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C’est un conte romantique et naïf que signe Philippe Garrel pour son vingt-huitième film. Une histoire en noir et blanc d’amour après la mort, de larmes, de jalousie, de désespoir, de miroirs, de corps séparés et qui s’appellent. Ces corps, ce sont ceux d’une actrice dépressive (Laura Smet) et d’un photographe, devenu son éphémère amant (Louis Garrel). Ce sont eux qu’il faut regarder dans leur harmonie et leurs déchirements plutôt que d’écouter les sentences maladroites et pompeuses que le scénario leur fait prononcer. Car oui, le film, hué à Cannes par une partie de la salle, est toujours à la frontière entre le sublime (la photo magnifique, la poésie fantastique, la belle tension entre les deux acteurs) et le ridicule (les dialogues, certaines situations extrêmes, les dernières séquences). Et s’il tombe finalement du mauvais côté, rien n’effacera pourtant les fulgurances et la passion cinéphile qui convoque les fantômes de Murnau, de Cocteau et de quelques autres du même acabit.
Toutes les critiques de La Frontière de l'aube
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Inutile d'être fan de Philippe Garrel pour être pris par le charme de La frontière de l'aube, film incandescent qui brûle au coeur de son sujet: comment les amours défuntes viennent hanter le présent. Philippe Garrel ne film que ce qu'il connaît: acteurs et histoires. Le noir et blanc de Willy Lubtchansky est somptueux.
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Ce film qui trouvera mieux sa place en cet automne parisien que sur la croisette en mai dernier, parle de la souffrance, du mal-être d’une jeune femme, Carole, superbement interprétée par Laura Smet. Un miroir et des apparitions qui évoquent les trucages de Jean Cocteau, un jeune homme tourmenté par le fantôme de son amour d’hier, voilà le spectateur plongé au beau milieu d’un cinéma qui filme la mort au travail. Jean-Claude Vannier a composé pour cette histoire une musique sombre et belle interprétée par Didier Lockwood et son violon, qui dialogue avec le noir et blanc de William Lubtchansky, le montage de Yann Dedet, et la magnifique prise de son (on croit parfois deviner sur certains plans le battement d’un cœur) de René Levert; trois complices du cinéaste de « L’enfant sauvage ». Une frontière qui ne demande qu’une chose, à être franchie.