Lucy Liu, Geena Davis, Rob Schneider... Les langues se délient sur le comportement de Bill Murray
SNL/Warner Bros. Pictures/COLUMBIA TRISTAR FILMS

L'acteur a visiblement mal agi avec les stars de Charlie et ses drôles de dames et Hold-up à New York, mais aussi avec ses partenaires du SNL.

Et si le "prince du cool" cachait au fond un artiste si imprévisible qu'il peut en devenir inquiétant ? En mars dernier, Arte sortait un documentaire peu flatteur sur Bill Murray. Un portrait tentant de détailler les raisons de son éternel "spleen", et s'interrogeant sur sa personnalité mystérieuse (qu'est-ce qui a bien pu le pousser à disparaître au milieu des années 1980 pour reprendre des études en cachette, à Paris, alors qu'il était déjà une star de la comédie américaine ?). Un mois plus tard, le premier film d'Aziz Ansari, Being Mortal, était mis en pause, après la plainte déposée contre son acteur principal. Bill Murray, donc. On a appris par la suite qu'il avait mal agi avec l'une des productrices en l'enlaçant devant toute l'équipe et en tentant de l'embrasser de force. L'acteur de 72 ans ne nie pas les faits, mais parle d'une blague que ses partenaires n'ont pas trouvée drôle : "J'ai fait quelque chose que je trouvais marrant, mais cela n'a pas été compris comme ça, se justifiait-il au printemps auprès de CNBC. La compagnie, le studio qui produit ce film, voulait réagir de la bonne manière, donc ils ont enquêté et décidé de stopper le film le temps de voir ce qu'il s'était passé."

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L'incident aurait pu en rester là, mais il a finalement délié les langues de plusieurs personnalités hollywoodiennes. Lucy Liu fut la première à dénoncer le comportement insultant de Bill Murray, un an avant le tournage de Being Mortal. En 2021, elle expliquait s'être ouvertement engueulée avec le comédien sur le plateau de Charlie et ses drôles de dames, en 2000, parce qu'il lui avait publiquement mal parlé sur le plateau. Visiblement énervé qu'elle ait demandé à modifier le dialogue d'une scène qu'ils avaient en commun, l'actrice s'est retrouvée insultée par son partenaire de jeu devant toute l'équipe. Un mauvais souvenir qu'elle a partagé dans la presse, et qui a été largement relayé, ses collègues, Drew Barrymore en tête, ayant pris sa défense. Voici ce que la comédienne racontait dans sa propre émission de télé, en octobre 2021 : "Ce qu’il s’est vraiment passé, c’est que Bill s'est comporté comme un… Vous savez, les comiques ont aussi un côté sombre, parfois. Et il est arrivé ce jour-là de très mauvaise humeur. Lucy ne s'est pas laissée faire, elle s’est défendue, et toute cette histoire est partie d’une circonstance malheureuse. Elle a littéralement dit : 'Je n’accepte pas ce genre de comportement de votre part.' Nous l’avons toutes soutenue."

Cette semaine, c'est une autre comédienne qui raconte avoir vécu une attaque similaire sur un tournage : Geena Davis. C'était en début de carrière, sur le plateau de Hold-up à New York (1990), et elle n'a pas osé se défendre comme Lucy Liu. Quand ils se sont rencontrés pour ce film, dans une chambre d'hôtel, Murray a insisté pour que la jeune actrice lui fasse un massage, ce qu'elle a refusé. Plus tard, une fois en tournage, il lui a hurlé dessus devant toute l'équipe parce qu'elle était en retard : elle attendait en fait le début des prises dans sa loge. Réagissant à cette révélation faite dans ses mémoires intitulées Dying of Politeness, The Times a interviewé la star de Thelma et Louise à ce sujet. Elle raconte : "C'était mal. La manière dont il s'est comporté dès notre rencontre... J'aurais dû partir en courant ou me défendre plus fortement, mais je n'aurais certainement pas eu le rôle. J'aurais pu échapper à un tel traitement si j'avais su comment réagir durant cette audition. Vous savez, j'étais tellement dans l'esprit de ne pas entrer en confrontation que je ne l'ai pas fait... Mais au fond, il n'y a aucune raison de regretter. Pourtant, à l'époque, j'avais des regrets. Alors que ce n'était absolument pas de ma faute."

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Autre témoignage, de la part de l'un de ses partenaires du Saturday Night Live, cette fois. Rob Schneider détaille dans le podcast de Sirius XM qu'un réalisateur, qu'il ne cite pas, l'avait averti dans les années 1990, alors que Bill Murray devait être au coeur de l'une des émissions : "Il nous a dit : 'Il va arriver, et il va modifier les dialogues. Il va changer des trucs et ce sera super, mais vous ne pouvez pas savoir sur qui vous aller tomber. Quel Bill Murray ? Celui qui est sympa ou celui qui est difficile ?' Et effectivement... Bill était super cool avec les fans, mais pas avec nous. Il n'était pas très... il nous haïssait carrément quand on présentait le SNL. C'était de la haine, il ne nous supportait pas. Il détestait particulièrement Chris Farley. On le voyait juste à la façon dont il le regardait."
En début de carrière, Bill Murray s'était justement fait connaître auprès du public américain grâce à cette émission, notamment en partageant des sketchs avec John Belushi. Schneider raconte que "Farley trouvait ça cool de rejouer de façon incontrôlée", à la manière de Belushi, en hommage à l'acteur décédé en 1982. Mais Murray est resté de marbre, le regardant avec dédain. "Il détestait aussi Adam Sandler, car il n'avaient pas le même humour, poursuit Schneider. Pas le même groove, vous voyez ? Sandler était très impliqué pourtant, dès qu'il montait sur scène, on voyait que le public l'attendait, prêt à dévorer ses sketchs."

Le réalisateur en question était-il Ivan Reitman ? Le réalisateur de S.O.S Fantômes avait évoqué ses rapports compliqués avec Murray sur cette saga à succès, racontant par exemple qu'après l'avoir officiellement engagé pour le premier film, il ne savait pas jusqu'à la dernière minute si le comédien se rendrait sur le plateau, car il ne donnait aucune nouvelle. Ce côté imprévisible a cependant charmé sa partenaire Sigourney Weaver, qui était amusée par les idées farfelues de l'acteur entre les prises. Mais ce qu'elle raconte aurait aussi pu être vécu de façon plus négative par une autre personne : "Lorsque je l’ai rencontré, je me suis présentée par mon nom et il m’a dit : 'Je crois que tu t’appelles Susan', puis il m’a jetée sur son épaule et a descendu la 5e avenue en me portant. Je riais comme une folle. Personne n’avait jamais fait ça car je mesure 1m82 ! Je suis passée de mon univers à celui de Second City, qui est merveilleusement chaotique, généreux et où règne l’improvisation. Ivan se débattait avec toute cette énergie et Bill ne me permettait pas une seconde de me prendre au sérieux. J’étais dans un coin à essayer de penser comme Dana et il venait et glissait son bras autour de moi en se moquant de ma coiffure. Je l’ai tout de suite adoré."

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