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Il n’y a sur le papier que des coups à prendre dans l’idée de faire d’un faux témoignage sur des VSS un rebondissement scénaristique. Sauf que Leclerc n’est ni un kamikaze, ni un provocateur. Et qu’il ne fait ici que prolonger ce que constitue le cœur de son cinéma depuis Le Nom des gens. Cette manière de parler d’engagement par le prisme d’une espièglerie qui dédramatise les choses sans les nier. Car ce que raconte ce scénario co- signé comme toujours avec Baya Kasmi et finement ciselé, c’est l’impact de Metoo chez les femmes comme chez les hommes. Les certitudes qu’il a renforcées ou balayées. Les réactions épidermiques comme à fragmentation lente qu’il a suscitées. On y voit ainsi Simone adhérer peu à peu aux idées qui lui paraissaient radicales. Et Paul, le comédien raté qu’elle a accusé à tort, le plus inoffensif des hommes, jeté à la vindicte publique, se poser des questions sur l’attitude qu’il a pu avoir par le passé avec ses conquêtes.
Mais dans cette manière de faire évoluer ces deux personnages campés brillamment par Léa Drucker et Benjamin Lavernhe comme la bande de féministes, il n’y a chez Leclerc aucune posture morale. L’humour constitue sa seule boussole. Celle qui permet de moquer de certains travers sans jamais abimer l’affection pour ses personnages Un exercice de haute voltige où la présence de Judith Chemla constitue un symbole fort au vu de ce qu’elle a traversé dans sa propre vie. La manière dont se prête au jeu exprime au fond tout ce qu’est Le Mélange des genres. Un film inconfortable mais jamais dérangeant. Une manière de ne pas réduire une question essentielle à des cris d’orfraie entre progressistes et réacs. Un film qui fait un bien fou.