'à l'absurde. Car en matière de croyance, l'Amérique s'est créée de nombreuses bibles qui ont chacune leurs fans, et Smith ne se prive pas pour dénoncer ces dérives dans des moments plus qu'hilarants. Dans une société du spectacle publicitaire qui abrite en son sein et Hollywood et Fox News, théories, doctrines et croyances s'affrontent par "nerds" interposés. On peut trouver leurs discours absurdes, reste que ces "geeks", fans de sites internets, d'héroïc fantasy, de cinéma et toujours intrigué par la chose sexuelle, semblent avoir pris le pouvoir. A l'image d'un des personnages qui ayant vendu son site internet à Google est devenu multimillionnaire.Ainsi, comme presque tous les films de Kevin Smith, Clerks II en dit plus qu'il n'y paraît. Certes de manière un peu foutraque, mais le réalisateur témoigne tout de même d'une vitalité inébranlable pour dénoncer, toujours avec recul, l'absurdité de la société dans laquelle l'Amérique vit. Bien sûr les familiers de l'univers du réalisateur retrouveront les habitués. Tout d'abord Jay et Silent Bob, deux personnages interprétés par Jason Mewes et Kevin Smith lui-même. Contrepoint au film même, ces témoins quasi immobiles interviennent parfois dans l'histoire, parfois à côté. Bloc à part entière, ces deux là mènent leur vie, n'en font rien mais l'assument. A l'heure de la Stars Ac' locale et de la promotion d'une vie qui se doit d'être formidable, peut-être aurait-on avantage à se pencher sur le bonheur possible à portée de main. C'est d'ailleurs vers cela que se dirige Clerks II et on pourra regretter une conclusion où progéniture et couples mariés ont le fin mot de l'histoire. Une autre forme de politiquement correct !Clerks 2
Réalisé par Kevin Smith
Avec Brian O'Halloran, Jeff Anderson, Rosario Dawson
Sortie en salles le 2 mai[Illustrations : © TFM Distribution]
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