France 2 marque un grand coup en diffusant le film en deux parties Toussaint Louverture mardi 14 et mercredi 15 février. Cette fiction sur le destin d'un homme qui a lutté contre la colonisation et l'esclavage en Haïti permet de découvrir ce personnage historique hors-norme. Mais attention à ne pas confondre fiction et réalité ! C'est le message de Marcel Dorigny, historien, maître de conférences à l'université de Paris VIII, et de Philippe Pichot, chef de projet développement du château de Joux Toussaint Louverture, interrogés par Premiere.fr.
France 2 marque un grand coup en diffusant le film en deux parties Toussaint Louverture mardi 14 et mercredi 15 février. Cette fiction sur le destin d'un homme qui a lutté contre la colonisation et l'esclavage en Haïti permet de découvrir ce personnage historique hors-norme. Mais attention à ne pas confondre fiction et réalité ! C'est le message de Marcel Dorigny, historien, maître de conférences à l'université de Paris VIII, et de Philippe Pichot, chef de projet développement du château de Joux Toussaint Louverture, interrogés par Premiere.fr.Les avis sont unanimes : la fiction de France 2 Toussaint Louverture, produite par France Zobda a le mérite d'exister. Marcel Dorigny, comme Philippe Pichot soulignent l'importance de mettre sur le devant de la scène ce personnage historique important de l'histoire de la lutte contre l'esclavage, trop peu connu en France. "Il y a peu de lycées, d'écoles ou de rues qui portent le nom de Toussaint Louverture en France !" remarque l'historien Marcel Dorigny.Pour Stéphane Pichot, "il faut rendre hommage à la productrice, France Zobda, d'avoir fait preuve de courage et d'abnégation pour aller au bout de ce projet. Le premier film consacré à Toussaint Louverture en 80 ans !"Tous deux insistent également sur la qualité du film. "Ce film, c'est bien qu'il existe précise Marcel Dorigny. Il a beaucoup de qualités, les acteurs jouent bien, le fond historique est correct. Mais on doit nuancer, car certaines choses ont été créées de toute pièce pour choquer le téléspectateur. Finalement, les téléspectateurs vont garder en mémoire les images les plus marquantes, qui sont aussi les plus fausses !"Historiquement incorrectComme pour tout film historique, le réalisateur Philippe Niang a pris des libertés avec les faits historiques, pour des questions de dramaturgie, d'émotion. Deux scènes notamment posent problème à l'historien Marcel Dorigny : "La scène d'ouverture tragique, dans laquelle on voit Toussaint Louverture assister à la noyade de son père, n'a jamais existé. Son père est mort après lui, en 1804. C'est une scène inventée, et assumée par le réalisateur, qui met les téléspectateurs en condition. Une autre scène est plus problématique : celle dans laquelle le général Caffarelli tue Mars Plaisir d'une balle dans le dos. Je crois que les descendants de Caffarelli sont furieux ! Le général n'a jamais rencontré Plaisir, qui est mort 20 ans après les faits, à Paris, en 1822". Deux grosses libertés avec l'Histoire, qui ont pour objet de "choquer le téléspectateur, donner un côté dramatique au début et à la fin du film" analyse Marcel Dorigny.L'historien s'interroge également sur d'autres erreurs dans la suite du film, qui n'ont pas cet intérêt dramatique : "Je ne comprends pas pourquoi Philippe Niang a fait ça... Si l'on présente les faits comme ils se sont déroulés, c'est aussi simple, non ? Surtout qu'il existe tout ce qu'il faut sur le sujet pour ne pas faire d'erreur ! Des erreurs, des imprécisions, il y en a dans toutes les fictions historiques, mais le réalisateur est allé loin dans les inventions ! Je pense que c'est dû à une mauvaise maîtrise du sujet."A regarder... sans oublier que c'est une fictionDu côté de France 2, on explique que ce film, Toussaint Louverture, est "une fiction et pas un documentaire" mais qu'il a été réalisé " avec des historiens". Le film a été fait en collaboration avec Alain Foix, auteur chez Gallimard d'une biographie de Toussaint Louverture en 2007. Mais cet homme de théâtre, même s'il connaît très bien le sujet, n'est pas historien. D'après nos informations, il aurait d'ailleurs quitté le tournage, pour ne pas cautionner certaines scènes qui l'ont choqué.Alors au final, faut-il regarder Toussaint Louverture, le film diffusé en deux parties sur France 2 ? Oui, répondent les spécialistes ! Marcel Dorigny est très clair : "Il faut regarder ce film, mais sans tout prendre pour argent comptant. Il est important de savoir que tout n'est pas exact ! Alors il faut bien dire aux téléspectateurs qu'ils doivent garder leur esprit critique." Le message est passé.Christelle Devesa
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