-
On le voit, La Dame de trèfle n’est pas un polar au sens strict : en dépit du thème omniprésent de la mort, le cheminement intime des protagonistes importe plus ici que les menaces de chantage proférées par un complice d’Aurélien. Avec son art consommé de la litote, Bonnell privilégie les visages et les silences aux grands discours. En résultent une immédiateté et une familiarité qui relèvent autant de l’impressionnisme que du réalisme le plus cru. On savait que Florence Loiret Caille, petit animal électrique et imprévisible, excellait dans l’exercice de la mise à nu décomplexée. On découvre à cette occasion que Malik Zidi possède
intériorité et une densité rarement aussi bien exploitées jusqu’ici. Peintre des sentiments les plus complexes, Jérôme
Bonnell construit une oeuvre vivante, imperméable aux modes. Classique, en somme. Compliments. -
Derrière la prévisibilité des rebondissements narratifs, le cinéaste décide d'offrir une vraie conclusion aux parcours d'Arnaud et Argine. Loin d'être inintéressante, la démarche laisse un goût d'inachevé. La réponse à la question initiale (« comment passer de la douce fantaisie au film noir ? ») trouve en tout cas une réponse nette ; en brisant la bulle des deux personnages, la tragédie les pousse à affronter définitivement la solitude et à vaincre leurs peurs originelles...
Toutes les critiques de La Dame De Trefle
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
La franche réussite du film est de parvenir à superposer le film noir au drame familial, le polar à la chronique amoureuse pathogène.
-
Habile, haletant, La dame de trèfle est un film qui pique notre coeur.
-
Si la mise en scène est sans effet apparent, elle prend le temps de regarder avec précision ses personnages. Ce qui, à une époque où le montage haché avec hurlement à chaque séquence est une obligation, est très appréciable.
-
Avec cette Dame de trèfle,il change légèrement de cap pour investir le film noir - un frère et une soeur inséparables pris dans un engrenage meurtrier. D'où l'importance, ici, de la péripétie et du récit tenu ; choses que Bonnell maîtrise encore mal. Heureusement pour lui, les acteurs sont une nouvelle fois au rendez-vous (les excellents Malik Zidi, Jean-Pierre Darroussin, Nathalie Boutefeu, Florence Loiret-Caille...) et réussissent à sortir le film des ornières dans lesquelles il s'apprêtait à tomber.
-
Délaissant le film choral où destins, personnalités et relations s'enchevêtrent habilement, Jérôme Bonnell réussit un polar dont l'intérêt réside moins dans l'intrigue que dans l'ambiance, toute de vide et de tension. Pour donner force et intensité au duo organique et incestueux entre Argine et Aurélien, Florence Loiret-Caille oscille sans cesse entre hystérie sensuelle et douceur presque enfantine. Face à elle, Malik Zidi dégage un magnétisme inattendu : de son visage lisse émane une âpreté, une violence, qui semble surprendre son personnage autant que le spectateur. Marc Barbé et Nathalie Boutefeu complètent la distribution, lui en petit ami borderline d'Argine, elle en promesse de douceur pour Aurélien...
-
Sans doute lassé d'entendre parler du charme indéfinissable qui émanait de ces précédents films, il revient avec une fiction nocturne qui croise la hantise de la culpabilité et la réalisation d'un destin catastrophique dans l'espace ingrat d'une ville de province en hiver.
-
Malik Zidi, époustouflant, porte ce drame intimiste (...) Une mise en scène efficace et discrète (...)
-
Intrigue criminelle et enfermement psychologique : voici le menu proposé par Jérôme Bonnell dans cette Dame de Trèfle qui malgré quelques moments intéressants en réussit pas à faire décoller son sujet.
-
La Dame de trèfle est donc un film noir, avec son lot d’événements fatals et de péripéties forcément tragiques qui conduisent là où le destin a décidé de les mener : la chute. Et l’on est déçu, très vite, car le talent de Bonnell ne s’adapte absolument pas à un genre qui nécessite un esprit d’architecte ou d’horloger qu’il ne possède pas. Sans doute un peu perdu, Bonnell ajoute à son récit une petite facétie de mode qui ne convainc pas (il semble lui-même ne pas y croire) : l’inceste latent entre le frère et la sœur. Quant aux acteurs, ils sont comme toujours chez Bonnell excellents, mais ils n’arrivent pas à dégager le film de la gangue de scénario dans laquelle ils s’empêtrent avec leur réalisateur.
-
C'est une histoire de frénésie (rock au bistrot), de corps entravés (teint pâle d'Aurélien, bras cassé de Mme Novitch, crâne fracassé de Simon, fœtus, mains qui tremblent...), de désirs refoulés. Le talent de Jérôme Bonnell est avéré. Mais en dépit de la forte présence de ses comédiens, son film elliptique peine à nous empoigner.
La Dame de trèfle reste un conte immoral (une relecture d'Hansel et Gretel où Loïc figure l'ogre), un rien désincarné.
-
Grâce à l’interprétation magistrale de Florence Loiret-Caille et de Malik Zidi, tous deux irréprochables, Jérôme Bonnell arrive à nous attacher au destin de ces deux êtres perdus confrontés à la violence du monde extérieur. Malheureusement, le réalisateur échoue à nous faire ressentir l’enfermement mental des deux frangins et s’attarde parfois un peu trop sur les ficelles de son intrigue. Le changement de point de vue durant les cinq dernières minutes du film n’est pas forcément bienvenu, d’autant qu’il implique une fin ouverte peu convaincante. Au final, La dame de trèfle est un polar noir à l’ambiance intrigante qui aurait toutefois mérité un net approfondissement au niveau de la psychologie des personnages et une plus grande fluidité dans sa réalisation. L’ensemble reste tout de même à découvrir en salle, ne serait-ce que pour la glaçante composition de Jean-Pierre Darroussin dans un contre-emploi total.