Première
par Hendy Bicaise
Robert Guédiguian avait déjà écrit des « contes », comme Marius et Jeannette ou À l’attaque !, mais jamais de « fantaisie ». C’est désormais le cas avec ce film où le non-sens prime sur la morale
et l’impondérable sur tout déterminisme social. Une légèreté de ton et d’écriture qui donne l’impression qu’Au fil d’Ariane est tissé de proche en proche. L’errance lunaire de l’héroïne, immergée dans une nouvelle communauté, rappelle alors au mieux Kaurismäki, au pire les derniers Mocky. Mais sans la ferveur humaniste de l’un ni les velléités anarchistes de l’autre. Le cinéaste y ménage tout le monde, des banlieusards les plus endormis aux voyageurs les plus rêveurs. Film facile donc, voire mineur. Seulement, les fans de Guédiguian seraient bien capables de l’ériger un jour au rang de chef-d’oeuvre incompris, à la fois détonant et cohérent dans son cinéma, comme ce fut le cas pour ces deux autres échappées salutaires que sont Les Savates du bon Dieu, de Brisseau, et Coup de coeur, de Coppola. Verdict dans vingt ans.