Un amor On avait découvert Isabel Coixet en 2003 avec le bouleversant Ma vie sans moi. Mais jamais depuis elle n’a retrouvé cette magie- là. Pas plus qu’elle ne le fait avec ce nouveau portrait de femme, une trentenaire qui se retire dans un village espagnol où elle passe un singulier deal avec son voisin, échangeant des faveurs sexuelles contre des travaux. L’entame est prometteuse, l’âpreté ambigüe de l’ensemble prenante mais tout se délite au fil d’un récit trop long qui à force de bégayer suscite l’ennui. |
Thierry Chèze | |
2 | Sur la terre comme au ciel L’héroïne de ce récit d’apprentissage inspiré d’une histoire vraie, s'enfuit de la secte chrétienne où elle a été élevée pour retrouver sa sœur, qui vient de disparaître. A Montréal, elle fait la connaissance de sa drôlatique tante et va s’émanciper, interroger ses croyances, trouver sa voie. La réalisation est un peu sommaire, le scénario façon Unorthodox teinté de poncifs. Mais Nathalie Saint-Pierre observe ses attachants personnages avec une telle tendresse que le charme opère en dépit de tout. Emma Poesy |
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2 | Super/ Man: L'Histoire de Christopher Reeve C’est le genre de documentaire HBO sur une vieille gloire hollywoodienne que l’on regarde en général en streaming à la maison. Le nom de Superman dans le titre de celui-ci a convaincu la Warner de le sortir en salles, afin de battre le fer à quelques mois de l’arrivée d’une nouvelle version des aventures du Man of Steel, réalisée par James Gunn. |
Frédéric Foubert |
2 | Pas un mot Quand son fils, Lars, a un accident à l’école, Nina, interprétée par Maren Eggert (I’m Your Man), brillante cheffe d’orchestre, décide de s’éloigner du Conservatoire et d’emmener son fils dans leur maison de vacances, pour se rapprocher de lui. Au titre explicite, Pas un mot évoque le silence confus entre une mère et son enfant, alors que toute tentative de communication est perturbée autant par une sonnerie de téléphone, que par un éloignement physique. Ils sont seuls, proches, et pourtant, une distante proximité les sépare. |
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Niki Face aux codes souvent figés des biopics, Céline Sallette fait un pas de côté en relatant seulement neuf années de la vie de la peintre et sculptrice Niki de Saint Phalle, avant qu’elle ne connaisse la célébrité. Situé de 1952 à 1961, le récit met en valeur le processus de libération de Niki vis-à-vis de l’inceste qu’elle a subi à l’enfance et montre combien sa vie rangée d’épouse et de mère de famille constitue une impasse dont elle va devoir s’extirper. |
Damien Leblanc | |
3 | Lee Miller Ellen Kuras signe ici son premier long-métrage de fiction. Chef opératrice réputée, elle avait signé la lumière si caractéristique d’Eternal Sunshine of the Spotless Mind opérant un rapprochement avec Kate Winslet. Elle s’est peut-être dit qu’elle était la mieux placée pour raconter la vie d’une femme d’images, en l’occurrence Lee Miller, muse de Man Ray, une des première photo-reportrice de guerre qui aura réussi à imposer son regard durant la Seconde Guerre Mondiale. |
Thomas Baurez |
2 | L'Homme au bâton- La Légende créole Jusqu’à la fin de ses jours, Christian Lara a filmé les Outre-mer et ses habitants. Lui, père du cinéma antillais, décédé l’année dernière, a dépoussiéré une dernière fois l’imaginaire collectif de son île et ses faits divers dans son ultime long-métrage – L’homme au bâton, une légende créole. En 1956, plusieurs femmes sont assassinées. Le tueur, dit l’homme au bâton, n’a jamais été arrêté. Des années plus tard, deux femmes meurent dans les mêmes circonstances. La légende renaît. |
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Les Docteurs de Nietzsche Et si le langage médical créait une frontière entre le docteur et le malade ? C’est ce que le Dr. Esteban Rubinstein, éperdument passionné par Nietzche, tente de démontrer. A chaque consultation, le médecin questionne ses patients sur leur propre manière de définir la maladie. Mais, aussi intéressant que ce pas de côté puisse être, on garde plutôt l’impression d’un converti donneur de leçon. Et peinant à trouver une direction au milieu de la compilation d’échanges, le documentaire laisse une place floue au philosophe moustachu. Bastien Assié |
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3 | A l'ombre de l'abbaye de Clairvaux Et si les moines et les détenus avaient plus de points en commun qu’il n’y paraît ? Les similitudes sont frappantes : même isolement, même vie communautaire, et même logis, puisque de nombreuses abbayes sont devenues des prisons. C’est le cas de la Maison centrale de Clairvaux, dans laquelle Eric Lebel s’aventure avec ce parallèle innovant en tête. Ni glorifié, ni diabolisé, le milieu carcéral est ici humanisé par les témoignages de deux détenus, Michel et Pierre-Jean, touchants de sincérité. |
Lucie Chiquer |
Le Robot sauvage Après avoir claqué la porte au nez de Disney, et réalisé quelques-uns des succès de DreamWorks (Dragons, Les Croods), Chris Sanders fait son retour dans l’animation avec Le Robot Sauvage, l’adaptation du livre jeunesse de Peter Brown. Dans un monde futuriste, Roz, un robot d’assistance, échoue sur une île loin de toute civilisation. Pour survivre, elle se met à imiter ce qui l’entoure. Monstre aux yeux des autres animaux, elle se montre pourtant curieuse et volontaire, toujours à la recherche d’une tâche à accomplir. |
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L'Histoire de Souleymane Il a réussi la performance, dans un festival de Cannes où la course à la Palme écrase toujours tout, à y exister fortement bien que présenté en dehors de la compétition. Puis il conquis avec la même ferveur le public du festival du film francophone d’Angoulême. |
Thierry Chèze | |
The Apprentice Comment Donald est-il devenu Trump ? Ali Abbasi (Border, Les Nuits de Mashhad) ausculte le futur président américain dans les années 70, alors aspirant entrepreneur immobilier mais déjà armé d'un appétit féroce pour la gagne, l’argent et le clinquant. L'idée de ce biopic pas si conventionnel dans la forme - l'image traitée façon VHS usée, gimmick a priori un peu lourdingue, apporte finalement pas mal à l'objet - est de raconter l'origine du mâle à travers sa faille originelle : un père tyrannique impossible à rendre fier. |
François Léger | |
Joker: Folie à deux Cinq ans après son triomphe critique et commercial, que reste-t-il de Joker ? Ce n’est pas un journaliste cinéma en mal de sujet pour son prochain édito qui pose la question, mais Todd Phillips et Joaquin Phoenix eux-mêmes, dans Joker : Folie à deux, une suite presque intégralement consacrée à ressasser les événements du premier film. |
Frédéric Foubert | |
Super séniors Leonid, Ukrainien de 95 ans, a un rêve : gagner une compétition internationale de tennis. Et il a toute ses chances puisque dans sa catégorie les adversaires se comptent sur les doigts d’une main. Super Séniors nous fait suivre quatre fous de la raquette pour lesquels l’âge n’est pas un frein mais un moteur. Romancés par une mise en scène attendrissante, ils nous font sourire et nous donnent le genre d’espoir que l’on attend d’une histoire de sport. Plus qu’une envie : oublier son arthrose et enfiler ses baskets. Bastien Assié |
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Maya, donne moi un titre La crise artistique de Michel Gondry – détaillée dans son précédent film, Le Livre des solutions – est-elle terminée ? Malheureusement non, si l’on en juge par Maya, donne-moi un titre, compilation de courts-métrages bricolés avec du papier découpé et animés en stop-motion, mini home-movies que le cinéaste a l’habitude de fabriquer à la maison pour sa fille Maya. La petite donne un titre à son papa (genre « Maya sirène » ou « Maya policière et les trois chats ») et celui-ci s’emploie à lui inventer une jolie histoire farfelue. |
Frédéric Foubert | |
3 | Drone Après la série Stalk, Simon Bouisson a choisi de creuser doublement le thème du voyeurisme pour ses débuts sur grand écran avec pour héroïne, une étudiante en architecture (Marion Barbeau, impeccable), travaillant secrètement comme camgirl pour gagner sa vie, qui découvre un jour en rentrant chez elle, qu’un drone déboule régulièrement pour scruter chacun de ces actes. Qui se cache derrière ses commandes ? Un inconnu qui lui veut du bien ? Un pervers qui veut en faire sa proie ? |
Thierry Chèze |
1 | La Damnée En matière de paranoïa domestique, Roman Polanski a tué le game il y a bien longtemps avec Repulsion (1965) ou Rosemary’s Baby (1968) faisant de la claustration l’enjeu même d’une réflexion sur la mise en scène. On ne va évidemment pas s’amuser à juger les films à l’aune de ces écrasantes références. Pour autant cette Damnée joue sur une note tellement entendue et attendue qu’on scrute la façon dont un jeune cinéaste peut se réapproprier ces figures. |
Thomas Baurez |
Quand vient l'automne On sait combien François Ozon aime, depuis maintenant vingt-cinq ans qu’il officie au cinéma, observer les failles et culpabilités humaines en passant malicieusement de la comédie à la tragédie. Après la tonalité drôle et ludique de Mon Crime, le cinéaste revient ainsi à une intrigue criminelle en privilégiant cette fois les zones d’ombre, l’ambiance dramatique et les couleurs grises de l’automne. |
Damien Leblanc | |
The Outrun Tout part d’un récit autobiographique. Celui d’Amy Liptrot, une Ecossaise qui, après des années d’excès à Londres où elle est devenue dépendante à l’alcool, a entrepris une cure de désintoxication de 90 jours, rude, chaotique, épuisante sur l’archipel des îles d’Orcade, qu’elle a chroniquée dans un roman, couvert de prix lors de sa publication en 2016. |
Thierry Chèze | |
3 | The Deviul's bath: un enfant pour le diable Le bain du diable : le titre est celui d’un film d’horreur mais The Devil’s Bath, nouveau long du duo Veronika Franz-Severin Fiala (réalisateurs de Goodnight Mommy, qui ont aussi bossé avec Shyamalan sur la série Servant), ne relève pas tout à fait du genre horrifique. Pas au sens strict, du moins. Tout le film est néanmoins comme hanté, traversé d’images morbides, plongé dans une atmosphère lugubre, pesante et néo-bergmanienne, qui évoque un peu les ténèbres existentielles dans lequel baignait déjà The Witch de Robert Eggers. |
Frédéric Foubert |
All we imagine as light Être une femme indépendante, une cinéaste engagée et donc une voix dissidente. Payal Kapadia, 38 ans, représente peut-être une bonne partie de ce que le régime nationaliste en place en Inde depuis dix ans ne veut pas voir, ni entendre. Son All we imagine as light arrivait en compétition à Cannes (où il a obtenu le Grand Prix) brisant trente ans d’absence du cinéma indien sur les prestigieuses marches rouges. Il suit l’itinéraire de deux infirmières d’un hôpital de Mumbai qui partagent un petit appartement. |
Thomas Baurez | |
3 | Le coeur qui bat En 2019, Vincent Delerm passait pour la première fois derrière la caméra avec Je ne sais pas si c’est tout le monde, un documentaire qui prolongeait son travail sur la mémoire au cœur de son parcours de chanteur depuis toujours. Avec un art de magnifier les petits riens qui constituent l’essence de nos vies par une poésie espiègle qu’on retrouve dans ce Cœur qui bat où il est parti à la rencontre de femmes et d’hommes de toute génération, anonymes comme célébrités, pour leur faire parler du sentiment amoureux. |
Thierry Chèze |
1 | Week- end à Taipei L’Asie représente un marché incontournable pour l’Occident, et Luc Besson lui fait les yeux doux en produisant et scénarisant un film d’action comme il en existe mille, dont la seule singularité résiderait dans le lieu de l’action : Taipei donc. Comme son titre romantico-niais le laisse deviner, Taïwan n’est jamais plus qu’une toile de fond, une carte postale à peine filmée pour servir de décor à une vulgaire histoire de trafic mondial. |
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2 | Viêt and Nam Le thaïlandais Apichatpong Weerasethakul et ses films-rêves plaçant le sensoriel au cœur d’un processus d’envoûtement, ont fait des disciples. Ce Viêt and Nam rappelle le saisissement reçu à la découverte du très sensuel Blissfully Yours (2002) dont le générique (du moins le titre) arrivait comme ici à mi-parcours, une façon de décentrer notre rapport à l’espace et au temps. Nous suivons ici deux jeunes mineurs amoureux fous, chacun hantés par un père absent mort en soldat durant la guerre civile. |
Thomas Baurez |
3 | Riverboom En 2002, un an après les attentats du 11 septembre, le jeune photographe suisse Claude Baechtold a accompagné sur un coup de tête deux reporters au cœur de l’Afghanistan alors plongé en pleine guerre. Une aventure qui paraît parfaitement irresponsable tant le garçon se sent au départ aussi qu’angoissé qu’inutile sur ce territoire en ébullition... Ayant retrouvé il y a quelques années les images vidéo de ce périple qu’il croyait perdues, Baechtold en signe un montage dynamique et burlesque où l’expédition journalistique de trois pieds nickelés européens se révèle pleine d’autodérision. |
Damien Leblanc |
1 | L'Heureuse élue Un casting convainquant, un pitch percutant (un jeune homme qui engage une chauffeuse Uber et la fait passer pour sa future femme afin de soutirer de l’argent à ses riches parents) et pléthore de quiproquos apte à créer situations absurdes… Sur le papier, L’Heureuse élue avait tout de la comédie efficace de la rentrée. Pourtant, entre les gags attendus et une intrigue qui ne dépasse pas la caricature classiste, rien ne prend et la comédie se délite en quelque chose d’évident et impersonnel. Bastien Assié |
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3 | Les Belles créatures Alors que la violence s’accentue dangereusement chez les jeunes Islandais, Balli, 14 ans, en est un souffre-douleur : chaque jour, il subit l’acharnement brutal de ses camarades de classe. Puis arrivent Addie, Konni et Siggi, trois morveux qui voient en lui un animal blessé et le prennent en pitié… jusqu’à créer un véritable lien. Tout le charme du film réside là, dans cette représentation de l’amitié masculine, mélange d’humiliation et d'affection. |
Lucie Chiquer |
2 | After Une soirée techno, une foule de trentenaires défoncés à la cocaïne et une jeune femme au yeux provocateurs qui ramène un presque inconnu chez elle pour tromper la solitude… A travers cette étude — qui se voudrait naturaliste ? — d’une teuf et de ses protagonistes, un premier long aux allures de mauvais clip musical, dans lequel les basses ne s’interrompent que pour laisser place à des dialogues embarrassants, malgré la toujours excellente Louise Chevillotte. Une seule question : pour quoi faire ? Emma Poesy
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3 | Mother land La filmographie d’Alexandre Aja a quelque chose de fascinant et de paradoxal : depuis vingt-cinq ans qu’il réalise, ses films ont toujours eu à la fois le feeling enthousiaste et maladroit des premières fois, et la sûreté due à l’expérience de l’artisan passionné. Aucun artiste n’est obligé au changement ou au bouleversement ; au contraire, c’est presque rassurant de savoir qu’Aja tourne ses films avec du métier mais surtout le plaisir d’un fan d’horreur à qui on vient tout juste de donner les clefs de son premier long-métrage. |
Sylvestre Picard |
Vivre, mourir, renaître Gaël Morel l’a bien compris : peu importe que des thématiques aient déjà été abordées au cinéma tant que le regard peut être renouvelé et engendrer une œuvre puissante. L’histoire d’un couple (formé d’un conducteur de métro et d’une sage-femme) avec enfant qui rencontre dans les années 1990 un photographe dont le labo est situé juste à côté de chez eux va ainsi mener à un triangle amoureux puis au surgissement dévastateur du sida. |
Damien Leblanc |