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Angoissant, émouvant, Les Oubliés raconte une page méconnue de la Seconde Guerre mondiale avec une puissance telle que le Danemark en a fait son champion dans la course à l’Oscar du meilleur film étranger.
On sort des Oubliés avec les jambes qui tremblent et la conviction qu’il y a encore des histoires incroyables à raconter sur la Seconde Guerre mondiale. En 1945, 2 000 soldats allemands, à peine pubères, furent attelés par le gouvernement danois au déminage de ses cotes... à main nue. La moitié furent mutilés ou perdirent la vie. Le film retrace le destin d’une quinzaine de ces gamins, chargés de désamorcer les 45 000 mines d’une plage sous les ordres du sergent Carl Rasmussen, un patriote qui finit par les prendre en pitié. Avec un art du suspense qui cloue au fauteuil, Martin Zandvliet aligne des séquences de déminages oppressantes et interminables qui feraient passer les exploits de Jeremy Renner dans Démineurs pour une cueillette de champignons. Au rythme des vagues et des beuglements du charismatique Roland Møller (Hijacking), le réalisateur danois nous invite dans le cauchemar d’ados empêtrés dans des costumes de guerre bien trop grands pour eux. Impuissants, on tremble et on meurt avec eux au milieu des dunes silencieuses. Même si sa mise en scène académique, puissante et lyrique (qui a tapé dans l’œil des Oscars) l’amène parfois à la frontière du mélo héroïque attendu, Zandvliet filme la guerre à hauteur d’homme et la représente comme elle est : sale, imprévisible, injuste. Devoir de mémoire courageux, Les Oubliés regarde aussi le présent et questionne l’instinct de vengeance qui transforme les victimes en bourreaux, notamment lors de sa séquence d’introduction, d’une rare brutalité.