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Le premier épisode de Transformers fête ses dix ans.

Notre dossier 40 ans de blockbusters

"Un film de jouets à la con". C'est avec ce commentaire que Michael Bay rejette la proposition faite par Steven Spielberg de réaliser le film Transformers au cœur de l'été 2005. Mais son désir de tourner avec Spielby a été le plus fort. Une visite au studio Hasbro et un chèque d'un montant effarant a achevé de le convaincre. Mettez-vous à sa place. Même quand on s'appelle Bay, mettre en scène un film sur des robots géants aliens qui se transforment en véhicules, ça a l'air complètement débile. On ne va pas vous mentir : ça l'est, forcément, un peu. Mais Michael sortait lessivé de l'expérience The Island (un des ses meilleurs films et forcément une taule au box-office US) et ne pouvait pas cracher sur l'opportunité de tourner un film avec autant de potentiel franchisable. Il accepta même de réduire son salaire de 30% pour le tourner, tout en recyclant des plans de Pearl Harbor pour faire bonne mesure et une flopée de partenariats commerciaux (General Motors). Et voilà le résultat.

Michael Bay : "On me paie pour être le meilleur, et c'est ce que j'essaie d'être"

Transformers est devenu le symbole, le film-somme de Michael Bay, avec tous ses tics -la caméra qui tourne, l'hystérie, les explosions, les vannes racistes, l'exploitation du décolleté de Megan Fox, l'hystérie de Shia LaBeouf- qui vont curieusement s'épurer tout au long de la saga. On critique (à raison) les scénarios débiles, la misogynie et le cynisme, mais on oublie le traitement impressionnant de l'espace, les changements d'échelle miraculeux, les scènes d'action délirantes. A s'en faire tomber la mâchoire. A oublier d'en bouffer son pop-corn.

Comment la saga Transformers réécrit l'Histoire

Le décalage entre le triomphe public de la saga Transformers et le lynchage critique est hallucinant. De toutes les franchises hollywoodiennes, Transformers est aujourd'hui la plus détestée et la plus rentable (la tétralogie a coûté 800 millions de dollars et en a rapporté 3,7 milliards, faites le calcul). La plus spectaculaire, la plus cynique, sans conteste. Adapter en live action des jouets 80's déjà déclinés en franchise : le serpent se mord la queue. L'exemple le plus flagrant de la politique du "ratissons large" d'Hasbro. Car avant d'être un film de Michael Bay, une production Spielberg ou un blockbuster rutilant, Transformers est un produit Hasbro -la compagnie qui détient quasiment tous les jouets de la planète avec leurs droits cinéma afférents. Spielberg n'est arrivé à la production de Transformers qu'en 2004, un an après le lancement du projet, et se contente presque de délivrer son un A.O.C. Spielberg sur l'affiche. Bay, de son côté, a alterné un Transformers avec le génial No Pain No Gain et s'est rappelé que c'était le genre de film qu'il aimait faire.

Hasbro voulait commencer à entrer dans le cinéma du 21ème siècle en 2003 avec un film G.I. Joe mais l'invasion américaine de l'Irak l'a un peu ralenti. La série de jouets adaptés du film, conçue en parallèle, a rapporté 480 millions à Hasbro en 2007. Outre les franchises à succès G.I. Joe et Transformers, Hasbro s'est raté au box-office avec Battleship (adaptation de la bataille navale et sous-Transformers qui n'est pas sans qualités), a vendu les droits de sa tablette de divination Ouija (qui a engendré un film d'horreur très rentable produit par Bay), et prépare des films Magic : L'Assemblée, Monopoly, la pâte à modeler Play-doh, Les Hippos gloutons, Donjons & Dragons... Sans le carton d'un certain Transformers, Hollywood ne se serait pas rappelé qu'il est rentable de faire des films à partir de n'importe quoi. Les Lego, par exemple. Everything is awesome, pas vrai ?

Sylvestre Picard (@sylvestrepicard)

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