La vie d'une dizaine de chats errants d'Istanbul et de celles et ceux qui les soignent : la recette simple et réjouissante d'un film lumineux.
Les personnes allergiques aux chats (enfin, à leur présence écrasante sur nos écrans et nos réseaux sociaux) feraient bien de ne pas oublier leurs antistaminiques en allant voir Kedi – des chats et des hommes: la réalisatrice Ceyda Torun suit une dizaine de chats errants dans les rues d'Istanbul, étudie leurs habitudes, leurs personnalités. Pour qui porte ne serait-ce qu'un soupçon d'intérêt à la gente féline, Kedi a tout du panard en libre-service à volonté. L'arrière-plan politique du film, difficile à ignorer, est pourtant peu présent : il faut le déduire des images. Ici une construction de tours HLM qui pose problème, là ce plan d'un chat bagarreur et dominateur avec un tag anti-Erdogan en arrière-plan.
Un doc humaniste
Kedi raconte une autre histoire : c'est aussi le récit de celles et ceux qui prennent soin des chats errants, et en fin de compte la description de la joie incommensurable et indicible qui peut s'emparer de nous lorsque l'on s'occupe d'un être vivant sans rien attendre d'autre en retour (cette chatte gourmande et feignante qui réclame des restes aux clients d'un café pour en réalité nourrir ses petits a quelque chose de bouleversant). Il y a ces hommes qui disent que s'occuper des chats errants les a sauvés de la dépression ; il y a cet enchaînement de gros plans sur les mains d'un ouvrier qui gratouille un matou à l'aide d'une brosse, puis sur son visage bardé d'un énorme sourire ; non, décidément, rarement un documentaire animalier aura autant parlé de nous-mêmes.
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