Le délégué général de l'événement répond à Adèle Haenel et réagit aussi à la venue de Johnny Depp sur la Croisette.
Thierry Frémaux a donné une conférence de presse hier, en vue de l'ouverture ce soir du 76e festival de Cannes, avant le traditionnel dîner du jury. Face aux journalistes, il a réagi à la lettre ouverte d'Adele Haenel, qui vient d'annoncer dans Télérama qu'elle avait décider de prendre sa retraite d'actrice et de politiser cet acte suite aux nombreux cas d'agressions sexuelles dans le milieu du cinéma.
L'actrice de La Jeune fille en feu s'était déjà publiquement opposée à la victoire de Roman Polanski lors des César 2020, et au cours de son message, elle cite ouvertement le réalisateur polonais, ainsi que l'acteur français Gérard Depardieu ou le président du CNC Dominique Boutonnat. Elle accuse aussi le festival de Cannes de "célébrer les violeurs".
Pour Thierry Frémaux, il n'y a pas de polémique autour de Jeanne du Barry et Johnny Depp"Vous pensez que vous seriez là à m'écouter si c'était un festival pour les violeurs ?, a réagi le délégué général de l'événement. Vous ne seriez pas en train de vous plaindre que vous n'arrivez pas à obtenir des tickets pour les projections ! (Ce qu'elle dit), c'est faux. Elle ne pensait pas ainsi quand elle est venue à Cannes par le passé. Ou alors elle souffre de dissonance. Mais c'est normal que les gens utilisent Cannes pour faire passer leurs messages, car cet événement leur donne une plateforme pour s'exprimer."
Il répond ensuite à l'exemple de Johnny Depp, qui sera invité ce soir à monter les marches du Palais des festivals aux côtés de Maïwenn pour présenter le film d'ouverture Jeanne du Barry, alors qu'il a été au cœur d'un procès retentissant contre son ex-femme Amber Heard, qui l'accusait de violences conjugales.
"Je ne connais pas l'image de Johnny Depp aux Etats-Unis. Pour vous dire la vérité, je n'ai une seule conduite dans la vie : la liberté de penser, de parler, d’agir dans le cadre de la loi. Si Johnny Depp avait été viré d'un film, ou que le film avait été censuré, on n'en parlerait pas ici. On a vu celui de Maïwenn et il aurait pu être en compétition. Elle aurait alors été la huitième réalisatrice en lice. Mais cette controverse est arrivée quand son film a été sélectionné à Cannes, même si avant ça, tout le monde savait qu'il avait tourné en France... Je ne sais pas pourquoi elle l'a choisi, il faudra lui poser la question à elle."
Toujours à propos de la venue de Johnny Depp à Cannes, il ajoute : "Je suis la dernière personne à pouvoir vous parler de tout ça car, s’il y a une personne au monde qui ne s’est pas intéressée à ce procès très médiatique, c’est moi. Je ne sais pas de quoi il s’agit, je m’intéresse à Depp comme acteur."
En plus d'aborder ce sujet polémique, il a confirmé que Ruben Ostlund n'était pas le premier choix des organisateurs pour présider le jury du 76e festival de Cannes. "Comme je lui ai dit, on voulait une femme, mais il était bien le premier choix sur la liste des hommes, précise-t-il à propos du réalisateur suédois doublement palmé pour The Square et Sans filtre. Ce n'était pas un plan B, il était le plan A pour les hommes. C'est un cinéphile, et à travers son travail, on met un coup de projecteur aux créateurs de la Scandinavie, et à toute sa génération."
Enfin, Thierry Frémaux est aussi revenu sur les tensions sociales qui sont en cours en France et qui pourraient impacter le déroulement de ce 76e festival de Cannes, entre aujourd'hui et le 27 mai. Expliquant avoir "un beau dialogue avec la CGT", il explique : "concernant les choses annoncées dans la presse sur d’éventuelles coupures d’électricité ou troubles sociaux (…), il n'y a rien pour l’instant. Pour ce qui nous concerne, n’est annoncé. On verra bien."
Un arrêt préfectoral interdira toute manifestation dans la ville de Cannes pendant le festival, mais Thierry Frémaux assure que des revendications sociales et politiques pourront tout de même être exprimées durant l'événement : "C'est un endroit à la fois protégé pendant quinze jours et, en même temps, qui fait toujours l’objet d’un certain nombre de revendications car il leur fait écho plus fortement. Il y aura des revendications ou des moments d’expression". A commencer par le discours d'ouverture de la maîtresse de cérémonie Chiara Mastroinanni, ce soir ?
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