La saga d'Elizabeth II a pris fin. Le dernier épisode est désormais sur Netflix. Alors que restera-t-il de The Crown ?
Elle fut pendant six saisons l'étendard du prestige à la Netflix. The Crown et ses multiples statuettes (aux Emmys et aux Golden Globes entre autres) ont tiré leur révérence, ce jeudi, avec la diffusion des derniers épisodes et du grand final, qui a offert un adieu plein d'émotions à la Reine.
Après la première partie (diffusée en novembre) qui avait brillamment raconté (et extrapolé) l'histoire de Diana avec Dodi jusqu'à son accident mortel, la deuxième partie de cette saison 6 est plus hétérogène. Elle jongle entre différents événements allant de la mort de la princesse Margaret (Lesley Manville) au mariage du prince Charles (Dominic West) avec Camilla Parker-Bowles (Olivia Williams) en passant par la rencontre du prince William (Ed McVey) et de Kate Middleton (Meg Bellamy) à l’université en Écosse ou les écarts de conduite du Prince Harry.
Tout n'est pas réussi, mais cet ultime chapitre a au moins le mérite de remettre de l'émotion dans The Crown, ce qui lui avait fait cruellement défaut durant la saison 5. Elle envahit à nouveau les couloirs de Buckingham, du Palais de Kensington ou d'un Balmoral sous le choc, désarçonné par la mort Lady Di. A nouveau, on vibre avec eux. On souffre avec les Windsor et on a l'impression de faire partie de la famille. Si les jeunes princes héritiers sont traités sans grande conviction (la romance de William avec Kate a de faux airs d'un téléfilm rom'com' de Noël), on ne peut que se réjouir de voir Elizabeth reprendre sa place sur le Trône de The Crown.
À nouveau, c'est elle qui est au centre de la saga de Windsor. D'abord pour relever la monarchie après la perte de Diana. Ensuite, seule, face au décès tragique de Margaret dans ce qui restera comme le meilleur épisode de cette saison 6, retraçant les années de souffrance de la cadette fêtarde et malheureuse ne pas avoir été l'aînée, et l'impact que sa disparition brutale a eu sur sa Reine de sœur. Là, on retrouve la quintessence du joyau que fut The Crown. Certes, Imelda Staunton a donné un sacré coup de vieux à l'héroïne romanesque de Netflix. L'ancienne méchante de Harry Potter l'aurait même parfois rendu antipathique. Et pourtant c'est toujours elle, le cœur battant de la série. C'est à travers elle que The Crown brille véritablement.
Cette rayonnante Elizabeth, empreinte d'une chaleureuse humanité, tellement valorisée par Peter Morgan, a été trop souvent effacée par la froideur de Staunton. On la retrouve enfin dans cette dernière ligne droite, compatissante, résiliente. Entre force et atermoiement, entre certitudes et embarras, transpire de l’épisode final une sincérité touchante. À défaut d'être flamboyant ou spectaculaire, ce dernier épisode de The Crown est fidèle à ce que fut la série, offrant une réflexion éclairée sur la mortalité et l’héritage. Pourquoi n'a-t-elle jamais passé la main ? Pourquoi Elizabeth II est restée sur le trône, quand tout la poussait à abdiquer en faveur de Charles. "Il en crève d'envie", assènent ses fils. Il devra attendre 20 ans de plus.
The Crown ne montre pas la mort d'Elizabeth, mais s'arrête sur cette décision de garder la couronne, tandis que le Prince de Galles vient d'épouser Camilla et que le Palais organise déjà ses funérailles ! Parce que l'institution est plus grande qu'elle. Parce que c'était ça, The Crown : l'histoire de cette timide fillette qui n'a jamais demandé à être reine et qui s'est retrouvée en première ligne, quand son oncle a tout planté par amour. Un tournant dans sa vie qui a façonné toute sa manière d'envisager la Monarchie, nous dit Peter Morgan. Elizabeth s'est effacée derrière la souveraine.
Et quand Claire Foy et Olivia Colman font leur apparition dans ce final, c'est pour expliquer à la vieille Reine que Lisbeth n'existe plus. Elle s'est sacrifiée pour la Couronne. Un message édifiant que le drama martèle jusque dans la dernière scène. Une publicité formidable pour les Windsor. Au-delà des fantasmes populaires, des polémiques narratives et des remises en question de convenance, The Crown a su raconter de manière vibrante le destin de la famille royale, en les humanisant, parfois à l’excès. La Monarchie en sort indéniablement renforcée.
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