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Souvenez-vous, il y a douze ans sortait The Cell, un thriller ésotérique avec Jennifer Lopez, réalisé par un petit génie venu de la pub répondant au nom énigmatique de Tarsem. Le studio New Line, devenu une minimajor grâce au carton de Se7en, pensait alors rééditer l’exploit avec ce film dans lequel J-Lo était prisonnière de l’esprit d’un tueur en série. C’est là que les choses se corsèrent, le metteur en scène leur ayant livré un délire baroque qui aurait plutôt eu sa place au musée que dans les multiplexes. Charcuté par les producteurs, The Cell laissera finalement tout le monde sur le carreau : le public, qui n’y comprendra rien, et Tarsem qui traînera sa réputation de type ingérable pendant une traversée du désert qui durera six ans. Il refera surface en 2006 avec The Fall, conte onirique indé qui, malgré la caution de ses potes Spike Jonze et David Fincher, ne sera pas vu en dehors des festivals.Singh Alléluia ?Cinq ans plus tard, Tarsem retrouve son nom de famille (Singh) et revient tête baissée à Hollywood. Mark Canton, le producteur de 300, qui se verrait bien reproduire le succès du péplum numérique de Zack Snyder, l’engage pour diriger War of the Gods. Court-circuité par Le Choc des Titans, au scénario similaire, le film devra changer de titre (Les Immortels) et sortira un an après en salles. Trop tard : le public a eu sa dose de mythologie au ralenti et réserve un accueil timide au wannabe blockbuster. Le réalisateur, qui avait joué le jeu et paradé dans toutes les conventions geek, a expié dans le vide. Qu’à cela ne tienne, il accepte de mettre en scène Blanche-Neige dans la foulée, mais la poisse le poursuit. Un projet concurrent plus ambitieux (Blanche-Neige et le Chasseur, de Rupert Sanders) vient jouer des coudes sur le calendrier. Même si le film de Singh réussit à sortir en premier, le mal est fait… Tarsem est l’auteur de « l’autre » Blanche-Neige, celui qui ressemble à une meringue géante mettant en scène une star à bout de souffle (Julia Roberts) et qui se fait laminer au box-office. Un échec dont le cinéaste ne se relèvera peut-être pas, mais qui contribue encore plus à sa légende de wonderboy déchu. On parie qu’au fond de lui, Tarsem – Singh ou non – préfère de loin ça à l’anonymat.Mathieu Carratier