Boogie Nights, de Paul Thomas Anderson, fête ses 25 ans (et il ne faut toujours pas spoiler son plan final)
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Non mais ! A sa sortie, Première avait adoré la mise en scène en deux parties du réalisateur.

En octobre 1997, Paul Thomas Anderson a fait sensation aux Etats-Unis grâce à son deuxième long métrage, Boogie Nights, un film inspiré de la star du porno John Holmes, devenu célèbre dans les années 1970 grâce à son sexe surdimensionné, puis décédé prématurément du sida. Rebaptisé Eddie Addams, il est incarné par Mark Wahlberg, qui, entouré d'un casting cinq étoiles (Julianne Moore, Burt Reynolds, John C. Reilly, Alfred Molina, Philip Seymour Hoffman...), fait des étincelles. Lors de sa sortie française, en mars 98, Première saluait son talent (tout en avouant le trouver "tête à claque" à l'époque des New Kids on the Block !), ainsi que celui de ses partenaires, notamment de Reynolds qui a reçu un Golden Globe pour son second rôle de réalisateur de films X, quelques mois après son succès sur grand écran. Surtout, la rédaction était bluffée par le travail du réalisateur, qui signait là une oeuvre marquante du cinéma indépendant américain, alors qu'il n'avait que 27 ans. 

Mark Wahlberg demande pardon à Dieu pour Boogie Nights

Boogie Nights est en effet rempli d'excellentes idées de mise en scène, PTA ayant notamment conçu son film en deux parties : une première heure pleine de vie, qui permet au public de s'attacher à ses différents protagonistes, puis une seconde plus dramatique, racontant une descente aux enfers proche de celle des anti-héros de Trainspotting, de Danny Boyle, sorti un an plus tôt, et de Las Vegas Parano, sur les écrans quelques mois plus tard. Une construction que le cinéaste retrouvera deux décennies après, avec d'autres thématiques, pour There Will Be Blood, lui aussi acclamé par la critique. 

"A l'heure où le cul sort enfin de son ghetto et qu'Hollywood semble y flairer le filon -après le Larry Flynt de Milos Forman (...)-, cette biographie romancée tire une violente vision de ce contre-cinéma aussi grand-guignolesque que pathétique, écrivait Première à propos de Boogie Nights. Le film, clairement construit en deux parties, prend ainsi le temps de ne pas se résumer aux clichés habituels pour rendre vivants des personnages dont ne connaît finalement rien si ce n'est la forme de leurs orifices. Pour qu'on s'attache -c'est peu de le dire- il faut rendre attachant. En portant un soin particulier aux choix des musiques, décors et costumes, Anderson a remarquablement remis les acteurs dans leur époque et choisi son casting. (...) La patte la plus visible est celle d'Anderson réalisateur (aussi scénariste et coproducteur). S'il se verra reprocher une forme bien proche du Scorsese des Affranchis et de Casino -quitte à s'inspirer, n'est-ce pas, mieux vaut celui-ci que Jean-Marie Poiré-, nul ne pourra oublier des scènes comme le plan-séquence d'ouverture, la scène du danse, celle du deal (avec un Alfred Molina gigantesque) et la finale, en plan séquence, qu'il ne faudrait à tout prix raconter à personne."

On ne dira donc rien, même 25 ans plus tard... Notez seulement qu'au fil du temps, Boogie Nights a à son tour inspiré des films, Damien Chazelle ayant par exemple fait un clin d'oeil à sa fameuse scène de la piscine dans La La Land, en 2017, 20 ans après sa sortie.


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