Aftersun
A24/Sarah Makharine

Avec Aftersun, elle réalise un premier film intimiste qui explore les joies et les peines d’un père et sa fille sous le prisme du souvenir d’un voyage en Turquie. Rencontre avec Charlotte Wells.

Premier film, premier succès pour Charlotte Wells. Avec Aftersun, phénomène de la saison des Oscars 2022-2023, elle retrace l’histoire d’une jeune femme qui se replonge dans ses souvenirs d’enfance en essayant d’y retrouver les bribes d’un père qu’elle n’a pas su comprendre. C’est avec mélancolie qu’elle tente, des années plus tard, de reconstituer le puzzle avec les pièces manquantes. La cinéaste écossaise explore les confins de la mémoire, mais aussi son inconstance, son instabilité. Et à la clé, un prix à La Semaine de la Critique à Cannes et un grand prix au Festival du cinéma américain de Deauville.

Aftersun est porté par la révélation Frankie Corio, 13 ans seulement, et par Paul Mescal, l'acteur irlandais qui a le vent en poupe à Hollywood. Première avait justement rencontré la réalisatrice au moment où il venait d'être nommé à l’Oscar du meilleur acteur pour son interprétation dans le film, en janvier 2023. À l'occasion de son passage à Paris, la réalisatrice s’est confiée à la rédaction sur la conception et la réception de son film. Nous repartageons ses propos à l'occasion de l'arrivée d'Aftersun sur MUBI (profitez de la période d'essai de 7 jours pour tester la plateforme !). A ne pas manquer, vous l'aurez compris.

Première : Qu’est-ce que ça fait de voir son premier long-métrage être autant acclamé par la critique ?

Charlotte Wells : C'était assez inattendu *rires*. Ce parcours, déjà extraordinaire, nous a pris par surprise dès la seconde où nous avons projeté Aftersun. Je n'avais jamais pensé à ce que serait l'accueil critique du film, peut-être par naïveté vu que je débute. J’ai été tellement absorbée par la réalisation et par la construction du film en termes de narration et de personnages que je n'avais pas vraiment pensé à sa réception. 

Les spectateurs semblent se connecter à Aftersun beaucoup plus largement que je ne l'aurais cru possible. J'avais espéré qu'il toucherait quelques personnes, mais je ne me souciais pas vraiment de savoir s'il ennuierait, frustrerait ou repousserait plus de gens que ça. Mais pour une raison que je n’explique pas, c'est l'inverse qui s'est produit et c’est vraiment merveilleux de partager le film, de voir les réactions des gens.

La structure du film rappelle la fragmentation de nos souvenirs d'enfance. Était-ce une intention de départ ? Comment avez-vous appréhendé le processus d'écriture ? 

Initialement, lorsque j'ai commencé le scénario — j'ai passé plusieurs années à essayer de l’écrire et lorsque j'ai enfin eu les grandes lignes, je l’ai rédigé très rapidement —, l'ébauche ne contenait pas la structure de la rave party. C'est un élément de l’histoire que j'ai développé au fur et à mesure. Ensuite, ce que j'ai découvert en écrivant m'a surpris parce que c'était finalement un film sur la mémoire, et j’avais utilisé mes propres souvenirs comme base de l’histoire : des détails, des morceaux de dialogue de mon enfance. 

Et une fois que c'était clair, le processus de réécriture s’est centré autour de cette question du souvenir d’enfance. On y a beaucoup réfléchi lors du tournage : Comment retranscrire le point de vue de Sophie en tant qu'adulte qui regarde en arrière ? Comment différencier le point de vue direct de la jeune Sophie et les scènes avec Calum seul face à la caméra ? 

Mais c’est au montage que le sentiment du film en tant que compilation de souvenirs s’est le plus ressenti. Je pense qu'il y avait une certaine rigidité au départ, le temps était clairement délimité par les jours. Mais grâce au montage, Aftersun est devenu un peu plus fluide que ça. En fin de compte, on a des souvenirs reliés entre eux par des morceaux de dialogue ou de musique. Ça permet au temps de s'effondrer à certains moments.

Aftersun : un premier film aussi beau qu'elliptique [critique]

Dans quelle mesure Aftersun est-il autobiographique ?

C'est une question à laquelle j’ai du mal à répondre, parce que je ne considère pas que le film soit autobiographique dans le sens où je n’ai jamais vécu ces vacances. Je pense que les scènes directement basées sur ma vie sont des moments, des conversations que j'ai eues et qui ont fini par être coupées du film. Tout devait être au service de ce monde que j'avais construit, de Calum et Sophie, qui n'avaient absolument rien à voir avec mon père et moi-même, bien qu’on en ait été l’inspiration. Mais je pense que les sentiments d'amour et de deuil finalement exprimés et vers lequel le film converge sont les miens. Aftersun reflète sans aucun doute le prisme avec lequel je vois le monde.

Était-ce difficile de plonger dans votre propre mémoire ?

Parfois, oui. Je pense que j’ai fait le gros du travail juste avant d’atteindre la première version de l’ébauche : durant toutes ces années où je n'ai pas pu écrire, j’ai fouillé dans le passé en m’interrogeant sur ma relation avec mon père, sur ce qui comptait. À ce moment-là, j'ai ouvert une sorte de porte émotionnelle, pour qu'il y ait une connexion entre moi et le scénario. Ce que j’ai ensuite découvert sur les pages que j’avais écrites a été révélateur pour moi.

Je pense qu'il est important d’établir cette connexion avec le script, cela signifie que vous êtes face à quelque chose de potentiellement intéressant. C'est pourquoi j'ai toujours prêté attention à mes émotions, même si elles étaient difficiles. Parfois lors du tournage d’un film, on ne ressent rien d'autre que du stress et on est consumé par l'aspect technique de la réalisation. Mais il est important d’écouter son ressenti. 

À propos du processus de casting, qu'est-ce qui vous a donné envie de travailler avec Paul et Frankie ? L'alchimie est-elle venue naturellement entre les deux acteurs ?

On a commencé par le personnage de Sophie lors du casting. C'était pendant le Covid, la plupart du processus était virtuel. On a reçu des centaines de candidatures. Frankie s'est vraiment démarquée, elle avait cette capacité à jouer que je ne m'attendais pas à trouver. 

Quant à Paul, il a joué dans Normal People, et c'est évidemment un acteur incroyable. Mais c'est aussi une personne profondément gentille et un travailleur acharné. J'ai beaucoup apprécié son ouverture d'esprit, à la fois envers lui-même et envers le processus du film. Il était clair qu'il serait un partenaire impliqué et investi dans ce projet, et c'est ce que je recherchais. Quelqu’un en qui je pouvais avoir confiance. 

Par contre je n'avais rencontré ni Frankie, ni Paul en personne avant d'arriver en Turquie pour le tournage. Ils avaient fait connaissance via Zoom, donc il y avait un risque que ça ne marche pas. Je me sens très chanceuse qu'ils se soient autant appréciés. On a passé deux semaines ensemble avant de commencer la production. Paul a passé beaucoup de temps avec Frankie et sa famille, ce qui était très généreux de sa part. 

De mon côté, j'ai travaillé sur l'aspect technique pendant presque toute la durée du tournage et j'avais uniquement une heure ou deux le matin avec eux. Mais ces moments se sont révélés très précieux. On a appris à se connaître, mais le reste du temps, ils le passaient tous les deux car leur relation était centrale. J'ai l'impression d'avoir appris à les connaître bien plus après le tournage que pendant. 

Pourquoi avoir choisi de raconter cette histoire à travers les yeux de Sophie ?

C'est une question intéressante car lors de la conception initiale du projet, je voulais deux points de vue équilibrés. Mais au cours de la réécriture, une fois que j’avais établi que c’était un film sur la mémoire, il est devenu clair pour moi d’ancrer le point de vue de Sophie à la narration. Ce n'est pas un point de vue absolu, et il y a d'autres perspectives exprimées au sein du film. Et c'était un défi de parvenir à le communiquer tout en résistant au point de vue direct de Calum, que l'on ne voit jamais autrement qu'à travers la caméra dans les rares plans où il est seul.

À votre avis, à quoi aurait ressemblé le film s'il avait été tourné du point de vue de Calum ?

Je ne sais pas, ça aurait été un film complètement différent. Hm... C'est une question fascinante et difficile car Aftersun est tellement coloré par Sophie. Je ne sais même pas vraiment quel serait le ton d’un tel film. Mais je pense qu'à ce stade, il est vraiment difficile de l'envisager car ce serait comme revenir en arrière et tout recommencer.

Pourquoi Sophie recherche-t-elle constamment la compagnie de personnes plus âgées, comme cette bande d’adolescents que l’on voit dans le film ?

Une chose à laquelle j'ai pensé en écrivant le personnage de Sophie, dont les parents sont très jeunes, est qu’elle passe plus de temps avec des adultes qu'avec des enfants de son âge. Et d’ailleurs, une partie du scénario n'a pas été intégrée au film. À la fin, on aurait dû la voir enfin se rapprocher des autres enfants du centre de vacances : après le karaoké, alors qu’elle a fait un pas vers l'adolescence en ayant pour la première fois conscience de son corps, elle veut soudainement passer du temps avec des enfants de son âge. Mais c'est un aspect du script que je n'ai pas vraiment aimé, ça ne marchait pas. Dans le film, il y a malgré tout ce point de basculement entre l'enfance et l'adolescence au moment où elle pense qu'elle fait vraiment partie de cette bande d’adolescents, mais qu’elle réalise qu'elle n'est qu'une mascotte.

Charlotte Wells, Paul Mescal et Frankie Corio sur le tournage d'Aftersun
Condor Distribution/ Mubi

Comment passez-vous de Laps, un court-métrage explicite sur les agressions sexuelles, à Aftersun, dont le ton est beaucoup plus subtil et le thème de la dépression plus suggéré ?

C'est marrant, car lors du tout premier Q&A que j'ai fait pour Laps, un membre du public a levé la main et a demandé ce qu’il s'était passé dans le film car il pensait avoir vu quelqu'un faire un simple trajet de métro. J'étais tellement abasourdie que j'ai donné le micro à mon monteur pour qu’il réponde. J'étais complètement sidérée que quelqu’un puisse voir le film de cette façon. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai fait Laps, bien sûr, et il est finalement intéressant de voir comment le film peut être interprété de manière totalement différente. 

En ce qui concerne la dépression, le film est tourné du point de vue de Sophie et elle ne comprend pas ce que vit Calum. Paul exprime de manière très réfléchie le fait que Calum lui-même ne comprend pas ce qui lui arrive, à part ces moments de désespoir intense. Il m'a donc semblé important de le garder un peu à distance dans le film. 

J’ai voulu dépeindre la dépression comme quelque chose de complexe, qui ne succombe pas nécessairement aux clichés habituels. Au début du projet, mes proches me poussaient vers quelque chose de beaucoup plus dramatique mais je m’y suis toujours opposée. Et forcément, il a fallu beaucoup de confiance pour que ce soit compréhensible pour le public et je pense que l'une des choses les plus satisfaisantes est de voir la réaction positive des spectateurs face à la manière dont j’évoque la dépression.

Dans une scène vers la fin du film, on peut pourtant voir Calum éclater en sanglots. On a cette impression de comprendre pleinement sa dépression. Pourquoi avoir choisi d’inclure cette scène ?

Je ne sais pas comment cette scène, qui n’était pas dans la première ébauche du scénario, s’est retrouvée dans le film. À la fin de mon travail dessus, j’étais entièrement focalisée sur Calum, parce que certains éléments autour de son personnage ne fonctionnaient pas forcément.

Le personnage de Calum a toujours été un point de débat avec l’équipe. Quand j’ai projeté mon film à Sundance, durant une séance de questions-réponses, quelqu’un n’arrêtait pas de me poser des questions sur Calum. Ça m’a obligé à confronter le public sur ce que j’ai choisi de montrer ou non dans le film. 

Lors du montage, j’ai commencé avec les moments où Calum est seul. En voyant comment l’ensemble se construisait, j’ai décidé de réduire le film en enlevant certaines scènes. Il y a plus d’éléments dans le script qu’il y en a dans le film. Il y a ce crachat sur le miroir, et les pleurs dans le lit, qui nous confortent complètement qu’il ne s’agit pas d’un simple voyage en Turquie. On ne voit pas le visage de Calum pendant la séquence des sanglots. C’était écrit de cette manière dans le scénario. C’était important de le voir finalement succomber à ses émotions. Mon directeur de la photographie souhaitait que Calum pleure face à la fenêtre. Je lui ai pourtant répondu que mettre Calum face à cette fenêtre, c’était lui permettre de regarder vers son futur, ce qui ne donne pas ce sentiment quand on le voit dans le coin. La scène est magnifique.

Paul Mescal, la révélation d'Aftersun : "Soudain, ma vie a changé..."

La musique tient une place importante dans le film, particulièrement avec la chanson Under Pressure de Queen et David Bowie, utilisée à un moment pivot. Pourquoi avoir choisi ce morceau-là ?

Au départ, je n’avais jamais pensé à utiliser cette chanson. Pendant la phase de montage, on s’est occupé des scènes dans la boîte de nuit en dernier, parce que la lumière y était très sombre. Elles ont permis de savoir si le film fonctionnait dans un ensemble ou non. Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai choisi cette chanson dans le montage. Je l’écoutais de temps en temps, les deux artistes ont des voix vraiment magnifiques dessus. Elle me procurait un certain sentiment, je voulais juste l’avoir quelque part dans le film. 

J’ai glissé Under Pressure au hasard dans le film, sur la fin, et ça a miraculeusement fonctionné. J’ai appuyé sur play, et cette chanson a pris une nouvelle signification. J’ai réalisé que les paroles s'alignaient parfaitement avec ce qu’on voit à l’écran. On a partagé cette séquence à nos producteurs car on avait peur qu’elle ne fonctionne pas. S’ils nous avaient dit que notre idée était stupide, on aurait dit “d’accord, on coupe la scène”. On pensait au départ que c’était une mauvaise idée de glisser une chanson aux paroles aussi concrètes dans un film plutôt subtil, mais on a finalement décidé de la laisser. Elle élève la scène en créant un parallèle avec les émotions des personnages. Tout s’aligne à ce moment-là. Je me suis toujours intéressée à la relation entre le son et l’image, il y a quelque chose de très satisfaisant quand les deux se rejoignent, comme ici.

Que pensez-vous de la nomination aux Oscars de Paul Mescal pour son rôle dans votre film ? Vous êtes-vous parlés depuis l’annonce ?

Oui ! On était au téléphone pendant l’annonce des nominations ! On sautait partout dans nos appartements respectifs !

Qu’est-ce que ça vous fait d’être liée à cette nomination ?

J’en suis très fière. C’est très facile de se retrouver embrigadée dans cette saison des prix, qui n’existe réellement que pour les personnes nommées tous les ans. Pour mon film, c’était quelque chose d’inattendu. Le moment où on l’a appris était très spécial, j’étais au téléphone avec mes producteurs et avec Paul en vidéo sur mon ordinateur ! On était très fiers de sa performance. On s’est fait confiance, et je lui dois beaucoup pour ce qu’il m’a donné.

Quelle trajectoire de carrière voyez-vous pour lui ?

Celle qu’il voudra. Il veut être dans des projets très différents. Son ambition, c’est d’être avant tout un très bon acteur. Il veut toujours être challengé. Je l’ai vu dans Un Tramway Nommé Désir au théâtre à Londres avant le nouvel an. Il paraissait menaçant, il était très différent de celui qu'il est dans Aftersun. Je le regardais et je me disais « Je ne sais pas si je veux boire un verre avec cette personne à la fin de la pièce ! ». Quand je me suis assise en face de lui plus tard dans la soirée, je me suis rappelée qu’il est juste un acteur exceptionnel.


 

Que pensez-vous du fait qu’il n’y ait pas de femmes aux Oscars cette année dans la catégorie “meilleure réalisation” ? Le constat est identique en France pour les César, où aucune femme n’est nommée non plus dans cette catégorie. 

Forcément, ce n’est pas génial. Cela reflète le système construit depuis plusieurs décennies, qui, je l’espère, changera un jour. Aux États-Unis, quand on réalise un premier film, il y a plein de femmes nommées dans cette catégorie aux Director’s Guild Awards. Cela devrait être également le cas pour les cérémonies de premiers plans. J’attends toujours ce changement. Je ne comprends pas vraiment pourquoi celui-ci n’est pas encore arrivé , particulièrement ici en France, quand on regarde les films sortis cette année.

En tant que femme, est-ce que vous avez rencontré des difficultés pour devenir réalisatrice ?

C’est une question intéressante. À vrai dire, je ne sais pas vraiment. C’est quelque chose dont j’ai essayé de me servir quand j’en avais l’occasion. Je travaille régulièrement avec des hommes. Deux de mes amis les plus proches ont travaillé sur Aftersun, mon directeur de la photographie, Gregory Oke, et mon monteur, Blair McClendon. Je n’essaye pas de travailler seulement avec des femmes, mais c’est quelque chose que je prends en compte quand je recherche des collaborateurs. Deux de mes producteurs sur le film sont des femmes. Je pense que travailler avec d’autres femmes permet de construire une communauté qui nous permet d’aller plus loin, de faire face aux challenges ensemble. Il y a parfois un sentiment d’être sous-estimée en tant que femme, ce que l’on peut parfois tourner à notre avantage. C’est ce que j’ai ressenti quand j’étais plus jeune. En vieillissant, être considérée comme sous-estimée peut très vite devenir frustrant.

Avez-vous d'autres projets après Aftersun ?

Non, pas pour le moment. *rires* J’ai besoin d’une pause. Je veux toutefois revenir sur un plateau, parce que c’est l’endroit où toutes les collaborations se font réellement. Je suis plus heureuse entourée d’autres personnes.

Que ressentez-vous face au succès du film, qui s’appuie pourtant sur une histoire très intime ? Est-ce dur de voir une telle œuvre applaudie partout dans le monde ?

À certains moments, je me dis que oui. Je suis quelqu’un de très privée dans ma vie de tous les jours, et je pense avoir donné beaucoup de moi-même ici. Faire la paix avec cette idée m’a pris beaucoup de temps. Je n’étais pas sûre de ce qu’il fallait donner et de ce qu’il fallait préserver pour que le processus reste sain. 

Je pense que c’est une réalité pour tous les arts. C’est parfois difficile d’explorer ce lien entre mon ressenti personnel et mon œuvre, mais j’essaye de prendre sur moi. C’est quelque chose d’incroyable, tout le monde sur le film a participé à cette idée. Je suis heureuse qu’il ait touché autant de personnes, en commençant par moi-même.

Propos recueillis par Lucie Chiquer et Yohan Haddad