Un guide pour savoir par quel bout rentrer dans l'anthologie policière expérimentale de Netflix.
Quatre pays. Douze épisodes. Une vingtaine de flics spécialisés dans les interrogatoires. Criminal, c'est une drôle d'expérience menée par Netflix, en France, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Espagne. Une polar en huis-clos, qui raconte les techniques pour faire passer des suspects aux aveux. Le résultat est fascinant, captivant, mais inégal. Alors quels épisodes de cette anthologie faut-il découvrir en priorité ? Et lesquels peuvent être oubliés ? Voilà notre classement.
Avec Criminal, Netflix réinvente intelligemment le polar confiné (critique)1. Émilie (France)
C'est probablement le plus fort de tous. La prestation de Sara Giraudeau (Le Bureau des Légendes) en manipulatrice fragile, est ahurissante. C'est aussi, pour nous Français, un épisode particulièrement frappant puisqu'il revient sur la tragédie du Bataclan, sous un angle différent, beaucoup plus personnel, presque intimiste. Le face à face entre cette jeune femme qui a perdu son amoureux dans l'attentat et le flic stoïque et cinglant, incarné magistralement par Laurent Lucas, est à couper le souffle.
2. Stacey (Grande-Bretagne)
Méconnaissable Agent Carter, avec ses mèches roses et sa veste de jogging, l'actrice Hayley Atwell porte cet épisode, qui parle des femmes battues, et de l'amour entre soeurs. Un épisode écrit magnifiquement, qui multiplie les retournements et les révélations en moins de 40 minutes, pour un final vraiment touchant.
3. Jochen (Allemagne)
Si vous aimez les twists, vous allez être servis avec le premier épisode de Criminal : Allemagne. Sylvester Groth (que vous reconnaîtrez peut-être de Dark) joue un flic bourru issu de l'Allemagne de l'est, qui interroge un riche magnat de l'immobilier venu de l'Ouest, et qui a fait fortune grâce à la chute du mur. Un face à face passionnant, qui joue habilement avec les cicatrices de l'Allemagne réunifiée, et qui réussit au passage à nous mener en bateau avec brio.
4. Edgar (Grande-Bretagne)
Un épisode glaçant, qui tient largement sur la prestation de David Tennant. L'ancien Doctor Who et Kilgrave de Jessica Jones y incarne un docteur accusé d'avoir violé et assassiné sa belle fille. Est-il coupable ou innocent ? Faut-il se fier à sa tête de psychopathe ? Une chose est sûre : les enquêteurs britanniques vont s'arracher les cheveux sur son cas.
5. Caroline (France)
Un homme est retrouvé mort sur un site de construction, après une chute mortelle. La directrice du chantier, femme d'affaires féroce et dure au mal, est convoquée pour être entendue par les enquêteurs. Evidemment, elle cache quelques secrets... Nathalie Baye est encore une fois parfaite dans cet épisode, qui parle magnifiquement de la situation délicate des femmes aux responsabilités. Ou comment l'histoire de la suspecte fait miroir avec la jeune chef de groupe (jouée par Margot Bancilhon), qui peine à imposer son autorité sur les autres enquêteurs.
6. Claudia (Allemagne)
Une affaire à la Marc Dutroux, incroyablement sordide. L'histoire d'une femme qui a aidé son compagnon à violer, tuer et enterrer une demi-douzaine d'adolescentes. Vingt ans plus tard, le Capitaine Schultz, marqué profondément par l'affaire, cherche à la finir : il veut savoir où a été enterré le corps de la première victime, pour que sa mère mourante, puisse enfin l'enterrer avant de quitter ce monde. Un interrogatoire brutal, aux révélations terrifiantes.
7. Jérôme (France)
Il est question de crime de haine dans cet épisode, et plus précisément de crime homophobe, alors qu'un jeune gay a été passé à tabac et se retrouve à l'hôpital entre la vie et la mort. Un vendeur macho à qui tout réussi, marié et père de famille, est alors le suspect numéro 1. Les faux semblants fonctionnent à plein de cette affaire puissamment incarnée par Jérémie Renier, qui ne manque pas de rebondissements, même si les retournements sont un peu gros.
8. Yilmaz (Allemagne)
C'est surtout l'avocat qui mérite le détour dans cet épisode. Froid comme une lame, et avec un agenda derrière la tête, il manipule à la fois son client et les autorités, quelque peu dépassées par cette affaire, qui évoque à nouveau la fracture sociale entre l'est et l'ouest, mais d'une manière plus grossière.
9. Carmen (Espagne)
De manière assez nette, la trilogie espagnole de Criminal est la moins réussie des quatre, notamment parce que les personnages sont moins incarnés. Les enquêteurs sont plus dans une dynamique de soap douteuse, mais cette affaire tragique de fillette autiste, retrouvée noyée dans sa baignoire, est suffisamment forte pour rester accrocheuse.
10. Jay (Grande-Bretagne)
La série joue à fond la carte du contexte politico-social actuel, avec un interrogatoire tournant autour des migrants. Un routier est accusé d'avoir emmené illégalement des sans-papiers jusqu'en Angleterre, depuis l'Europe. Mais la joute verbale entre les policiers et le suspect tourne en rond, enfonce des portes ouvertes et se termine sur une chute relativement pauvre.
11. Carmelo (Espagne)
L'anthologie patine ici et se fourvoie, en incorporant des éléments feuilletonnants à une intrigue qui concerne directement l'une des enquêtrices. Ce n'est pas ça qu'on vient chercher dans Criminal.
12. Isabel (Espagne)
La tension n'arrive jamais à grimper dans cette histoire grotesque de dresseuse pour chiens, qui cache son frère trafiquant de drogues, alors qu'un de ses amants a visiblement été découpé dans sa cave. Tout ça n'est pas très sérieux. En tout cas, on n'y croit jamais, surtout quand le dalmatien débarque dans la salle pour retourner la suspecte...
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