Sonic Youth a transcendé bien des frontières. Ils ont repoussés les limites de la saturation, étendus celles du noisy rock, et marqués à jamais... les tympans du public. Contrairement à ce que leur nom laisse supposer, cela fait un moment que le groupe n'est plus très jeune, mais son influence indélébile et sa grande productivité lui réservent une place au chaud dans le circuit. Toujours en évolution, le groupe, qui s'est toujours bagarré pour garder son indépendance, a su muer à chaque décennie. Ayant vogué de la no wave au hard-core, en larguant son ancre du côté du grunge et du post-rock, il a réussi (quoique plus difficilement) à passer le cap du nouveau millénaire, en partie grâce à son glorieux passé. L'histoire de Sonic Youth se confond avec celle de son co-fondateur, Thurston Moore. Né en Floride en 1958 et ayant passé son adolescence dans le Connecticut, il s'embarque pour New York en 1979. Thurston rêve de rencontrer Sid Vicious des Sex Pistols, il croisera plutôt le chemin de Kim Gordon, une sulfureuse diplômée des Beaux-Arts. Thurston Moore rencontre ainsi celle qui fera partie de sa vie sentimentale et de sa carrière. Avec sa nouvelle petite amie, qui deviendra plus tard sa femme et la mère de sa future fille Coco Hayley Gordon Moore, il décide de former un groupe de punk rock. En 1981, la jeune formation enchaîne les concerts, accompagnés par un ami guitariste, Lee Ranaldo. Le trio se baptise Sonic Youth, sous l'impulsion de Thurston Moore qui combine le nom de Fred "Sonic" Smith du groupe MC5 à celui du reggaeman Big Youth. Les guitares de Sonic Youth sont triturées, poussées à bout, stridentes. Ils s'accordent au feeling et leur son est dissonant. New York vibre au No Wave et les musiciens titillent les limites de l'audible. C'est en 1982 que Sonic Youth presse son premier mini-album éponyme. Un an plus tard, paraît leur premier véritable album Confusion is sex. En 85 sort Bad Moon Rising, un deuxième opus noir, marqué par l'assassin Charles Manson, le meurtrier de Sharon Tate (alors enceinte de Roman Polanski), et par la politique étrangère désastreuse de Ronald Reagan. En 1986, Sonic Youth sort Evol, qui inaugure l'arrivée de Steve Shelley à la batterie. Avec cet album, Sonic Youth s'impose comme une figure incontournable du rock underground américain. La chanteuse et bassiste Kim Gordon, avec ses faux airs de David Bowie, est érigée au statut de sex-symbol. L'année d'après, le sex-symbol et sa bande sortent Sister. 1988 marque un autre tournant pour le groupe, porté aux nues avec la sortie de Daydream Nation (le célèbre album à la bougie). L'attention médiatique permet au groupe de signer sur le label Geffen. Goo (1990) et Dirty (1992) achèvent d'enfoncer le clou, et en 1995, pour la sortie de Washing Machine, Sonic Youth joue les têtes d'affiche en festival avec R.E.M. Le groupe continue d'enchaîner les albums, mais de façon plus anecdotique. Au 21e siècle, il continue de nourrir sa discographie avec Murray Street (2002), Sonic Nurse (2004), avant de prendre un énième virage en 2006 avec Rather Ripped, celui d'une pop plus légère, qui ne tente pas de prouver quoi que ce soit et apparaît paradoxalement comme l'un de leurs meilleurs albums depuis la décennie passée. Une sorte de Goo ou de Dirty épuré... et frais. 2009 voit la sortie en juin d'un nouvel album de Sonic Youth, intitulé The Eternal.