Louis Malle a eu du flair pour son premier film.
1957. Fort de son travail sur Le Monde du silence, co-réalisé avec Jacques-Yves Cousteau et couronné par l’Oscar du meilleur documentaire, Louis Malle est en train de boucler son premier long-métrage de fiction, Ascenseur pour l’échafaud, un film noir dont Jeanne Moreau tient le rôle principal. Le jeune réalisateur, alors âgé de 25 ans, est un peu sous pression. Il doit présenter son film pour le prestigieux Prix Louis-Delluc et n’a guère de temps pour finaliser la bande originale. Heureusement, il va pouvoir compter sur le génie de Miles Davis, que son assistant Jean-Paul Rappeneau lui a conseillé d’engager.
De passage à Paris en novembre, pour un concert, le célèbre trompettiste de jazz visionne Ascenseur pour l’échafaud lors d’une projection privée et donne son accord. Rendez-vous est pris le 4 décembre, au studio Le Poste Parisien, où Miles Davis accompagné d’autres musiciens (Barney Wilen au saxophone ténor, René Urtreger au piano, Pierre Michelot à la contrebasse, Kenny Clarke à la batterie) vient enregistrer, en impro, le score du film, en présence de Jeanne Moreau qui est là pour les accueillir. Malle est tendu, contrairement à Davis qui trouve l’exercice plutôt tranquille comparé à un concert à l’Olympia.
Pendant l’enregistrement, Louis Malle explique à un journaliste médusé ce qu’il se passe : "Il a vu le film, et nous avons discuté de ce qu’on pourrait faire, et actuellement avec sa formation, on lui projette les images, et on enregistre directement." Le résultat est tout simplement sublime. La musique de Miles Davis accompagne parfaitement le film, sans trop coller aux images (selon le désir de Louis Malle), comme dans la scène où le personnage de Jeanne Moreau erre dans les rues à la recherche de son amant.
Edité sous forme d’album vinyle, Ascenseur pour l’échafaud (Lift to the Scaffold en anglais) influencera les œuvres suivantes de Miles Davis et restera comme un des monuments de sa discographie. Le film, considéré comme un des fondateurs de la Nouvelle Vague, passera également à la postérité et lancera définitivement la belle carrière son réalisateur.
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