C’est le nouveau "j’ai pris 30 kilos".
Seven Sisters arrive ce soir à la télévision, pour la première fois en clair, sur M6. Dans ce film d'action de Tommy Wirkola, Noomi Rapace incarne les sept soeurs du titre, des héroïnes au caractère très différent. Le pitch ? 2073. La Terre est surpeuplée. Le gouvernement décide d’instaurer une politique d’enfant unique, appliquée de main de fer par le Bureau d’Allocation des Naissances, sous l’égide de Nicolette Cayman. Confronté à la naissance de septuplées, Terrence Settman décide de garder secrète l’existence de ses 7 petites-filles. Confinées dans leur appartement, prénommées d’un jour de la semaine, elles devront chacune leur tour partager une identité unique à l’extérieur, simulant l’existence d’une seule personne : Karen Settman. Si le secret demeure intact des années durant, tout s’effondre le jour où Lundi disparait mystérieusement…
Lors de la sortie du film, durant l'été 2017, cette façon de démultiplier une actrice ou un acteur à l'écran était particulièrement à la mode, et Première s'était penché sur ce phénomène. Flashback.
Les actrices et les acteurs, en particulier à Hollywood, aiment accompagner leurs performances de prouesses peu communes : prendre ou perdre 30 kilos, se barder de muscles, se vieillir ou s’enlaidir sous une tonne maquillage, se travestir, jouer un handicapé. Tous les moyens sont bons pour époustoufler les spectateurs et impressionner les jurys de remises de prix. Daniel Day-Lewis peut en témoigner.
La vogue du changement de poids extrême à la Christian Bale, à laquelle ont également succombé Matthew McConnaughey, Jake Gyllenhaal et d’autres, semble un peu passée aujourd’hui. La grosse tendance actuelle, c’est plutôt d’incarner plusieurs personnages dans un même film (ou une même série), à l’image de Noomi Rapace de Seven Sisters.
Une mode qui est loin d’être nouvelle. Jouer plusieurs personnages dans un même film, c’est même vieux comme le cinéma moderne. En 1949, déjà, Alec Guinness incarnait neuf membres d’une famille dans Noblesse Oblige, de Robert Hamer. Peter Sellers s’imposa également comme un spécialiste du genre : il tint plusieurs rôles dans La Souris qui rugissait (1959), puis deux fois pour Kubrick dans Lolita (1962) et surtout Dr Folamour (1964), où il interprète trois des personnages principaux.
Jerry Lewis connut aussi un grand succès avec son double rôle dans Docteur Jerry et Mister Love (1963), tout comme Eddy Murphy dans le remake, Le Professeur Foldingue (1996), avec en point d’orgue la pétaradante scène du diner où le comédien incarne (presque) tous les membres de la famille Klump. Mes doubles, ma femme et moi (1996), réalisé par Harold Ramis, fut en revanche un échec.
En France, les exemples se font nettement plus rares, mais on peut au moins noter Les Anges Gardiens (1995), où Gérard Depardieu et Christian Clavier jouent deux rôles chacun, et La Gueule de l’autre (1979), avec Michel Serrault.
Vous l’aurez compris, cette mode a longtemps été cantonnée au registre de la comédie, et la nouveauté dans sa résurgence actuelle est donc qu’elle se diffuse dans d’autres genres, comme le thriller ou a science-fonction. Virage que préfigurait le double rôle de Jeremy Irons dans Faux-Semblants (1988), de David Cronenberg, où l’acteur campait deux vrais jumeaux avec un grand nombre de plans communs. Et ce sur le petit comme le grand écran.
En l’espace de quelques années, on a ainsi vu Tatiana Gabriele Maslany incarner tous les clones de son personnage dans la série Orphan Black, Tom Hardy dans la peau de jeux jumeaux gangsters (Legend), Ewan McGregor jouer les deux frères de la saison 3 de Fargo, Michael Fassbender les deux androïdes d’Alien Covenant, sans oublier James MacAvoy et les multiples personnalités de Kevin Wendell Crumb dans Split (23, dont une poignée vues à l’écran), et Noomi Rapace qui incarne donc les sept sœurs de Seven Sisters. Même David Simon (The Wire), succombe à la mode dans sa nouvelle série, The Deuce, où James Franco joue deux jumeaux (décidément).
Comme l’a montré le succès de Split, ce type de performance séduit le public et les critiques (à condition que le film ou la série soient bons, bien sûr), mais elle n’a pas encore porté un acteur ou une actrice jusqu’à l’Oscar...
Bande-annonce de Seven Sisters :
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