Le cinéaste de Printemps, été, automne, hiver... et printemps, primé à de nombreuses reprises dans des festivals internationaux est décédé à l’âge de 59 ans.
Au début des années 2000, le cinéma d’auteur sud-coréen déferle en Occident. Hong Sang-soo, Park Chan-wook, Bong Joon-ho, Kim Jee-woon..., deviennent les nouveaux rois des festivals internationaux. Dans cette confrérie, Kim Ki-duk - qui vient de décéder du Covid-19 à l’âge de 59 ans en Lettonie - faisait figure de loup solitaire un peu rebelle. Son cinéma qui refusait la stylisation d’un Park Chan-wook (Old Boy) par exemple, tout en acceptant un certain lyrisme, avait quelque chose de vénéneux. En France, le succès surprise en avril 2004 de Printemps, été, automne, hiver... et printemps (plus de 200 000 entrées), place le « Duk » - comme le surnomme alors la revue Technikart- au sommet de cette Nouvelle Vague. La sensualité zen de son film qui suit au fil de saisons l’évolution des sentiments de plusieurs personnages, renvoie une sérénité apaisante. La mise en scène caressante en harmonie avec une nature souveraine masque cependant une brutalité souterraine qui explosera dans les films suivants et ceux qui, bien que plus vieux, ont été découverts à rebours. L’île, Adresse inconnue, The Coast Guard,Samaria, dévoilent ainsi un esprit torturé. Le monde du « Duk » est peuplé de jeunes solitaires inadaptés à une société qui refusent leurs différences. Dans le magnifique Locataires (2004) – peut-être son plus beau film – un sans domicile fixe s’introduit dans des appartements, y séjourne quelques heures sans rien dérober, allant même jusqu’à y effectuer du ménage et des travaux de réparation. Duk avait obtenu un Lion d’Argent à la Mostra de Venise pour Locataires.
Accusations
Kim Ki-duk ressemblait un peu à ses personnages, des marginaux taiseux pris dans l’engrenage d’aventures plus ou moins désirées. Le futur cinéaste a connu mille vies avant de réaliser. Venant d’un petit village de l'est de la Corée du Sud, il débarque sans un sou à Séoul, s’engage dans la marine, pense à devenir prêtre avant de jouer les routards en France. C’est là, à l’orée des nineties qu’il découvre le cinéma et notamment Mauvais sang de Leos Carax, dont le caractère sauvage et mélancolique va bientôt infuser sa propre création.
Surdoué Kim Ki-duk fut une bête à concours et son cinéma triompha un peu partout : Locarno, Berlin, Venise, Cannes..., sans que le rythme soutenu de sa production (un film par an) n’ait entamé son inspiration. En 2012, sa Pieta reçoit un Lion d’or à la Mostra. Récemment, plusieurs comédiennes avaient accusées le cinéaste de violences physiques et sexuelles. Kim Ki-duk avait porté plainte pour diffamation.
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