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De temps à autre, un film débarque de nulle part avec un sens inné du cool, une envie effrontée de ruer dans les
conventions et de mettre le feu au cinématographiquement correct. Ce film, c’est Kick-Ass, grenade postmoderne lancée dans l’univers des vengeurs masqués et dont la déflagration risque de ringardiser une majeure partie de la production
« superhéroïque » hollywoodienne. Pour son troisième long, Matthew Vaughn (dont la bonne filmo, de Layer Cake à Stardust, ne nous avait quand même pas préparés à ça) organise un combat clandestin entre SuperGrave, John Woo et
Spider-Man, où Tarantino compterait les points. Rien que ça. Et tellement plus puisque, derrière les vannes, les clins d’oeil (au beurre noir) et les scènes d’action, Vaughn n’oublie jamais que l’impact du film sera proportionnel à l’empathie
suscitée par ses personnages.
Toutes les critiques de Kick-Ass
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Certes, dans son genre, Kick-Ass n'est pas une réussite du niveau stellaire d'Incassable ou des Indestructibles, mais il tient néanmoins toutes ses promesses. Et en premier lieu celle de provoquer de vrais frissons chez son public de base. Une oeuvre geek vraiment fédératrice ? C'est tellement rare qu'on ne va pas bouder notre plaisir !
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par Yann Lebecque
(...) Kick-Ass s'impose comme un pur chef-d'oeuvre de comics sur grand écran, un très grand moment de cinéma qui parvient à nous faire passer tous les états émotionnels avec la même maestria, coup de poing à la fois très sanglant et très drôle qui ose tout, et le fait à la perfection.
Partant d'une BD Marvel, Vaughn mitonne un film d'action jubilatoire, mélange de noirceur, d'humour décapant, d'hyperviolence et de références bien vues aux films de superhéros.
Matthew Vaughn propose un petit bijou de second degré, entre parodie subversive et hommage railleur aux comics. (...) Assez jouissif, quand on aime le politiquement incorrect et le quinzième degré.
C'est du détournement, de la variation autour d'un genre, mais si assumé que le rire des auteurs est communicatif. Mark Millar, créateur du comic dont est tiré le scénario, était déjà à l'origine du nerveux Wanted, mais là, son inspiration est nourrie par celle du réalisateur Matthew Vaughn qui veille à ce que chaque scène ait sa chute comique ou son shoot d'adrénaline. Le ton est à la détente, condition sine qua non de la réussite d'un pur divertissement.
On ne saurait trop vous conseiller d'aller voir ce film un peu fou, grinçant, et ô combien revitalisant.
L'adaptation d'un comics traitant de l'image et sa perception aurait pu transcender l'original. Elle n'en est qu'une adaptation fidèle mais banale.
Si le ton du film hésite parfois sur le public à cibler, l'enthousiasme du duo Nicolas Cage / Chloe Moretz emporte le morceau.
Il y donc un côté Watchmen dans Kick-Ass - l'union fait la force et les personnages imparfaits s'associent entre eux - mais piraté par le vigilante movie des 1970's (Nicolas Cage en émouvant Dirty Harry masqué comme le Phantom of the Paradise) et les nerds, où les super-héros se font un buzz grâce à Youtube, entretiennent leur célébrité avec leur myspace et tchatent par fanpages interposées. S'il l'esquisse dans une belle scène de baston filmée par les portables des badauds, Vaughn aurait sans doute pu pousser plus loin cette réflexion sur le voyeurisme à l'aune d'Internet et du Happy slapping, en ce qu'elle peut engendrer comme violence ou fabriquer de nouvelles stars jetables. Le film semble parfois hésiter entre ironie et pure action, démystification et glorification du super-héros, peinant à trouver son rythme et son ton. Néanmoins, la vision du super-héroïsme 2.0 déployée dans Kick-Ass ne manque pas de charme.
On est loin du sérieux d’un Spider-man et surtout d’un Batman façon reboot. L’esprit parodique est franc et direct ; il déboulonne tous les canons des comics sans pour autant les dénigrer. Il s’agit de désamorcer certaines règles fantastiques, dont la première, la plus importante, étant l’origine même du super-héros. Alors si quelques menus défauts apparaissent ici et là (trop de tics geek tuent le geek movie ?) et surtout si on peut trouver peu judicieux le casting de Nicolas Cage, dans le rôle du justicier Damon Macready (le comédien étant toujours aussi fade, voire ridicule dans ses poses), on ressort emballé par toutes les réjouissances de ce programme fun et désinhibé qui vient apporter un regard frais et explosif à un genre qui devenait, depuis quelques années, d’une maturité adulte un peu trop systématique.
Kick-Ass n'est pas l'innocent film de superhéros familial vendu par l'affiche. Gentils et méchants s'y font allégrement cogner, et avec une rare violence. Sans parler des insultes proférées par une gamine de 12 ans (la survoltée Chloe Moretz, future grande), qui forme avec son père (Nicolas Cage, son meilleur rôle comique depuis longtemps) un couple de joyeux paramilitaires, obsédés par les armes et politiquement très incorrects. Ensemble, ils volent la vedette au petit héros de cette parodie survitaminée.
Dans la "grande" tradition des films pour ados acnéiques, quelque part entre Supergrave et les Beaux gosses, on ricane ici plus qu'on ne rit...
Un concentré de pop-culture qui, avec ses gamins dysfonctionnels et surarmés décimant des hordes de malfrats au son de l’hymne américain chanté par Elvis, s’amuse avec insolence de tout ce qui anime la psyché ricaine.
Adapté d'une BD de Mark Millar et John Romita Jr (éditions Panini Comics), «Kick Ass» se situe à la croisée de deux genres compatibles : la comédie ado façon «Supergrave» et le film de super-héros. Souvent hilarant, le long métrage se révèle aussi ultra-violent et polémique. La vision de cette enfant - jouée par l'épatante Chloe Moretz, 11 ans - massacrant les adultes à tour de bras ne manquera pas de choquer. En tout cas, on l'espère.
Matthew Vaughn exploite à merveille le potentiel comique de la situation, mais ne renonce pas à mettre en scène un film d'action sanguinolent, qui doit beaucoup à Quentin Tarantino : rien ne vaut un tueur qui n'a pas la tête de l'emploi. Et il faut bien admettre que Chloe Moretz a encore moins la tête d'une tueuse que Uma Thurman. Pourtant, en deux heures de Kick-Ass, elle fait presque autant de victimes que la mariée de Kill Bill en deux fois plus de temps.
Il arrive que la combinaison des deux registres produise une atmosphère délicieusement absurde et vaguement inquiétante, comme pendant les duos entre Nicolas Cage et Chloe Moretz, ou lors des interventions de Christopher Mintz-Plasse, acteur au physique inoubliable, qui incarne le fils d'un génie du mal.
Mais on peut aussi s'agacer des libertés que le scénario prend avec le postulat de départ (Hit Girl est censée n'être qu'une petite fille particulièrement douée pour les arts martiaux, mais elle est ici dotée de super-pouvoirs) et surtout de la complaisance hypocrite envers la violence présentée comme un mal redoutable (lorsque Kick-Ass se fait martyriser), une matière à gags irrésistibles (lorsqu'un truand en fait cuire un autre dans un four à micro-ondes) et enfin comme le seul moyen de terminer un film.
On comprend l’intention du réalisateur britannique Matthew Vaughn: torpiller les lieux communs du film de superhéros, genre ultraprisé à Hollywood. Le début est d’ailleurs assez réussi, imposant un acteur prometteur, Aaron Johnson, aux faux airs de Tobey Maguire (Spider-Man): références à la pelle, musique en décalage à la manière de Tarantino et ton délicieusement irrévérencieux. Mais, entre deux séquences d’action au montage un peu trop saccadé, le rythme mollit. Et on se demande à quel public s’adresse Kick-Ass car, noyées dans la parodie, quelques scènes de violence au premier degré provoquent le malaise.
Enième évocation parodique d'un univers de super-héros, ici dans la version "héros sans pouvoirs et d'autant plus héroïques", le film semble faire le pari de naviguer entre second degré référentiel et premier degré révérencieux (...) Pari qu'il se révèle très largement incapable de tenir, se cantonnant à un genre d'hommage un peu niais.
Le problème de Kick-Ass est moins sa violence, à laquelle on est depuis longtemps habitué, que le coulis cool qui la recouvre. Pour ne citer qu’un exemple, une séance de torture retransmise à la télé et sur internet devient ici un banal film d’horreur, occasion comme une autre de choper sa voisine pour les ados boutonneux qui la regardent sur leur ordinateur.
Il y avait là passionnante matière à réflexion, mais Matthew Vaughn, qui se vante d’avoir choqué les grands studios avec son script vérolé, n’en a cure.
Croyant sans doute s’inspirer du grand Tarantino, il n’en retient manifestement pas la principale leçon : la violence est certes jouissive mais toujours vaine et, surtout, jamais heureuse.
Vaughn s'est inspiré d'un comics de John Romita Jr. et Mark Millar, – ce dernier étant producteur exécutif du film – pour multiplier combats réglés et gags de potaches sur lesquels on n'a pas envie de cracher. La fidélité à la BD est d'ailleurs sidérante (lire encadré). La première moitié du film où le trio entame une lutte musclée contre un parrain vraiment très méchant est aussi originale que réussie. Mais le comique de répétition fatigue et on finit par se lasser de voir une môme, même délurée, jouer les mariées à la manière d'une Kill Bill miniature.
La performance grimaçante de Nicolas Cage, père qui comble sa progéniture de cadeaux tranchants et explosifs et la bande-son tonitruante, achèvent d'assommer le public. Malgré son titre prometteur Kick-Ass n'est pas assez rentre-dedans pour tenir sur la durée d'un long métrage.