Le festival de Cannes 2011 attendait The Artist de pied ferme. On n'est pas déçu : le film de Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin est un très grand film.L’appelé de la dernière minute en compétition (il est passé du « Hors » au « En ») va peut-être mettre tout le monde d’accord. Ovationné en projection de presse, puis en officielle en début d’après-midi, The Artist devient un outsider sérieux dans la course aux prix. Rappelons le concept : entièrement en noir et blanc, muet à 95%, au format carré comme dans l’ancien temps, le nouveau film de Michel Hazanavicius est un hommage à l’âge d’or d’Hollywood dans lequel le dénommé George Valentin vit douloureusement le passage au parlant tandis que sa protégée, Peppy Miller, y gagne ses galons de star… Plus proche d’Une étoile est née que de Chantons sous la pluie, The artist n’est pas du tout un film-gadget ; il est porté par une vraie histoire, romantique en diable, mélodramatique au possible, bref complètement chaplinesque. Mais cessons-là les comparaisons auxquelles The artist va être immanquablement réduit (elles sont cela dit assumées) et saluons le pari insensé qu’est le film, la performance démente de Jean Dujardin (tour à tour Douglas Fairbanks, Lon Chaney et Fred Astaire) et, surtout, l’émotion suscitée par l’histoire. Parions que, comme nous, vous serez, lors du dernier plan, submergé par ce sentiment si précieux et, finalement, assez rare : l’euphorie. L’impression que le monde n’est plus tout à fait pareil, comme réenchanté. Merci Michel.Par Christophe Narbonne