Boulevard de la mort
TFM Distribution

Le réalisateur le cite pourtant comme son "moins bon" film.

Arte rediffusera ce dimanche Boulevard de la mort, la moitié du diptyque Grindhouse conçu avec Planète terreur, d'Eli Roth en 2007. Si Quentin Tarantino le considère comme le plus faible de sa filmographie (il disait en 2015 : "Mon pire film, c'est clairement Boulevard de la Mort. Ça ne veut pas dire qu'il est mauvais, simplement que c'est le moins bon."), Première vous le conseille quand même. 

A sa sortie, déjà, la rédaction avait apprécié cette histoire de vengeance d'une bande de filles contre un tueur en série sadique et misogyne. Kurt Russell y joue un ancien cascadeur qui tue des femmes parce qu'elles sont des femmes, leur proposant de les conduire quelque part dans sa voiture, avant de faire foncer son bolide. Il a alors intentionnellement des accidents, mortels pour ses victimes, mais pas pour lui. En découvrant cette explosion de violence entrecoupée de longs dialogues, Nicolas Schaller reconnaissait le talent du cinéaste pour construire quelques scènes de "pur plaisir", notamment le final du film, jouissif, quand les filles prennent enfin leur revanche et que le film bascule d'un univers fantasmé à la réalité cruelle : "Œuvre mineure d’un génie en roue libre, Boulevard de la mort est un film sado-maso. Sado dans sa première partie où Stuntman Mike (initiales SM !!!), le tueur-cascadeur interprété par Kurt Russell, malmène puis viole une bande de bimbos, chaudes comme la b(r)aise, à l’aide de sa Chevy Nova customisée « à l’épreuve de la mort ». Maso dans sa seconde quand SM, confronté à d’autres pépées plus coriaces, passe un sale quart d’heure. Sado-maso parce qu’il faut souffrir durant d’interminables scènes de babillages entre filles et supporter une construction dramaturgique binaire, audacieuse mais redondante, pour jouir des quelques moments de pur plaisir qu’offre le film. Parmi eux, la collision orgasmique de deux bagnoles lancées à toute berzingue et une poursuite dantesque dotée d’une séquence saisissante, emblématique du cinéma de Tarantino, où les deux bolides vintage débarquent au beau milieu du trafic autoroutier, illustrant le glissement d’un univers 70’s fantasmé au monde réel."

Grindhouse : Quentin Tarantino explique l’échec commercial des deux films

Comme Kill Bill, Boulevard de la mort est devenu encore plus intéressant à (re)voir quelques années plus tard, tant il évoque en filigrane la perversité de Harvey Weinstein, le producteur historique du réalisateur, accusé de viols et d'agressions sexuelles par de multiples femmes, en 2017. Quentin Tarantino a par ailleurs fait un clin d'oeil malin à son "petit" film dans sa dernière réalisation, Once Upon a Time... in Hollywood, en offrant à Zoë Bell et Kurt Russell les rôles d'un couple de cascadeurs, dont la relation fait écho à leurs personnages de Grindhouse. Boulevard de la mort a plus généralement inspiré au cinéaste le personnage de Brad Pitt dans cette oeuvre riche sur la vie américaine du tournant des années 1970.

Après quelques années, le film est ainsi remonté en bonne place dans notre top des meilleures réalisations de Tarantino : "Dès qu'on oublie le cahier des charges irritant du projet Grindhouse (pelloche rayée, titrage vintage, références balourdes) de la première partie et les dialogues paresseusement étirés à l'infini sur les meilleurs films de bagnole ad nauseam (QT n'est jamais pire qu'en mode autocitation), on tient là un vrai bon film d'exploitation, terriblement sexy, avec peut-être la meilleure playlist jamais mixée par Tarantino ("The Love You Save" de Joe Tex : plus belle chanson du monde) hyper féministe -les proies se rebellent face au prédateur. Boulevard de la mort donne aussi un rôle génial à Zoë Bell, la doubleuse cascades d'Uma Thurman dans Kill Bill. Bon signe : échec en salles, Tarantino -à l'instar de Spielberg avec Le Temple maudit- déteste le film. Et pourtant au finish Boulevard de la mort est la meilleure face B de la filmo de Quentin."


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