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Scruter les changements des visages et travailler en fiction ce que la disparition d'une comédienne a induit dans la réalité (Hélène Lapiower est morte d'un cancer en 2002), l'expérience est unique. Avançant sur un fil fragile, l'histoire est celle des bilans que chacun est amené à faire dans la vie. Le passage du temps donne le vertige, et la grâce l'emporte.
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- Téléramapar Cécile Mury
Le film d’origine, redécoupé au gré de nombreux flash-back, tend ainsi au présent un miroir mélancolique, d’une profondeur inédite. Le temps tient ici le rôle principal, sur le visage des comédiens (tous sensibles et convaincants) et dans la vie des personnages, autour de Jeanne, émouvant fantôme sur pellicule.
- Fluctuat
Mais où est le recul du temps ? En filmant une histoire en deux tournages, espacés de douze années d'intervalle, Michel Leviant s'offre, dans En souvenir de nous, le luxe de l'inédit sans parvenir à exploiter le potentiel rare qui s'offrait à lui.
- Exprimez-vous sur le forum En Souvenir de nousLe dicton dit que c'est dans les vieilles marmites que l'on fait les meilleures soupes. Cela semble avoir inspiré Michel Leviant, qui livre ici un film tourné en deux temps, à pas moins de douze ans d'intervalle. Premier tournage en 1994. Un producteur cherche un long métrage sur trois filles en vacances : Leviant le réalise en quelques semaines, sans véritable préparation, avec seulement une ébauche de scénario. Le résultat est empreint de liberté, l'histoire simple est dessinée en filigrane par un enchaînement de saynètes, nées en partie d'improvisations des comédiens. Elle raconte tranquillement l'été de Marielle, Colombe et Jeanne, dans la maison de campagne de cette dernière, avec en guest star un peu de testostérone en la personne de Pascal, le veuf garagiste du coin qui élève seul sa petite fille Léo. C'est l'été, la nature est belle et l'équipe prend du bon temps mais le film, baptisé Le mur aux fées, ne sort finalement pas en salles.Second tournage en 2006. Michel Leviant reprend les mêmes et recommence. Même lieu, même casting, continuité de l'histoire. Sauf qu'entre-temps Hélène Lapiower (Jeanne) est morte d'un cancer. Le décès de l'actrice devient le suicide de son personnage et le noeud central entre les deux tournages : douze ans après, Marielle et Colombe reviennent en hiver sur le lieu de leurs vacances, pour assister à l'enterrement de leur amie disparue. Comme un hommage, le second film englobe alors le premier sous forme de flash-back, revient sur les événements, constate et expose leur suite sans véritable analyse. Surgi de l'imbrication des deux moments, le fantôme de Jeanne, omniprésent dans le tournage de 2006, semble rôder déjà dans l'atmosphère de 1994, qui transpire étrangement une mélancolie lourde, quasi prémonitoire Serait-ce là une force du film ? Certains le diront sans doute. L'autre versant consistant à regretter que tout cela s'arrête à quelques impressions, le concept pourtant riche en possibilités tombant malheureusement à plat.BancalFaire un film, le re-découper en rushs, l'insérer par flashs dans une nouvelle bande, puis observer le résultat Voilà ce que fait En souvenir ce nous. En filmant puis mélangeant deux époques, Michel Leviant veut exploiter le contraste réel entre les temps de vie, sans besoin de grimer ses acteurs. Belle idée ! Mais le charme des rires forcés touche rapidement ses limites, dès le premier film, et la fraîcheur de l'improvisation estivale de 1994 ne passe pas la barre du nouveau siècle, plombant au contraire les images de 2006. Quant à la spontanéité artisanale du premier tournage, elle ne suffit plus au second, qui pêche finalement par la facilité. Résultat : l'effet de contraste est inédit mais décidément trop bancal.Logique, à vrai dire, si l'on considère que le réalisateur ne va pas au bout de sa démarche. Au lieu de combler les blancs entre les douze années évoquées, d'apporter le véritable recul du temps, il se contente en effet de jouer les observateurs. Sa seule intervention est maladroite, lorsqu'il choisit de renforcer le grand écart temporel par une opposition grossière et superflue : l'été face à l'hiver, la légèreté des vacances contre la pesanteur de l'enterrement. On aurait voulu plus de subtilité, et plus de finesse dans l'observation. Au lieu de ça, on se retrouve à chercher seul quelques enseignements. La matière était pourtant idéale. Le temps qui passe, la jeunesse qui file, la mort qui survient, la douceur qui s'enfuit, et pourtant la vie Dommage que le film n'ait pas mieux creusé dans ce sens. En souvenir de nous
De Michel Leviant
Avec Hélène Lapiower, Marie Vinoy, Iliana Lolic
Sortie en salles le 22 août 2007
© Colifilms Diffusion
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