À la tête du Syndicat des acteurs, l’ancienne “Nounou d’enfer” mène le combat contre les studios hollywoodiens.
Fran Drescher, l’ancienne héroïne de la série des années 90 Une nounou d’enfer se tient en première ligne d’un mouvement social inédit à Hollywood. L’ex-comédienne, désormais présidente du syndicat des acteurs SAG-AFTRA, était déjà aux côtés des scénaristes lorsqu’ils ont cessé toute activité en mai dernier. Sans avoir pu obtenir un accord convenable avec les studios, le syndicat et ses 160 000 membres se sont joints au mouvement le 13 juillet dernier. Drescher est alors devenue le visage et la porte-parole de la grève.
“On voulait à tout prix éviter la grève. La plupart de nos membres ne gagnent pas 10 000 dollars par an (...) lls font partie de la classe populaire, alors le poids de cette mobilisation est très lourd. Mais ils nous ont donné tout leur soutien, et nous en avions besoin (...) Souvenez-vous : Tom Cruise et les plus gros acteurs ont leurs propres accords. Ce n’est pas pour eux que l’on fait grève, mais pour les travailleurs précaires”, a-t-elle expliqué à Variety ce mercredi.
Durant les manifestations, notamment devant les studios Paramount Pictures à Los Angeles, l’ancienne comédienne se montre plus déterminée que jamais, et remontée contre les studios dont elle ne cautionne pas les méthodes. Drescher exprime également un certain regret d’avoir été “naïve” au début des négociations :
“Avec du recul, je peux voir que l'on s’est fait manipuler. Je suis arrivée avec un certain niveau de confiance, je pensais qu’on serait capables d'obtenir un accord. Mais au fur et à mesure, j’ai commencé à comprendre qu’ils allaient jouer sur la défensive (...) Nous leur avons donné 12 jours supplémentaires pour qu’ils reviennent avec des propositions vraiment significatives. Mais ils voulaient juste avoir plus de temps pour promouvoir leurs films de l’été, ils n’ont jamais eu l’intention d’utiliser cette extension pour autre chose”, a-t-elle expliqué.
Visiblement, ce délai était l’occasion pour les studios de donner un dernier coup de collier à la promotion de Barbie et Oppenheimer, qui représentent deux bouées de sauvetage dans le naufrage d’Hollywood. Et en effet, le timing était serré : le nouveau film de Christopher Nolan a à peine eu le temps de boucler ses tapis rouges. Jeudi dernier, tout le casting a quitté l’avant-première londonienne dès que la grève a été officialisée. Une semaine plus tôt, et la promo tombait à l’eau.
Mais Fran Drescher n’a pas dit son dernier mot, et ne craint pas les conséquences de son nouveau statut. “J’ai eu une carrière fantastique. Si l’industrie décide de me blacklister car je suis du côté de la justice, ça m’est égal”, a-t-elle conclu.
Pour rappel, les acteurs revendiquent une meilleure rémunération, et craignent l’arrivée progressive de l’intelligence artificielle dans le secteur. Au-delà des effets spéciaux, de nouvelles technologies ont été présentées comme “révolutionnaires” par les studios, pour cloner les visages des figurants et des acteurs à l’écran. Une aubaine pour ces géants de l’industrie : une seule journée de travail à payer, et une utilisation infinie de l’identité des comédiens dans différents films.
De nombreux tournages ont dores et déjà été repoussés depuis le 13 juillet, notamment Gladiator 2, Captain America 4, Stranger Things, Avengers: Kang Dynasty, et Emily in Paris. Hollywood n’avait pas connu un mouvement social d’une telle ampleur depuis 1960.
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