Mad Max. Le nom évoque des images incroyables - caméras dévorant les routes, carambolages surréalistes, crashes, imagerie punk rock. 30 après Mad Max Au delà du dôme du tonnerre (1985), un nouveau Max va débouler sur les écrans de cinéma et si le film entier est à la hauteur de ses trailers, ça va faire très mal. George Miller, le créateur de la trilogie originale, est toujours aux commandes, mais a choisi pour co-pilote l'artiste de comic books punk rock Brendan McCarthy. Pour Première, ce dernier évoque en exclusivité les défis présentés par le projet le plus excitant de l’année prochaine.>> Voir la bande annonce hallucinante de Mad Max Fury Road">>>> Voir la bande annonce hallucinante de Mad Max Fury RoadMon sentiment au vu de la bande annonce, c’est qu'on tient là le Mad Max 3 qu'on espérait en 1985.Effectivement. Fury Road a été conçu comme ça, comme une suite à Mad Max 2, plutôt qu'une continuation du Dôme du tonnerre.Quand vous avez commencé à travailler avec Miller, il y a plus de 10 ans, Mel Gibson devait jouer Max. Et puis finalement, le temps a passé... Et Tom Hardy l'a remplacé. Vous étiez toujours dans le projet quand Hardy est arrivé ?Non, pendant toute mon implication, Mel devait jouer Max. Puis je suis parti ensuite sur un autre projet, suite aux délais... Et Mel a décidé que le momentum pour jouer Max était passé, puis Tom Hardy est apparu dans le radar... C'est un acteur neuf, et intense - j'étais content que George ait parié sur lui.>>> George Miller : "Tout ce que vous voyez dans la bande annonce de Mad Max est vrai"Apparemment le film n'a pas de scénario ? Juste un storyboard ?Pour écrire le script, nous avons utilisé un electro board : une table sur laquelle nous pouvons dessiner et écrire au marqueur. Nous écrivions des dialogues, et je dessinais parfois un design de véhicule ou de personnage, et à la fin de la journée, nous imprimions le tout. Les pages réunies ont fini par former un livre, qui est devenu du coup le scénario. Depuis le temps qu'il fait du cinéma, je pense que George commence à être fatigué de l'approche classique du scénario écrit. Travailler avec moi, qui viens du monde des comics, a dû lui paraître rafraichissant et différent.Etait-ce une démarche consciente de votre part, de se référencer à la trilogie originale ? Je pense au shotgun, à la muselière...Nous avons effectivement voulu référencer des éléments la mythologie Mad Max, comme le shotgun à double canon ou la muselière, et en même temps les retourner. Il y a aussi des références dans le film au cinéma australien des années 70, comme Les voitures qui ont mangé Paris. Un film qui a énormément influencé Miller sur le Mad Max original.Quel est votre lien initial avec Mad Max ? Au siècle dernier, avant l'internet, la VHS et le DVD, pour voir certains films hors du circuit traditionnel il fallait aller dans des cinémas pornos, aux projections de minuit, et se taper des doubles programmes avec des films branques. Une nuit, je me suis retrouvé à un double programme de Mad Max, et Les Voitures qui ont mangé Paris ! Vous imaginez le choc ?! J'étais abasourdi par les deux films. C'était du pur punk rock visuel. George Miller a grandi dans les années 60, donc il était influencé par L'équipée Sauvage, Easy Rider... Il s'est inspiré de ces films pour façonner une vision punk rock, plus dure, plus violente, plus énergique. Quand Mad Max 2 est sorti, avec ses costumes conçus par Norma Moriceau qui avait travaillé sur le film des Sex Pistols La Grande Escroquerie du rock'n'roll... J'ai pété un câble. J'ai vu à l'écran le travail d'un réalisateur qui pour moi était comme une âme soeur. J.G. Ballard, l'écrivain, a dit de Mad Max 2 que c'était la Chapelle Sixtine du punk. Incroyable... Pour notre génération, Mad Max 2 était un film révolutionnaire qui a galvanisé les gens. Le film a symbolisé de manière magistrale ce zetgeist qu'a été le punk. Mais aussi, il a pris ce qu'était Mad Max 1 - et l'a mené bien plus loin. Particulièrement dans la dynamique visuelle, ce sens frénétique et cinétique. La poursuite finale dans Mad Max 2 allait bien plus loin que tout ce qu'on avait vu jusque là. Et c’est encore vrai aujourd’hui.Je revois le film au moins une fois par an. Je suis toujours stupéfait et terrassé par la puissance de la mise en scène dans le climax. Les corps volent, littéralement, pour de vrai. Aucun cinéaste n'a réussi à se hisser ne serait-ce qu'à la cheville des 20 dernières minutes de Mad Max 2. Maintenant, vous aidez Miller à rebooter la série pour le 21e siècle : comment faire pour surpasser un truc pareil ?! Parce-que vous êtes obligés…Quand nous nous sommes mis à travailler sur le projet avec George, nous avons revus Bullitt, Ronin, ainsi que la plupart des films faits depuis les années 80 inspirés de Mad Max, que nous pouvions considérer comme la compétition. Et puis au final, nous nous sommes rendus compte, effectivement, que le seul film avec lequel nous étions vraiment en compétition, c'était Mad Max 2 ! Nous étions en compétition avec nous-même ! Nous avons aussi réalisé que nous ne pourrions jamais refaire un film culte comme Mad Max 2. C’ était un film d'outsider, réalisé en dehors du système, avec des traces de série B dedans. Mais en termes de dynamique et d'immersion dans l'action que nous recherchions, il est devenu une évidence que Mad Max 2 était le canon a l'aune duquel nous devions nous mesurer. Maintenant, oui, comment arriver à surpasser Mad Max 2 ? On ne peut pas produire un film culte sur commande, mais qu'on peut essayer de produire un classique. Et c'est ce qu’on a tenté de faire avec Fury Road.>>> Voir : 100 images folles du dernier trailer de Mad Max Fury RoadMon sentiment est que Miller explore un genre différent à chaque film. Le premier film est un film de samouraï, le second un western, et le troisième un péplum. J'ai l'impression que Fury Road est un survival. Je me trompe ?Le parti-pris de Miller pour ce nouvel épisode est de faire du film une longue poursuite. Effectivement, du coup, nous avons un film qui est sans arrêt en mouvement. Bien entendu, nous y avons ménagé quelques moments de pause... C'est un peu cette structure là, effectivement.Tu connais cette histoire, racontée par Kurt Russell, à qui Miller a projeté une VHS de Mad Max en Australie en 1979, avant que le film soit distribué mondialement ? Kurt s'est pris une immense claque dans la gueule, et à fait New York 1997 avec John Carpenter après, un film sous très grosse influence...Tu sais, il suffit de voir Terminator... Cameron aussi a revendiqué l’influence de Mad Max 2. Je pense que la jeune génération ne saisit pas à quel point ce film a été déterminant pour la suite : les films d'anticipation, les jeux vidéos... Franchement quand j'ai vu Mad Max 2, ma tête a explosé. L'intelligence dans la mise en scène, la manière dont Miller conduit la narration. Le côté post-moderne, comme dans cette scène incroyable où l'un des méchants rattrape le boomerang, et se fait trancher les doigts. Qui arrive après une séquence de snuff effroyable où des barbares violent une femme, vue à travers un télescope ! C’était hallucinant.La barre est vraiment haute quand il s'agit de faire une suite à un chef d'oeuvre pareil, à un film aussi culte que Mad Max 2. Vous avez réussi des moments aussi forts dans Fury Road ?Je ne peux pas spoiler le film ! (rires). Mais on n’a pas réfléchi en fonction des éventuels twists. On a laissé les personnages et l'histoire les dicter. On a opéré des changements massifs dans le scénario, la fin par exemple : on a carrément tout changé, parce qu'on ne voulait pas que ça semble forcé. Au final, à l’écran, c'est la vision de George. Sa vision unique de l'univers Mad Max. Ca a été un grand privilège pour moi de réinventer cette franchise avec lui, et d'arriver à notre but, qui était de faire un nouveau film à la hauteur des précédents.J’estime que George Miller est l'un des plus grands réalisateurs des 35 dernières années, mais qu'il est très sous-estimé.Je suis tout à fait d'accord. Pour moi, il est au rang des grands, Spielberg, Gilliam, Burton... La différence avec George, qui est un innovateur, c'est qu'il ne s'est pas rangé à Hollywood. Il y a fait un court séjour avec Les Sorcières d'Eastwick et son épisode de La Quatrième Dimension... Mais je ne suis pas certain qu'il y ait pris du bon temps ! Mais avec Fury Road, le monde entier va enfin comprendre que George Miller fait partie des plus grands.Interview David FakrikianMad Max : Fury Road de George Miller avec Tom Hardy, Charlize Theron, Nicholas Hoult sortira en France le 13 mai 2015.
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- Brendan McCarthy : "Avec Mad Max Fury Road, le monde entier va enfin réaliser que George Miller fait partie des plus grands"
Brendan McCarthy : "Avec Mad Max Fury Road, le monde entier va enfin réaliser que George Miller fait partie des plus grands"
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