Toutes les critiques de Boy A

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gael Golhen

    Superbe adaptation d'un roman noir amer (Jeux d'enfants), Boy A est un film sur la réinsertion et la seconde chance. L'histoire d'un garçon qui essaie de réapprendre à vivre après une (grosse) erreur de jeunesse. La question du pourquoi n'intéresse pas le cinéaste : c'est plutôt le comment qui est au centre du film. Comment on se réhabilite, comment on tente, face à une société qui veut vous écraser, de reprendre une vie normale quand on a expié. Reprenant les meilleures recettes du cinéma social anglais (et l'un de ses meilleurs acteurs, Peter Mullan), Boy A oscile habilement entre réalisme crapoteux et tragédie universelle. Avec en prime la révélation d'un acteur hors du commun : Andrew Garfield. Retenez bien ce nom on devrait en entendre reparler très vite.

Les critiques de la Presse

  1. Le JDD
    par Jean-Luc Bertet

    Un magnifique sujet social et humain qui parle d'insertion, de compassion, mais aussi du trouble qui s'installe à mesure que le passé du jeune homme est révélé au spectateur.

  2. Fluctuat

    Si Boy A avec son sujet difficile n'apporte pas de nouvelles eaux aux moulins du déterminisme à l'anglaise, il se révèle beaucoup plus convaincant dans l'étude sensible de son personnage - dont on n'est pas prêt d'oublier l'acteur, Andrew Garfield.Le pessimisme anglais n'est plus à prouver, il a déjà fait le lit de son réalisme social dont Ken Loach demeure encore la figure incontournable. Et il revient, toujours et encore, par la petite ou la grande porte, difficile de s'en départir. Boy A du méconnu John Crowley, ne déroge pas à ce qui semble une fatalité propre au cinéma britannique : Jack sort de prison, condamné alors qu'il était à peine adolescent pour avoir tué une jeune fille de son âge avec un ami. Avec l'aide de son tuteur (Peter Mullan), il tente de refaire sa vie : nouvelle identité, job, amis, copine et premier amour, ceci dans le secret le plus absolu et pesant, car la société ne lui pardonnera jamais son crime. Difficile de mériter alors sa seconde chance quand le monde vous imagine en incarnation du diable. Un programme que Crowley déplie maladroitement mais non sans quelques fulgurances méritant qu'on s'y arrête. Si le récit, binaire et facile, laisse transparaître ses failles scénaristiques : tout est construit sur le principe du avant/après, causes et conséquences, à renfort de flash back, Crowley dépasse son raisonnement déterministe et fastidieux lorsqu'il épouse avec finesse les mouvements complexes de son personnage. Il y a d'abord une découverte, Andrew Garfield (Jack), qui donne une vérité nourrie d'une belle ambiguïté à ce héros condamné à une solitude ineffable. Crowley en fait une figure frêle et mélancolique, un corps maladroit en exil du chaos, forcé de se réhabituer à vivre, découvrant le monde avec un regard naïf proche de l'enfant. Contrecarrant les faiblesses du scénario, Boy A filme avec une sensibilité à fleur de peau ce personnage aux allures de damné, jouant de resserrements quasi tactiles sur ses gestes ou révélations dans des scènes où l'acteur emporte tout. Une grâce tragique et mêlée se dégage de ces moments où Jack tisse des liens avec ses proches, plus encore lorsqu'il part à la découverte des sentiments et du corps de l'autre. Il y a alors comme un paradoxe entre l'articulation schématique de l'intrigue, et ces instants où la mise en scène, subtile et parfois proche de l'abstraction (ces jeux sur les arrières plans vidés), capte l'infinie tristesse d'un être en (re)construction. Les brefs moments de bonheur, hélas rattrapés par un fatalisme cherchant à faire débat, n'en demeurent pas moins éblouissant par leur pureté gommant un instant les horreurs du passé. Ce qui inversement prouve aussi que malgré son pessimisme, Boy A montre un autre chemin possible.Boy ADe John CrowleyAvec : Andrew Garfield, Peter Mullan, Katie LyonsSortie en salles le 25 février 2009 [mediabox  id_media="86242" align="null" width="500" height="333"][/mediabox]- Exprimez-vous sur le forum cinéma- A lire sur Flu : l'histoire du cinéma anglais

  3. Pariscope
    par Virginie Gaucher

    Boy A est un nouvel exemple de la force du cinéma anglais : un solide background social et une histoire intimiste, qui se mêlent harmonieusement. Commencer une nouvelle vie, devenir un autre, un droit comme l’affirme Terry. Soit, mais rayer le passé ? Et un jour, comment continuer de mentir et de se cacher aux yeux de celle qu’on aime, aux amis qui vous admirent et vous font confiance ? le film montre à la fois les réapprentissages à petits pas d’un homme blessé, sa peur d’être découvert, sa honte d’être contraint à mentir. A la banalité de sa vie nouvelle répond l’écho douloureux et inoubliable du passé, qui ne laisse aucune place au pardon ou à la rédemption. Dans une composition très fine, Andrew Garfield est une révélation.

  4. Le Monde
    par Isabelle Regnier

    Le personnage est inspiré des assassins du petit Jaimie Bulger, sortis de prison sous des identités nouvelles huit ans après leur crime, quand ils avaient 18 ans, et qui vivent depuis sous la menace constante d'être reconnus. La nature précise de l'acte commis par Jack est dévoilée suffisamment tard dans le film pour que le spectateur soit déjà totalement en empathie avec lui. (...) Peu plausible en théorie, l'hypothèse fonctionne tant elle est justement servie par le jeu tout en émotion retenue de ses acteurs.

  5. Télérama
    par Pierre Murat

    On pourra déplorer que le réalisateur ait cru bon de visualiser l'enfance de Jack (ah, les flash-back qui plombent un film, parfois !) et qu'il ait légèrement surdramatisé le dénouement. Ce qu'il réussit, à l'instar d'un Ken Loach, auquel on pense par moments, c'est saisir l'émotion de l'instant : l'incrédulité émerveillée de Jack devant l'espoir possible.