De The Lighthouse à La Dernière vie de Simon, découvrez la sélection de Première.
Alors que la crise du Covid-19 sévit toujours, la vidéo à la demande constitue plus que jamais une valeur refuge, que ce soit pour les distributeurs, qui ont vu leurs recettes en salle chuter drastiquement, ou les cinéphiles qui ne sentent pas prêt à retourner au cinéma ou ne trouvent pas leur bonheur dans les films à l’affiche alors que la quasi totalité des blockbusters ont décalé leur sortie à 2021.
C’est dans ce contexte très particulier qu’arrive la cinquième édition de la Fête de la VOD. Un évènement qui permet, pendant quatre jours, de rattraper les dernières nouveautés ou de (re)voir des classiques à prix cassé : comptez seulement 2 euros pour la location et 5 euros pour un achat digital. Des milliers de titres sont proposer pendant l’opération, qui démarre ce jeudi 8 octobre et se termine le dimanche 11, aussi pour vous aider à faire votre choix la rédaction vous a concocté une petite sélection de douze longs-métrages sortis récemment. Vous pouvez retrouver tous ces films (et bien d'autres) sur le site officiel de la Fête de la VOD.
Le Cas Richard Jewell (de Clint Eastwood)
Le dernier Clint Eastwood n’a pas particulièrement secoué le box-office français lors de sa sortie en février (795 000 entrées, en-deçà des scores habituels du doyen des cinéastes US). A cause de son sujet trop ricain (l’attentat des J.O. d’Atlanta, en 1996) ? Du déficit de notoriété de sa tête d’affiche (le pourtant excellent Paul Walter Hauser) ? C’est d’autant plus dommage qu’on tient là l’un des meilleurs Eastwood de récente mémoire : une dissection magistrale des emballements médiatiques du pays de l’Oncle Sam, de ses errements idéologiques et de sa relation d’amour-haine avec ses héros. Franchement, vous vous en voudriez de rater ça.
La Dernière vie de Simon (de Léo Karmann)
Pour son premier film, Léo Karmann (fils de Sam) se risque au fantastique avec cette histoire d’un garçon capable de changer de peau en touchant quelqu’un. Une sorte de Zelig grave (le film opte pour un ton mélodramatique) qui établit qu’on peut très bien faire du cinéma de genre sans moyens. Avec la révélation Benjamin Voisin (avant Été 85) en prime.
A couteaux tirés (de Rian Johnson)
Déçu par l’annonce du report du prochain James Bond ? En manque de Daniel Craig ? C’est sans doute le moment de (re)voir le très ludique et jouissif A couteaux tirés, un « film-Cluedo » ourdi par un Rian Johnson tout juste remis de l’aventure des Dernier Jedi, et interprété par notre 007 préféré, totalement déchaîné en Hercule Poirot du Kentucky. Ce murder mystery iconoclaste, qui peut aussi se regarder comme une amusante satire de l’Amérique trumpiste, est portée par une distribution de première classe, en tête de laquelle trône l’épatante Ana de Armas. Qu’on a hâte de retrouver dans, euh… Mourir peut attendre, oui.
La vérité (de Hirokazu Kore-Eda)
Kore-Eda propose un étrange jeu des apparences où Catherine Deneuve interprète une icône du cinéma qui vient de publier ses mémoires. Sa fille débarque des Etats-Unis et découvre, à sa grande surprise, que le livre de sa mère est truffé de mensonges... Le face à face entre Catherine Deneuve et Juliette Binoche est jouissif. Le cinéaste japonais Kore-Eda montre qu'il a mieux compris que personne notre cinéma français !
The Lighthouse (Robert Eggers)
Le très doué Robert « The Witch » Eggers poursuit son exploration des limites du genre horrifique en confinant Willem Dafoe et Robert Pattinson sur une île déserte, dans cette variation hallucinatoire sur le cinéma expressionniste allemand des années 20. Noir et blanc sublime, visions cauchemardesques… Pas toujours compréhensible, mais indéniablement scotchant : l’un des bad trips ciné les plus mémorables de ces dernières années.
Dark Waters (de Todd Haynes)
Le précieux Todd Haynes, plutôt adepte de films expérimentaux et stylisés (I’m not there, Carol), signe un procedural movie classique dans lequel Mark Ruffalo incarne un avocat qui se retourne contre son employeur, un groupe chimique à l’origine d’une pollution dans sa région natale... L’académisme n’est pas forcément un vilain mot : Todd Haynes le prouve ici, en pointant au passage un scandale sanitaire qui résonne beaucoup avec 2020.
Monos (d’Alejandro Lados)
Dans les nuages des montagnes andines, une bande d’ados s’entraînent à la guérilla sous la direction d’un nain orgueilleux. On leur confie la tâche de surveiller un otage, une femme médecin… Un premier long comme on aime, violent, visuellement frappant, perdu dans la jungle. Vraiment trippant.
La fameuse invasion des ours de Sicile (de Lorenzo Mattotti)
Une adaptation haute en couleurs d'une nouvelle de Dino Buzatti qui fustige le manque de fraternité des hommes. L'histoire met en scène un ours parti se confronter aux à ses voisins humains pour retrouver son fils et qui va déclencher une guerre. L’animation de Lorenzo Mattotti est traversée de lignes de force magnifiques, qui donnent aux scènes de bataille un élan très particulier, dans des paysages semblant sortis de tableaux. Un régal pour petits et grands.
Un fils (de Mehdi M. Barsaoui)
Une embuscade au cœur de la Tunisie, au moment des soubresauts du Printemps Arabe. Un enfant de 10 ans grièvement blessé et condamné à une mort certaine sans greffe rapide d’un foie. Et un couple qui entre en zone de fortes turbulences : sa mère doit- elle avouer à son mari qu’il n’est pas le père de cet enfant, sous peine de ne pas pouvoir faire appel sinon au seul donneur compatible : son amant ? Le premier long métrage de Mehdi M. Barsasoui se vit comme un suspense haletant sur fond de dilemmes moraux insolubles et d’un face à face entre deux magnifiques comédiens : Najla Ben Abdallah et Sami Bouajila
Les Filles du Docteur March (de Greta Gerwig)
En portant à l’écran le classique de Louisa May Alcott (après, entre autres, George Cukor, Mervyn LeRoy et Gillian Armstrong), Greta Gerwig réussit un tour de force : faire dialoguer l’histoire de ces quatre sœurs - les liens indéfectibles qui les unissent comme leurs rivalités - avec les préoccupations féministes de ce début de 21ème siècle sans moderniser ce roman à outrance, ni le trahir. Le tout porté par un casting remarquable, dominé par un duo- duel d’exception : Saoirse Ronan et Florence Pugh
Brooklyn affairs (d’Edward Norton)
Vingt ans après Au nom d’Anna, Edward Norton repasse derrière la caméra pour adapter Les Orphelins de Brooklyn, le polar de Jonathan Lemm, dont il tient aussi le rôle central : un détective privé souffrant du syndrome de Gilles de la Tourette qui enquête sur le meurtre de son mentor et unique ami. Une plongée majestueuse dans le New- York des fifties sublimée par le nouveau tour de force de Dick Pope (Mr. Turner) à lumière qui donne parfois l’impression de se balader dans un tableau d’Hopper et une BO traversée par des décharges de be- bop furibardes.
Manhattan Lockdown (de Brian Kirk)
Le regretté Chadwick Boseman ne se sentait jamais autant à l’aise que lorsqu’il incarnait des personnages investis par un principe supérieur (James Brown, Jackie Robinson, T’challa) : dans ce thriller bis et bien shooté, il incarne un flic flingueur et justicier, plombant des flics ripoux blancs avec la détermination d’être littéralement choisi par Dieu pour cette tâche. Chadwick Forever.
Commentaires