Retour les confidences que nous avaient faites Grand Corps Malade à l’occasion de la sortie de son premier métrage co- réalisé par Mehdi Idir, diffusé ce soir sur Arte.
Fabien Marsaud – alias Grand Corps Malade – n’avait jamais pensé se lancer dans le cinéma… jusqu’à son envie de donner une nouvelle vie à son livre Patients, récit de son séjour dans un centre rééducation après un grave accident. Mais, de prime abord, il pense seulement en signer l’adaptation. « Pour me confronter à une autre forme d’écriture. Mais je me suis pris au jeu et à un moment, je ne me voyais plus confier ce bébé à quelqu’un d’autre. » Il co- écrit ce scénario avec Fadette Drouard (pour, elle aussi, sa première expérience pour le cinéma, avant qu’on la retrouve au scénario d’Hibou de Ramzy Bédia ou Papicha de Mounia Meddour), animé par deux idées force : faire rire « car, en dépit de moments durs, je me suis marré avec la bande de potes que je me suis faite entre ces quatre murs » et que le spectateur s’empare de cette histoire malgré son aspect « éminemment personnel ». Le personnage central s’appelle d’ailleurs Ben et pas Fabien
Très vite aussi, Grand Corps Malade sait qu’il ne s’attaquera pas seul à la réalisation. Et tout naturellement, il fait appel à Mehdi Idir qui connaît son histoire par cœur. Dionysiens tous les deux, ils se connaissent depuis 10 ans. A l’époque, Grand Corps Malade est déjà une figure montante du slam et Mehdi l’approche pour un documentaire sur les talents urbains et ils ne se quitteront plus. « Mehdi a réalisé tous mes clips sauf un… le seul qui était raté ! ». Ils co- réalisent un court, Le Bout du tunnel, avant de se lancer dans leur premier long sur le plateau duquel tous deux vont parler d’une seule voix.
En traitant du handicap au cinéma, le danger était de rapidement se noyer sous les références. Voilà pourquoi les deux réalisateurs choisissent de ne revoir aucun film ou presque. « Par peur de reproduire inconsciemment ce qu’on admirait comme de s’interdire une idée en découvrant qu’un autre l’avait eue avant nous. » Ils vont même choisir d’ouvrir Patients par une vue subjective du plafond du centre, même après avoir découvert que Le Scaphandre et le papillon de Julian Schnabel s’ouvrait de la même manière.
Mais, confie-t-il, « notre plus grande fierté de toute cette aventure, ce sont nos acteurs. Si la bande autour de Ben n’avait pas fonctionné, il n’y aurait tout simplement pas eu de film ! » Et, pour cela, ils décident de faire émerger de nouvelles têtes plutôt que de réunir des stars en fauteuil roulant. Ils voient pas moins de 450 comédiens pour dénicher ces perles rares, dont le bluffant Pablo Pauly dans le rôle de Ben. « L’ultime scène du film où il se lève et s’avance en ayant chopé ma démarche m’a troublé. Soudain, j’ai replongé dans ma propre histoire. » Face à cette bande, on retrouve néanmoins un visage connu, celui de Dominique Blanc. « Je l’avais croisée dans une émission télé. Elle avait l’air d’aimer ce que je faisais. Alors on a eu envie d’être adoubé pour elle. » Elle ne sera pas la seule à les adouber. Le public réservera un triomphe à ce Patients avec près d’1,3 millions d’entrées à la clé. Et il sera nommé à quatre reprises aux César 2018.
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