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Prenant à rebours toutes les valeurs véhiculées par Twilight, Jennifer’s Body rappelle que l’adolescence est l’âge de toutes les expériences. Ici, on assume pleinement sa sexualité – la scène de la grosse pelle entre filles va faire jaser – et ses mauvaises pensées comme une émancipation épanouissante. Ce côté subversif et, autre bonne nouvelle, l’étonnante prestation de Megan Fox ne rendent pas le film moins brouillon mais offrent une alternative jubilatoire aux assommantes bonnes mœurs du cinéma hollywoodien actuel.
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Resucée du « Carrie » de Brian De Palma, ce teen-movie horrifique a de beaux atouts : l’insolente beauté du nouveau sex-symbol de Hollywood, Megan Fox, le charme discret d’Amanda Seyfried (vue en fille de Meryl Streep dans « Mamma Mia ! ») et la patte de la scénariste Diablo Cody (« Juno ») mêlant satire de l’Amérique profonde et féminisme bon enfant. Le film peine pourtant à se démarquer de la moyenne des productions du genre, desservi par une mise en scène qui manque singulièrement de mordant.
Toutes les critiques de Jennifer's Body
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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A défaut de produire le souffle d'une bombe, le long§métrage de Karyn Kusama fait l'effet d'un petit vent rafraîchissant au milieu d'un cinéma fantastique balayé par les effluves plus lourdes du torture flick et des histoires de zombies enragés. (...) c'est dans une telle zone grise, entre chien et loup, entre humanité et monstruosité, que se trouve coincée Needy, passée l'illusion d'un happy end factice.
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(...) il y a du sang, des tripes, des transformations, de l'érotisme sous-jacent, de la musique rock avec le jeune gratin labellisé FBR genre Cobra Starship, Panic At the Disco, de l'action, des clichés, et beaucoup d'humour au degré que vous voulez.
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par Yann Lebecque
Le résultat, empruntant des chemins maintes fois foulés et depuis parfaitement bornés, est pourtant atypique, séduisant, souvent drôle et plus intelligent qu'on aurait pu le croire.
La vision d'une Amérique du Middwest prend ainsi place dans un conte saphique drôle et tragique, où naît un monde à la fois féerique, malade et nourri de pop culture. Megan Fox, la babe FHM - ici en succube -, s'y jette compulsivement sur les hommes comme pour anéantir ce qui nourrit sa célébrité. Nulle revanche féministe castratrice pour autant, même si les mâles font de la figuration. Si son corps est à l'origine du mal et sert de sujet au film, c'est en tant que motif et non substitut morale : à la fois victime et bourreau, elle jette le trouble sur une amitié au féminin. Héritier aussi d'un cinéma post 90's (difficile de ne pas penser à The Faculty, voire The Doom Generation et plus loin, bien sûr, Carrie), Jennifer's Body mélange avec maladresse, mais sensibilité, peinture ingénue de l'adolescence et folklore de série B.
(...) Jennifer's body, teenage movie de la semaine, qu'on aimera savourer - les doigts pleins de mayonnaise et de ketchup - tel un alter-Twililght jubilatoire et incisif, puisque mal embouché et politiquement incorrect.
Au final, les plus beaux atouts de Jennifer's body ne sont pas à dénicher là où l'on croit : éclipsant sans peine la fadasse Megan Fox, Amanda Seyfried est LA révélation du film, ce dernier devenant subitement intéressant dès lors que les rôles sont inversés (...) Dommage, c'est justement pile§poile à ce moment que se termine le long-métrage. Un peu comme si, après d'interminables préliminaires maladroits mais recelant en eux les espoirs d'une fougueuse chevauchée finale, une éjaculation précoce était venue mettre un brutal terme à l'expérience, alors que celle-ci commençait enfin à être motivante.
Un discours attendu, dont le puritanisme sous-jacent est tempéré par l'insolence que permet la fable horrifique, qui tacle au passage le système d'éducation américain.
Une comédie horrifique rock, un brin gore et gentiment trash. Atout choc de cette satire du microcosme ado teintée d'une point de féminisme: la somptueuse Megan Fox (Transformers), épatante à contre-emploi dans son rôle de goule "sangsuelle" et mortelle.
Mû par une suffisance de petit malin, le scénario tricote à toute vitesse l'abécédaire du genre, flirtant avec l'ironie d'un Craven (le prof manchot qui distribue les copies avec son crochet, persiflages ados en cours de sciences nat, remake déguisé des Beaux gosses) pour s'écharper dans une distanciation pompeuse qui n'avoue pas son nom. (...) Si elle y laisse des plumes, Kusama survole tout cela trop vite pour exploser définitivement sur le terrain miné de Cody, la cinéaste se requinquant aux lignes les plus classiques du récit.
Film d'épouvante bien mené, Jennifer's Body se révèle aussi un portrait au vitriol de la vie lycéenne. La relation entre l'héroïne et sa meilleure amie (jouée par Amanda Seyfried, l'autre révélation du film) est montrée de façon encore plus féroce que les massacres perpétrés par la belle goule.
(un) film d'horreur tour à tour parodique et excessif mais constamment drôle et provocateur [...] Dans la jointure qui unit l'intrigue horrifique (simplette et prévisible, quoiqu'amusante) à ce portrait de couple réside la faiblesse du film. On passe d'un pastiche de Wes Craven à une étude psychologique comique plus proche de Juno.
C'est quand il fait le choix du spectaculaire - avec effets spéciaux et hémoglobine - que le film est le plus abouti. Mais il ne parvient pas toujours à approfondir ce qui est son véritable sujet : être ado, c'est une pure horreur...
Ecrit par Diablo Cody, starlette du scénario sur les jeunes filles en fleur mais too much, Jennifer's body est une sorte de farce horrifique vaguement tapageuse et même pas érotique.
Lorgnant du côté de la tradition horrifique teen, façon Carrie, Buffy ou Twilight, avec son attirail pop et ses problématiques sexuelles sous-jacentes, Jennifer’s Body n’arrive jamais à la cheville de ses modèles. C’est que, fières de leurs dialogues trash et de leurs situations racoleuses, Cody et Kusuma se veulent plus malignes que leur matériau et le doublent d’une dimension de farce semi-parodique : la description des émois adolescents ne s’accommode jamais du cynisme.
Démonstratif dans sa manière subite d’abattre toutes les cartes du suspense (sans révéler les rebondissements, on se contentera de dire que l’explication est des plus décevantes), Jennifer’s body dérive soudainement vers le teen movie lambda aux ficelles grossières. Les sous-entendus lesbiens, avec notamment une longue scène de baiser en gros plan entre les deux protagonistes, deviennent finalement plus putassiers que sincères et, alors que s’approche le bal de fin d’année, on commence à trouver ce carnaval de goules un peu longuet et totalement futile. Ce n’est pas que cela soit foncièrement mauvais - la mise en scène est plutôt attrayante et les deux comédiennes sont des plus intrigantes -, mais nos sens restent sur leur faim - de chair, de violence et d’angoisse.
Son [Karyn Kusama] teen movie sexo-horrifico-humoristique ne remplit aucun de ses contrats : il reste désespérément chaste (malgré un baiser lesbien), terrorise autant qu'un épisode de Scooby-doo et ne nous arrache pas plus de trois sourires. Dynamiter le genre fantastique façon Wes Craven signifie se jouer des clichés, pas les égrener.