Venu au cinéma par le biais de la critique (il tient une chronique agressive dans le journal de Stockholm Expressen), après avoir publié plusieurs romans et recueils de nouvelles, Widerberg appartient à une génération un peu écrasée par l'omniprésence d'Ingmar Bergman, qui laissait peu de place à cette « nouvelle vague » où l'on découvre Mai Zetterling ou Jan Troell. C'est d'ailleurs en s'inspirant des procédés de production légère de Godard ou de Truffaut que Widerberg essaie de libérer le film suédois, techniquement et stylistiquement : ses premiers films vont jouer, parfois avec bonheur, sur une part d'improvisation. Ayant publié un brûlot, Visionen I svensk film (1962), regards sans aménité sur la production du moment, il réalise la même année un long métrage qui fait mouche, en dépit (ou à cause) de ses maladresses. Mais un ton est donné, à l'écart d'un naturisme à la mode, qu'on prend pour de l'audace, ou des introspections infinies de Bergman. Si le titre français, le Péché suédois, est ridicule et racoleur, et le titre original la Voiture d'enfant peu commercial, le film exprime très bien une solitude sans désespoir, une disponibilité sans réel idéal de la jeunesse. Les films de Widerberg, même lorsqu'ils aboutissent à l'anéantissement (Elvira Madigan, ou Joe Hill), ne reflètent pas l'angoisse, l'absurdité ou la peur, si fréquentes dans la littérature ou le cinéma suédois l'écrivain Stig Dagerman s'est suicidé en 1954 , mais une sorte de foi tranquille et têtue dans l'énergie individuelle. Il y a sans doute un peu de l'auteur dans les interprétations successives de Thommy Berggren, son acteur d'élection, notamment de l'adolescent qui veut devenir écrivain (le Quartier du corbeau) ou du jeune barde de la révolte ouvrière, Joe Hill. Seule la leçon de Elvira Madigan, cette fort belle élégie impressionniste sur l'amour coupé du réel, demeure une condamnation implicite de l'isolement : Pia Degermark et Thommy Berggren, la funambule et l'officier déserteur, se tuent parce qu'ils sont devenus incapables d'affronter la vie. Ceux qui gagnent, ce sont les morts d'Adalen, mitraillés par la troupe opposée aux grévistes ; c'est Joe Hill, au-delà de son exécution. Ils sont vainqueurs par leur exemple, même s'ils sont dépossédés de leur victoire. Une conclusion peut-être amère, mais Widerberg ne croit pas que le cinéma soit l'espace réservé à la propagande, ni aux mots d'ordre. Il ne croit pas à la démonstration idéologique, mais à l'émotion, à la vérité individuelle. Les adolescents qu'il met en scène, Anders dans le Quartier du corbeau, Kjell dans Adalen 31, ou Roland Jung, le jeune publiciste, et plus tard Joe Hill, l'émigrant, croient en la vie, même s'il leur faut abandonner illusions, pays et famille. Elvira Madigan demeure donc un film à part. Mais ce qui le lie à l'uvre de Widerberg, c'est sa beauté plastique à la limite de l'esthétisme , une attention au cadrage, à la lumière, à cette richesse tactile de l'image qui rapproche Widerberg d'un Mauro Bolognini, dont le Metello, par exemple, ne sera pas sans faire penser à Adalen 31. La consécration internationale, après que Adalen 31 et Joe Hill (tourné aux États-Unis) eurent remporté le prix spécial du jury à Cannes, en 1969 et en 1971, n'a pas sauvé le cinéaste de l'appauvrissement et de la sclérose de la production en Suède. Ses films suivants, des « policiers » quoique d'assez bonne facture, ne lui ont pas gardé son audience, mais en 1987 l'adaptation de l'uvre de Torgny Lindgren le Chemin du serpent, mélodrame social et parabole exacerbée sur l'hystérie du pouvoir, lui a permis de retrouver intact son talent des années 60.
Nom de naissance | Bo Widerberg |
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Naissance |
Malmö, Skåne län, Sweden |
Décès | |
Profession(s) | Réalisateur/Metteur en Scène, Scénariste |
Avis |
Biographie
Filmographie Cinéma
Année | Titre | Métier | Rôle | Avis Spectateurs |
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1995 | La beauté des choses | Réalisateur, Scénariste | - | |
1986 | Le Chemin du serpent | Réalisateur, Scénariste | - | |
1984 | L'Homme de Majorque | Réalisateur, Scénariste | - | |
1976 | Un flic sur le toit | Réalisateur, Scénariste | - | |
1974 | Tom Foot | Réalisateur, Scénariste | - |