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Cinéaste franc-tireur très engagé à gauche, Avi Mograbi milite dans son nouveau film pour que les réfugiés africains (fuyant des régimes ou des conflits sanguinaires) ne soient plus parqués dans un vaste camp situé en plein désert israélien. La raison en est simple : l’état juif ne veut pas de ces migrants mais, contraint de respecter certains accords internationaux qu’il a signés, les héberge sur son sol en espérant que les déplorables conditions d’asile les pousse à aller voir ailleurs. Plutôt qu’un documentaire classique, Mograbi a choisi de filmer les répétitions de l’atelier-théâtre qu’il a monté avec l’aide d’un metteur en scène reconnu : les réfugiés y rejouent des scènes qu’ils ont vécues, interprétant tantôt leurs propres rôles, tantôt celui des représentants d’Israël. Les situations décrites sont tragiquement absurdes et leur reconstitution a parfois un effet cathartique pour les apprentis acteurs et pour les Israéliens qui viennent grossir les rangs de la compagnie. Malgré son côté répétitif et son austérité visuelle (les répétitions sont filmées dans un grand hangar vide), Entre les frontières nous fait toucher du doigt les limites, aux conséquences humaines dévastatrices, du droit international.