La Légende d'Ochi

Quiconque a vu le clip multi- primé de Wanderlust qu’a réalisé Isaiah Saxon pour Björk ne sera pas surpris du terrain de jeu qu’il a choisi d’arpenter pour son premier long. Celui du film d’aventures hybride qui, d’emblée, nous ramène en arrière. Dans la décennie 80, celle des Gremlins et de Dark Crystal peuplé de créatures qui ont fait rêver ou trembler toute une génération de gamins. Une filiation qu’il assume pleinement pour ce projet qui détonne dans le line up de son très chic producteur A 24, peu coutumier des films familiaux. L’histoire nous propulse dans un village isolé des Carpates dans les pas d’une petite fille élevée dans la crainte des mystérieuses créatures de la forêt aux alentours, les Ochi. Jusqu’au jour où elle va découvrir un bébé Ochi et décider de braver tous les interdits pour le ramener auprès des siens. Rien de révolutionnaire dans ce scénario, récit initiatique d’une jeune fille s’émancipant d’un monde dominé de génération en génération par des hommes. Mais le charme opère par le côté suranné de la réalisation, cette volonté d’épouser tous ces classiques des 80’s y compris dans son rendu imparfait où, à la différence du travail remarquable sur les créatures (mêlant marionnettes animatroniques, peintures sur cache et un soupçon de CGI), celui sur les matières même de la nature (forêt, eau…) dans lequel tout ce petit monde évolue pique parfois les yeux. Mais comme ce côté too much épouse la prestation en roue libre tout en cabotinage de Willem Dafoe dans le rôle du méchant, on finir par y trouver une cohérence espiègle.