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Le thaïlandais Apichatpong Weerasethakul et ses films-rêves plaçant le sensoriel au cœur d’un processus d’envoûtement, ont fait des disciples. Ce Viêt and Nam rappelle le saisissement reçu à la découverte du très sensuel Blissfully Yours (2002) dont le générique (du moins le titre) arrivait comme ici à mi-parcours, une façon de décentrer notre rapport à l’espace et au temps. Nous suivons ici deux jeunes mineurs amoureux fous, chacun hantés par un père absent mort en soldat durant la guerre civile. L’esprit des défunts est insondable dès lors que les corps manquent à l’appel. Une quête est donc possible. Si la mise en scène caressante créait des ruptures (joli travail sur le son), le film s’enferme dans sa propre torpeur. Sinon on a vu une magnifique séquence finale et entendu l’une des plus belles répliques depuis longtemps : « Laisse la lumière allumée, je rêverai mieux ! » Rien que pour ça.