Après Charlie’s Angels 2, Demi Moore ne s’est plus senti à sa place à Hollywood
Columbia TriStar Films

" J’avais le sentiment que je n’avais plus vingt ans, ni trente, mais que je n’étais pas encore ce qu’ils imaginaient d’une mère."

Dans le deuxième volet de ce James Bond au féminin, Charlie’s Angels : Les Anges se déchaînent, sorti en 2003, les trois sublimes espionnes Cameron Diaz, Lucy Liu et Drew Barrymore doivent affronter Madison Lee, une ancienne Ange jouée par Demi Moore. Scène emblématique de ce film : l’actrice de Ghost sortant de l’eau, planche de surf sous le bras, dans un bikini à la manière d’Ursula Andress dans James Bond 007 contre Dr. No, affichant comme ses partenaires un corps de rêve. A quarante ans, elle est un sex-symbol. Mais visiblement, pas pour tous.

Dans un entretien pour le magazine Interview réalisé avec Michelle Yeoh, la comédienne est revenue vingt ans plus tard sur cette scène et à quel point elle a pesé sur sa relation avec Hollywood :

"Quand j’ai fait Charlie’s Angels, il y a eu beaucoup de débats autour de cette scène en bikini, et tout cela était très fort, on parlait beaucoup de mon apparence. C’est là que j’ai compris qu’il n’y avait pas de place pour moi. J’avais l’impression de ne plus avoir ma place. J’avais le sentiment que je n’avais plus vingt ans, ni trente, mais que je n’étais pas encore ce qu’ils imaginaient d’une mère."

Elle a ajouté qu’elle s’était sentie à plat et avait même songé à mettre à terme à sa carrière. Suite à ces révélations, Michelle Yeoh a réagi et exprimé ses regrets et sa colère face à une industrie discriminant les femmes en raison de leurs âges, les classant dans deux catégories : celle des jeunes et des mères trop vieilles pour être sexy : "Pourquoi une femme de 45, 50 ou 60 ans ne peut pas être aussi sexy ?"

Ce phénomène, appelé en anglais « ageism » - ou discrimination due à l’âge – est un combat mené depuis toujours par les actrices qui ne se voient plus offrir de rôled lorsqu’elles ont atteint un certain âge – 40 ans, l’âge maudit. Dans son discours à la cérémonie des Oscars en 2023, Michelle Yeoh, sur scène statuette à la main pour Everything Everywhere All At Once, n’avait pas omis de le rappeler :

"Ne laissez jamais personne vous dire que vos meilleures années sont derrière vous."

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Comme une revanche, deux décennies après sa mise sur le banc de touche pour sa silhouette en bikini, Demi Moore, dépèce ce sentiment dans The Substance de Carolie Fargeat, prix du scénario à Cannes. Elle y interprète une actrice et présentatrice TV, dépassée par son âge et qui décide de prendre "la substance" pour devenir une nouvelle version améliorée d'elle-même – plus jeune et plus belle – incarnée par Margaret Qualley.

A travers le body-horror, le gore et l’extrême, le film s’attaque à la violence que les femmes subissent et se font subir elle-même dans l’espoir de correspondre à un idéal – une meilleure version d’elle-même selon des critères imposés par les hommes. On questionne son poids, sa poitrine, ses rides. On fait des régimes, et The Substance décrypte la violence interne et externe générée par cette situation.

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Pour Demi Moore, le script était "une manière unique d’explorer les problématiques liées à l’âge, au conditionnement social, tout ce qui est lié à la pression mise par l’idéal féminin vu par les hommes, et ce à quoi, en tant que femmes, nous avons adhéré."

The Substance sort au cinéma le 6 novembre.