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Il est évidemment impossible de regarder ce film d’Emily Atef tel que la réalisatrice de Trois jours à Quiberon et ses interprètes Vicky Krieps et Gaspard Ulliel l’ont rêvé et tourné. L’histoire d’Hélène et Mathieu, couple amoureux, percuté par la grave maladie d’Hélène et son choix de refuser de lutter contre la mort et de partir se ressourcer seule en Norvège qui sidère Mathieu. Car entre temps, Gaspard Ulliel s’en est brutalement allé et chaque scène où il apparaît si vibrant dans le rôle de celui qui va rester en vie et refuse la mort de celle qu’il aime nous renvoie à cette tragédie insupportable. Mais il serait mensonger de circonscrire l’émotion intense qu’on ressent devant Plus que jamais à cela. La puissance sensible de cette variation autour de la fin de la vie et de cette question sur la raison profonde pour laquelle on accepte d’affronter la maladie – pour se sauver soi- même ou pour ne pas plonger dans le chagrin ceux qui restent ? – vont bien au- delà. Grâce à l’alchimie entre deux comédiens dont la cinégénie n’a d’égal que la puissance romanesque. Et grâce au parti pris de la cinéaste de sublimer les corps pour célébrer le désir de son héroïne de profiter jusqu’à son ultime souffle du sien. En se baignant nue dans un lac, en marchant à perdre haleine dans les sentiers montagneux, en caressant et embrassant avec fougue les lèvres et la peau de celui qu’elle aime. La sensualité revendiquée de Plus que jamais contraste à merveille avec la tragédie à l’œuvre et nimbe le récit d’une lumière qui vous serre le cœur sans jamais verser dans le chantage lacrymal.