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Une des constantes de la saga James Bond est la relation conflictuelle entre 007, l'homme de terrain, et Q, le laborantin. Absent des deux premiers Bond de Daniel Craig, le personnage de Q revient enfin dans Skyfall sous les jeunes traits de Ben Whishaw qui, on l'espère, tiendra le coup aussi longtemps que Desmond Llewelyn, le "quartermaster" historique qui incarna le rôle dans 17 opus.

Si l'on retrouve donc cette petite tension qui fut le moteur des scènes, longtemps passage obligé, de la découverte des gadgets avec lesquels 007 allait faire son job, les rapports sont aujourd'hui inversés. Quand l'ancien Q traitait un Bond frivole et arrogant avec un mépris paternaliste, le nouveau Q incarne désormais l'arrogance de la jeunesse face aux archaïsmes des anciens. "L'âge n'est pas synonyme d'efficacité" déclare Q à 007, qui rétorque que "la jeunesse n'est pas synonyme d'innovation". La jeunesse et l'arrogance ont changé de camp : "Je peux faire plus de dégâts en restant en pyjama devant mon ordinateur avant ma première tasse d'Ear Grey que ce que vous pouvez faire en un an sur le terrain" se vante-t-il face au plus grand espion britannique.

Une très bonne réintroduction de Q après une longue absence et quelques ratés.

Peu de temps avant sa mort, Llewelyn avait passé le relais à John Cleese, introduit en tant que "R" à Pierce Brosnan dans Le Monde ne suffit pas, puis redevenu Q (pour "quartermaster" donc) sans autre explication dans Meurs un autre jour. Les producteurs n'avaient visiblement plus su quoi en faire par la suite.

Dans Skyfall, Sam Mendes réinstalle donc enfin un personnage secondaire mais savoureux de la saga, l'inventeur des gadgets sans lesquels un James Bond ne serait pas tout à fait un James Bond. Mais comme sur d'autres points du cahier des charges bondien, il déjoue les attentes. A découvrir dès vendredi dans les salles.