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Partant du postulat que vous et moi pouvons travailler demain pour les services secrets (en tant que « source », c’est-à-dire comme anonyme infiltré dans un milieu ou une organisation lambda), Nicolas Saada brosse le portrait d’un jeune homme d’aujourd’hui, un peu glandeur, un brin cynique, un poil aventurier et confronté à des enjeux qui le dépassent. À ce titre, le choix de Guillaume Canet pour l’incarner s’impose comme une évidence : avec son allure d’« adulescent » semi-dépressif, il personnifie au mieux le désenchantement d’une génération. L’identification est automatique. La dichotomie entre cet esprit libre mais manipulable et les impératifs de la tâche (stricte observation des règles, respect de la hiérarchie) imprime au récit un rythme soutenu et une confortable lisibilité. Dès lors que s’immisce « la » femme (Géraldine Pailhas, sensuelle et fragile), tout bascule : on passe du film d’espionnage classique à l’histoire d’amour, contrariée à la fois par l’état marital de la belle et par sa participation forcée à la mission. Même si les pistes narratives se multiplient au passage de façon un peu artificielle et conventionnelle, Espion(s) se révèle une incursion hexagonale intéressante dans le film de genre, entre efficacité narrative à l’américaine et sensibilité européenne. Jusque-là, seul Assayas, avec Demonlover et Boarding Gate, s’y était essayé avec succès.
Toutes les critiques de Espion(s)
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Un premier film remarquable dans lequel on entre comme par effraction par la force des premiers plans et la vitesse avec laquelle s'enchaînent les événements.Une manipulation des genres risquée, filmée avec brio.
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Pour son premier film, Nicolas Saada signe, avec élégance, une histoire de manipulation où sentiments et raison d'Etat ne font pas vraiment bon ménage. Si les scènes d'action ne manquent pas, le réalisateur privilégie le couple Guillaume Canet-Géraldine Pailhas.