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Quel texte !Il y a du Monty Python dans la folie et du Pasolini dans le drame social. Un mélange des genres hallucinant. Le texte de Joe Orton est plein de digressions et ça me plaît. Les personnages se balancent des répliques sans queue ni tête. Si on veut comprendre, on peut devenir dingue à chercher des réponses. Michel Fau monte ce texte sans insister sur l’aspect psychologique, on joue les choses telles quelles.En 1964, le propos avait dû secouer.On y parle d’homosexualité, c’était subversif à l’époque. Aujourd’hui, tout l’aspect sexuel du texte est devenu moins choquant. Il est question de manipulation et de désir. On a gardé le look années 60, qui permet des décors et des costumes plus ludiques pour faire passer le côté trash. Mon personnage ne pense qu’à son désir et quand il ne peut pas, il est dans le compromis.Il n’y en a pas un pour racheter l’autre !C’est une drôle de famille ! Ce sont des gens égoïstes. Chacun satisfait ses envies, ses désirs, en balançant d’un revers ceux des autres. C’est moi, moi, moi… et tout le monde tient les autres par la barbichette. Ils font de gros arrangements avec la réalité. Ce sont des hystéros, mais ils sont touchants.Kath est une Lolita d’un certain âge. Un rôle de composition ?Je ne sais pas comment va réagir mon public ! Pas facile de jouer la petite fille vieille, du genre « Baby Jane ». Kath a un côté gamine qui minaude et l’instant d’après c’est un vrai routier ! Durant les répétitions, les moments qui me sont apparus clairement ont été ceux où ma propre folie a rencontré celle de cette bonne femme.Qu’est-ce qui vous a séduite dans le projet ?Michel Fau ! En regardant ce qu’il fait sur scène, j’ai ressenti très fort qu’avec lui je pouvais aller dans tous les délires possibles, avoir une liberté d’actrice incroyable. Il y a beaucoup de caractère dans son travail. Pas de règles ni de diktats, il fait comme il veut. C’est un sale gosse et artistiquement on se ressemble. Il est venu me chercher et j’ai dit oui.Alors que vous n’aviez pas joué au théâtre depuis longtemps…Plus de vingt ans ! La dernière fois, c’était dans Le Misanthrope de Molière, mis en scène par Jacques Weber avec Michel Fau justement, avec qui je m’étais alors hyper bien entendue… On avait proposé des choses délirantes, mais Jacques avait opté pour le classique. Cela m’avait frustrée. Du coup, j’avais arrêté et décidé de faire un petit break le temps d’un seule-en-scène. Le break a duré plus de vingt ans.Que faire de Mr Sloane ? à la Comédie des Champs-Elysées