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Vingt-deux jours à rebours dans la vie d’un film, où la fiction s’étiole peu à peu pour laisser entrer le réel du tournage. En temps de pandémie de Covid-19 (nous sommes ici à l’été 2020), les questions sanitaires se posent. Ainsi à mi-film, ce sont les masques posés sur le visage des techniciens qui viennent nous rappeler qu’en ces temps troubles, faire du cinéma, c’est aussi ça. Les cinéastes, Miguel Gomes et Maureen Fazendeiro, sont vaguement là, laissant souvent les clefs du film à ses trois interprètes dubitatifs. La structure qui voit les séquences se présenter dans un ordre non chronologique implique une dramaturgie où « il n’y a rien à résoudre, explique Gomes à l’écran. C’est un film assez ouvert...» Tellement ouvert qu’il menace de ne plus l’être. Car un film, même réversible, reste prisonnier de ses extrémités. Il faudra prendre ce Journal, pour ce qu’il est, un document inédit sur une crise sanitaire et artistique.