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Tilda Swinton et Jake Gyllenhaal ont également donné leur avis.  

Lors de la conférence de presse d’Okja, on a presque autant parlé de cinéma que de la polémique qui accompagne le premier film estampillé Netflix sélectionné en compétition officielle à Cannes. Et pour cause, entre le pavé dans la marre jeté par le président du jury Pedro Almodovar (pas très chaud pour donner une Palme d’Or à un film Netflix) et sa projection houleuse ce vendredi matin, marquée par des sifflets et un problème technique, le long-métrage de Bong Joon-ho est LE sujet qui anime la Croisette.

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Sur la position d’Almodovar, qui avait lancé "je ne peux pas concevoir que la Palme d'or ou d'autres prix soient remis à un film qu'on ne pourra pas voir sur grand écran, en salles", c’est Tilda Swinton qui a (gentiment) dégainé la première :

"C’est une déclaration qui a été faite par le président, il est important qu’il se sente libre de faire telle ou telle déclaration. C’est la règle du jeu. Il est évident que ça pose problème de limiter ou de coller une étiquette sur des gens qui ont été invité à participer à la fête. C’est une belle opportunité de voir nos films sur grand écran à Cannes. La vérité, ce que je pense, il y a de place pour tout le monde".

Et l’actrice de rappeler : "Il y a des milliers de films qui vont à Cannes et ne sont jamais diffusés en salles."  

Evidemment, l’équipe d’Okja n’était pas là pour se mettre le Jury ou le Festival à dos. Et Bong Joon-ho a lui aussi joué la carte de l’apaisement : "Je suis un très grand fan de Pedro Almodovar, je suis heureux qu’il voit mon film ce soir, il peut penser ce qu’il veut."

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"Bien sûr Netflix a ses propres règles", a ajouté le réalisateur. "Dès le début, on a décidé lors des négociations que le film soit distribué en Corée. Je suis aussi très content que le Festival ait accepté le film ? J’espère que les deux parties finiront par trouver un terrain d’entente."

Au diapason, Jake Gyllenhaal a expliqué que "ces nouvelles plateformes permettent de communiquer un message à plus de personnes."

Qu'ils se rassurent, Almodovar vient d'annoncer qu'il avait été mal compris, et que les films Netflix seraient traités comme les autres :

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De son expérience avec Netflix, Bong Joon-ho retient surtout la "totale liberté" qui lui a été offerte : "je n’avais aucune pression sur la classification du film, ils m’ont dit que je pouvais même mettre plein de sang si je voulais."

La question du problème technique qui a perturbé la projection du matin a été balayée avec autant de distance, et même une pointe d’humour en plus. Interrogé sur la possibilité d’un sabotage, Gyllenhaal a ainsi avancé, en référence au film, qu’il s’agissait du "front de libération des animaux".  

Le cinéaste sud-coréen a été encore plus malicieux sur l’interruption et la reprise de la projection : "Ces problèmes techniques arrivent dans les Festivals. Je suis très heureux de ce qu’il s’est passé, vous avez pu voir la scène d’ouverture deux fois, c’est bien parce qu’elle est chargée d’informations."

Heureusement, Bong Joon-ho a pu parler aussi de cinéma, et notamment de l’influence de Hayao Miyazaki sur Okja :

"Miyazaki est vraiment un réalisateur que j’admire depuis longtemps, depuis mon enfance, on en parlait avec Tilda. En tant que réalisateur, si on veut parler de la nature et de la vie, je pense qu’on ne peut qu’être dans l’ombre de Miyazaki, tellement c’est un grand maitre. Ce film parle de la vie, de la nature, mais je voulais le faire sous le spectre du capitalisme, un angle que Miyazaki n’avait pas abordé. J’espère pouvoir lui montrer le film pour avoir son avis."

La conférence de presse d'Okja en vidéo :