The Old Man
FX / Disney

Jeff Bridges débarque aujourd'hui en France, sur Disney +, en tueur repenti mais pas tout à fait, sous la houlette des créateurs de Jericho et du réalisateur de No Way Home.

On entre dans The Old Man comme dans un de ces petits romans noirs délicieux dont on n’attendait pas forcément grand-chose. Ou dont on pouvait se méfier, à en juger par la couverture un peu trop aguicheuse. Sans savoir totalement où on met les pieds, avec pour seuls repères un générique presque trop prestigieux, un poil arrogant. On redécouvre peu à peu le plaisir oublié de se perdre totalement au coeur d’un récit tortueux qui, surtout, prend son temps. Jeff Bridges, impérial et tout juste remis d’une longue maladie, est plus lui-même que jamais. La mise en scène élégante de Jon Watts privilégie les longs plans, offre aux acteurs et aux séquences d’action ou de suspense le temps d’installer une tension palpable. De celles qui vous font oublier le grignotage, l’envie de pisser et même, une fois ou deux, de respirer. Dès son premier épisode, dès ses premiers plans, la typo du générique même, on sait qu’on n’est pas là pour rigoler. La photo qui tire le meilleur de votre scintillant écran 4K dans les scènes diurnes, laisse, comme le récit, une grande place aux zones d’ombre. 



Dan Chase (Bridges) qu’on découvre veuf, peut-être malade, on ne sait pas trop, vit dans une de ces grandes baraques isolées du heartland américain. Il est seul et, dans ce qui est peut-être la seule vraie concession aux modes actuelles un peu pénibles, est assailli par des flashbacks de son épouse (Hiam Abbass) décédée des années plus tôt. Rectification : il n’est pas seul. Il a deux rottweilers aussi beaux que terrifiants. C’est important pour la suite. Quand deux tueurs surgissent dans la nuit pour l’abattre et qu’avec l’aide de ses chiens, Dan les tue sans sourciller, tout fout le camp. Au plaisir de voir l’acteur en pleine forme, s’ajoute celui d’une séquence parfaitement huilée, photographiée, et un déchaînement de rage aussi jouissif qu’inattendu. Dan, sa fausse identité et ses chiens prennent alors la route.

Premier épisode de premier plan, celui de Jon Watts surprend par son classicisme, ses tons sombres tellement éloignés du découpage foutraque et des couleurs criardes de ses Spider-Man. Peut-être faut-il revenir à Cop Car (2015), petit riff sur les frères Coen avec Kevin Bacon en shérif vicieux qui avait fait découvrir Watts dès son deuxième long. D’ailleurs, le souffle des Coen passe sur The Old Man avec pour seule différence que si, au cours des sept épisodes de la première saison, votre mâchoire peut éventuellement se décrocher, avançons que ça ne sera pas de rire. Pour donner le ton : à Jon Watts succède Greg Yaitanes, bienfaiteur qui nous a donné tant d’épisodes de Banshee et les désormais classiques mini-séries Quarry (2016) et Manhunt : Unabomber (2017). Du très lourd. 

The Old Man
Disney

Si la suite peut déconcerter après ce diamant noir d’un peu plus d’une heure, on peut compter The Old Man parmi les réussites récentes dans un genre qui méritait autrefois les plus belles salles obscures : le polar avec de grosses vedettes. La série oblique vite du film noir vers un récit alterné entre le vieil espion planqué depuis trente ans et ses premiers pas en Afghanistan. De longs flashbacks qui prennent parfois la moitié du métrage et où Jeff Bridges n’est pas joué par un clone numérique mais le très bon Bill Heck. À l’ancienne, on vous dit. Dan Chase poursuit ainsi sa route incertaine, rencontre une inconnue (Amy Brenneman), l’emmène avec lui et ses deux rottweilers à la rencontre du destin censé clore le septième et dernier épisode sous la forme d’un tueur implacable. Sauf que non. Il y aura une saison 2. Et croyez-le, si vous allez au bout de cette première saison (en survivant aux changements de ton parfois brusques), vous remercierez les dieux cathodiques. David Martinez

The Old Man - saison 1 en 7 épisodes - à voir à partir du 28 septembre dans la section Star de Disney +.