Peut-on tout montrer dans les festivals de cinéma ?Depuis sa projection l’an dernier au marché du film du festival de Cannes, A serbian film est précédé d’une réputation ultra-sulfureuse. Il faut avouer que le film de Srdjan Spasojevic n’est vraiment pas pour tous public. Cette allégorie sur le sort de la Serbie via les mésaventures d’une ex-star du porno réduit à tourner des films extrêmes pour nourrir sa famille, contient des scènes particulièrement rudes. L’une d’entre elles (le viol d’un nourrisson) à provoqué la plainte d’une association de défense de droits des mineurs suite à une projection en octobre dernier, dans le cadre du festival de Sitges, l’un des rendez-vous les plus réputés parmi les fans de cinéma fantastique et d’horreur. Son directeur, Angel Sala, risque aujourd’hui une peine de prison et une lourde amende pour projection de pornographie infantile. L’affaire met en émoi le monde espagnol de la culture. Il est nécessaire de rappeler que le festival avait pris toutes les précautions possibles en n’organisant qu’une seule projection, à un horaire très tardif, d’A serbian film, tout en rappelant son caractère des plus extrêmes. D'autant que l’association a déposé sa plainte sans avoir vu le film, qui lui-même a été auparavant et par la suite présenté dans d’autres festivals en Europe, qui n’ont pas été inquiétés. Sans atténuer le côté choquant du film, cette mise en péril d’un festival – qui pourrait être condamné à une lourde amende - pose le problème, croissant ces dernières années, d’une certaine censure de fait (d’autres projections d’A serbian film prévues par la suite en Espagne ont été annulées, par crainte de poursuites) appliquée par des associations familiales. On se rappelle encore du cas du CAPC de Bordeaux, qui avait fait l’objet d’une plainte similaire en 2000 pour avoir exposé des photos jugées pornographiques lors de l’exposition Présumés innocents. Son équipe n’ayant été blanchie que l’an dernier. Ou plus récemment de l’interdiction aux mineurs de l’exposition de Larry Clark au Palais de Tokyo. Faut-il par ailleurs préciser que, bien évidemment, Spasojevic a eu recours à un bébé factice pour la scène incriminée de son film ?