Toutes les critiques de Le Croque-Mitaine

Les critiques de Première

  1. Première

    On y est : l’esthétique pop 80’s de Stranger Things a définitivement contaminé toute une génération de jeunes cinéastes. Si l’action du Croque-Mitaine se déroule pourtant à notre époque, tout le film respire la production d’horreur de cette décennie devenue objet de fantasme, en partie initiée par le grand manitou Shawn Levy, à la fois producteur sur la série désormais culte de Netflix et sur ce film. Pour le reste, Rob Savage, 31 ans, s’assure de remplir un cahier des charges propre habituellement aux productions Blumhouse (sans pour autant faire partie de la maison), multipliant des poncifs devenus insupportables, tels que celui de la jeune adolescente maltraitée par ses soi-disant « amies » du lycée, la peur du noir, ou encore le traumatisme familial tout récent qui aura une influence considérable sur l’intrigue. Difficile d’imaginer qu’Ari Aster, avec Hérédité, réussissait avec brio à réinventer ces images vus et revus, que la production grand public continue donc à recycler inlassablement, préférant s’adresser à des adolescents en pleine poussée de croissance. La menace du Croque-Mitaine est, quant à elle, tellement abstraite qu’elle ne raconte rien sur les traumatismes de cette jeune femme et de sa sœur, affrontant un ennemi incompris par les spectateurs, visible seulement au travers de jump-scares prévisibles qui ne provoquent aucun effroi, à part peut-être celui d’une industrie qui semble n’avoir plus grand-chose à raconter. Le Croque-Mitaine peut retourner au placard.

    Yohan Haddad